Le coach Dridi rectifie le tir. Le ST ne joue pas le titre, son objectif consistant à préparer une équipe pour l'avenir Le début de saison canon et la première place au classement ont inévitablement déclenché un vent d'enthousiasme et une euphorie que l'on n'a plus revus au complexe du Bardo depuis un bail. On s'est remis à penser titres et gloire. Sans transition aucune, quelques mois après avoir échappé au purgatoire, le sport préféré consiste à tirer des plans sur la comète et à soupeser les chances de remporter le titre. Et puis, patatras! Tel un tourbillon sinistre, la lourde défaite (0-3) essuyée à Monastir a installé un désenchantement. Beaucoup de fans «rouge et vert» sont tombés des nues car ils s'attendaient à tout sauf à une chute aussi brutale face à un ensemble qui, pourtant, ne tournait pas rond et dont l'entraîneur se trouvait sur la sellette. «Déçu par un tel résultat? Non, pas vraiment au regard du volume de jeu et des occasions créées, à l'instar du penalty raté par l'arrière central, Hachem Abbès», avouait hier le coach Lassad Dridi. Lequel, le recul de 48 heures aidant, en arrive à promener un regard plus lucide sur la partie de samedi à Monastir, et plus important encore sur les objectifs de la saison. «Après notre bonne première période malheureusement mal récompensée, nous avons par la suite péché par excès de confiance. Un joueur comme Emir Dridi était sous le coup de la déception de sa non-convocation pour le stage de l'équipe nationale réservé aux joueurs locaux. Nous avons encaissé trois buts suite à trois balles arrêtées (deux corners et un coup franc). Notre point fort, l'axe défensif, a été fébrile. Moyennant des séances de visionnage, nous devons revoir nos erreurs et rectifier le tir». «Nous ne jouons pas pour le titre» Le penalty raté à la dernière minute de la première période par Hachem Abbès et sauvé par l'excellent jeune keeper usémiste Bédiri a constitué indéniablement le tournant de la rencontre. «Pourtant, la veille, nous avons consacré une bonne partie de la séance d'entraînement aux tirs au but et Abbès a été le meilleur tireur, raconte Dridi. Cela arrive: même Ronaldo peut se planter dans cet exercice. Mais plus généralement, la gifle du stade Ben-Jannet arrive au bon moment. Comme une piqûre de rappel, elle professe que cela ne peut pas continuer ainsi. Il faut voir la réalité en face : nous ne jouons pas pour le titre. Je suis en train de mettre un projet en place et ce ne sont pas trois victoires en tout début de saison qui vont nous faire changer d'objectif. Celui-ci consiste à lancer dans le grand bain les enfants du club, les Jelassi, Boudhiafi, Jaffala, Mahouachi, Baghdadi qui a vraiment un bel avenir... En sorte de former un ensemble capable de rivaliser dans les prochaines saisons pour une place sur le podium. Les joueurs du cru stadiste jouent régulièrement, et cela est très important. Ils sont encadrés par des recrues ciblées. Il y a donc ce message que je voudrais transmettre. Cela devait se faire au cours d'une conférence de presse fixée pour la première moitié du mois en cours mais qui a été annulée. Je voudrais communiquer aux gens le fond de ma pensée, mon projet sportif qui vise la durée, alors que les gens étaient allés vite en besogne en songeant aux titres. Les spécialistes, pourtant, sont unanimes à dire que le ST pratique actuellement le meilleur football de Ligue 1. Mais les gens doivent connaître quels genres de difficultés rencontre le club. Tout en récoltant le maximum de points, nous visons cette année le milieu de tableau et une fin de parcours tranquille loin des frayeurs de la fin de l'exercice précédent. Bref, il ne faut pas mettre beaucoup trop de pression sur les joueurs. A fortiori dans le contexte financier actuel très dur que traverse le club. Quand vous comparez notre budget avec celui du CA et de l'EST, eh bien, vous mesurez que nous ne sommes pas sur une même planète», analyse-t-il. «Une chance pour Kaïs Amdouni» Lassaâd Dridi, fidèle à sa ligne de conduite, fait jouer la concurrence à fond. Notamment dans les bois où les bévues de Seïfeddine Mahouachi à Monastir lui coûtent cher. «Maintenant, je vais aligner Kaïs Amdouni, sinon pourquoi l'aurions-nous recruté?, se demande de boss stadiste. Le défaut de Mahouachi, c'est qu'il ne sort pas sur les balles aériennes. Or, à Monastir, il y en eut trois, il aurait pu sortir pour boxer le ballon. Notre gardien a eu largement sa chance, mais je crois que les trois buts encaissés à Monastir l'ont quelque part touché psychologiquement. Il ne suffit pas d'être fort sur sa ligne de but. Si Mahouachi pallie ce défaut, il sera l'un des tout meilleurs gardiens du pays», annonce-t-il. «Awadhi, au-dessus du lot» Le coach du club du Bardo trouve enfin que sur un plan personnel, le demi défensif Karim Awadhi a été depuis le début de saison au-dessus du lot. «Il y eut également Alaâ Marzouki et son sens du but, Baghdadi qui promet énormément... Avec un peu de patience, nous pouvons aller très loin», conclut-il.