Seulement 26% des enfants âgés entre 36 et 59 mois ont été inscrits dans une classe préparatoire ou un jardin d'enfants dans les régions de Sidi Bouzid, de Kairouan et de Kasserine, selon une enquête de l'Unicef Conduite en 2011 par le ministère du Développement et de la Coopération internationale et l'Institut national de la statistique (INS) avec le soutien financier du Fond des Nations unies pour l'enfance (Unicef), l'enquête par grappes à indicateurs multiples (MICS 4) fournit une myriade de données sur la situation des femmes et de l'enfance en Tunisie et leur accès à des domaines essentiels tels que l'éducation et la santé. Il s'agit de la troisième enquête menée avec l'appui de l'Unicef en Tunisie. Les deux précédentes avaient été réalisées en 2000 et 2006 afin de collecter des informations permettant de savoir si la politique de la Tunisie en matière de protection des droits de la femme et des enfants s'aligne sur les Objectifs du millénaire. Pour cette dernière enquête nationale, près de 9.000 ménages vivant en milieu rural et urbain ont été approchés et questionnés. Afin qu'elle soit représentative et aussi exhaustive que possible, le choix des ménages, répartis sur tout le territoire, s'est établi sur la base de plusieurs critères précis: appartenance régionale, niveau socioéconomique, niveau d'instruction, âge... L'enquête a été menée dans les régions du district de Tunis, du Nord-Est, du Nord-Ouest, du Centre-Est, du Sud-Est et du Sud-Ouest et dans les trois gouvernorats du Centre-Ouest, à savoir Kasserine, Kairouan et Sidi Bouzid. « Tous les cinq ans, une enquête est réalisée afin de collecter des données sur la situation des enfants en Tunisie ainsi que sur les progrès réalisés par la Tunisie dans les domaines de l'éducation, de la santé, de l'emploi..., a souligné Maria Calivis, la directrice régionale de l'Unicef pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, lors d'une conférence de presse tenue, hier, dans un hôtel de la capitale. Il s'agit d'une enquête multiple destinée à identifier les types de privations que subissent les enfants dans de nombreux pays. Les informations collectées nous permettent d'identifier des objectifs, de définir des programmes permettant de soutenir et d'accompagner la Tunisie dans les grandes réformes relatives à l'éducation, la santé...». 32% des enfants âgés entre deux et quinze ans ont subi des châtiments corporels sévères Dans la partie consacrée à la santé, il ressort de l'enquête que beaucoup de progrès ont été réalisés en matière de santé infantile: plus de 90% des enfants ont reçu les vaccins obligatoires contre la rougeole, la polio, les hépatites... «Par contre, dans d'autres domaines, beaucoup reste à faire. En effet, l'enquête a montré que si l'accès à l'éducation et au préscolaire s'est généralisé dans l'ensemble du pays, de grandes disparités existent entre les régions», note la directrice régionale de l'Unicef. La différence entre le milieu urbain et le milieu rural est considérable. Alors que plus de 50% des enfants âgés entre 36 et 59 mois ont été inscrits dans une classe préparatoire ou une institution de primo enfance, ce taux reste très faible dans les régions de Sidi Bouzid, de Kairouan et de Kasserine où il ne dépasse pas les 26%. Cette différence d'accès au préscolaire a engendré une injustice qui se reflète à travers l'indice de développement chez le jeune enfant (Idje) plus faible chez les enfants vivant dans les ménages pauvres que chez les enfants issus de ménages fortunés. « Le enfants riches ont davantage accès au préscolaire que les enfants issus de ménages pauvres », observe Maria Luisa Fornara, représentante de l'Unicef pour l'enfance en Tunisie. L'enquête s'est intéressée également au travail des enfants. C'est la région du Sud-Est et le gouvernorat de Kasserine qui enregistrent les taux les plus élevés d'enfants âgés entre cinq et quatorze ans ayant abandonné précocement leurs études pour travailler. « 3% des enfants qui ont moins de seize ans travaillent, souligne-t-elle. L'Unicef contribuera à la mise en place d'un plan d'action de lutte contre le travail des mineurs ». L'enquête révèle un autre chiffre surprenant: 93% des enfants âgés entre deux et quinze ans a été au moins une fois soumis à une punition psychologique ou corporelle. 32% on subi des châtiments corporels sévères. Or selon des études scientifiques récentes, a relevé la directrice régionale de l'Unicef pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, soumettre fréquemment l'enfant à des punitions physiques ou psychologiques freinerait son développement intellectuel et cognitif. « Il reste qu'en Tunisie, beaucoup de progrès ont été réalisés, estime la représentante de l'Unicef. Au sein de l'Instance pour les droits de l'Homme, qui prévoit la Constitution tunisienne, il existe un département spécifique pour les droits de l'enfant. Il s'agit d'un acquis considérable. Maintenant, il faudrait mettre en place un observatoire qui veillerait au contrôle et à l'application des lois destinées à protéger les droits des enfants ».