Les associations d'observation du processus électoral appellent l'Isie à appliquer la loi avec vigueur face à tous les dépassements A quatre jours du second tour de la présidentielle, attendu ce dimanche, la société civile est revenue, encore une fois, sur les règles du jeu qu'on croyait être apprises par cœur dès le premier exercice électoral. Ce qui n'est pas évident, au regard de tous les abus et infractions qui ont été commis, sous les yeux de quelque 15 mille observateurs répartis sur toutes les circonscriptions du pays. Hier, à Tunis, cinq associations, réunies dans une conférence de presse, organisée conjointement, ont voulu interpeller l'Isie et toutes les parties prenantes dans l'opération électorale. Cinq recommandations ont été, en fait, avancées pour réussir le dernier quart d'heure de la course au palais de Carthage. Ainsi, Chahed, Ofiya, Mourakiboun, Jeunesses sans frontières et le Centre d'étude de l'islam et de la démocratie (Csid), ont-ils parlé à cœur ouvert. Bien qu'il ait été convié à donner son avis, M. Chafik Sarsar, président de l'Isie, a manqué au rendez-vous. Sa présence était d'autant plus significative qu'elle pouvait éclairer les lanternes sur les derniers préparatifs engagés pour assurer le bon déroulement du scrutin présidentiel. Surtout que la première recommandation a été adressée tout droit à la direction électorale, représentée en la personne de M. Sarsar. Assurant la coordination des intervenants, le chef de file de la Coalition pour l'observation des élections (Ofiya), M. Mohamed Kamel Gharbi, a insisté sur le fait que le scrutin de dimanche prochain devrait avoir lieu dans le calme et la sérénité, loin des discours de la haine et de la violence qui ne font que diviser les Tunisiens, sans rien rapporter de plus aux deux candidats en lice, MM. Béji Caïd Essebsi et Moncef Marzouki. Cela étant, leurs campagnes déjà en cours, sur fond de coups de semonce de part et d'autre, ne sont pas dans les règles de l'art. Loin s'en faut. Et pour cause, M. Gharbi a appelé au respect mutuel, en étant au-dessus de tout soupçon, l'ultime but est de voir ce qui reste de l'enjeu électoral se dérouler dans les normes de la liberté, de la démocratie, de l'intégrité et de la transparence. Sur quoi ont porté les recommandations qui ont fait l'objet de la conférence ? A vrai dire, rien de nouveau sur ce plan. Mais, l'essentiel consiste à rafraîchir les mémoires et attirer l'attention sur les erreurs du passé, celles du premier tour. Il y a cinq recommandations adressées à tout le monde. Tout d'abord à l'administration électorale, c'est-à-dire à l'Isie. Mondher Hamdi, de Jeunesse sans frontières, s'y est longuement attardé. Il a préconisé de porter plus d'intérêt au recyclage des membres des bureaux de vote, de mieux réajuster les cases réservées aux signatures sur les registres électoraux et de faire en sorte que les bureaux concernés soient beaucoup plus accessibles aux personnes à besoins spécifiques, tout en leur facilitant les procédures de vote. Il est aussi question de procéder, sans retard, à l'opération de dépouillement juste après le parachèvement du scrutin. L'Isie est appelée également à savoir imposer le respect du silence électoral qui correspond à la veille du scrutin (samedi 20 décembre) jusqu'à la fermeture du dernier bureau de vote. Elle doit, également, coordonner, comme il se doit, avec la Haica, afin de mettre un terme aux dérives de certains médias, notamment audiovisuels. Tout cela ne saurait s'organiser sans appliquer à la lettre les dispositions de la loi électorale, ajoute M. Gharbi. Qu'en est-il des deux candidats et leurs partisans ? M. Rafik Halouani, président de Mourakiboun, leur a recommandé d'éviter l'ambiance de nuisance, les tensions et les discours violents et haineux. Ce qui importe le plus, c'est de reconquérir la confiance des électeurs dont la population jeune qui est déçue de la vie politique. Dans ce sens, Mme Leila Bahria, de l'Observatoire Chahed, a focalisé son intervention sur l'importance de faire participer massivement les jeunes au choix du futur président. Ceux-ci, a-t-elle fait encore valoir, ne doivent pas rester passifs. Il est de leur devoir de se rendre en grand nombre aux urnes, le jour du scrutin, espère-t-elle. De leur côté, les candidats devraient, ainsi, cesser de procéder à leur manipulation, que ce soit par l'influence ou par l'achat des voix. La dernière recommandation a été réservée aux médias, mais aussi à la présidence du gouvernement et au ministère de l'Intérieur. L'appel au respect du principe de l'impartialité et de la déontologie professionnelle a été lancé par Mme Emna Naifar, représentante du Centre d'études de l'Islam et de la démocratie (Csid). Le discours médiatique était, du moins au premier tour, contre-productif, aux antipodes mêmes des rudiments du silence électoral. Pour toutes ces raisons, a-t-elle conclu, le gouvernement et, plus particulièrement, le ministère de l'Intérieur sont appelés à intervenir là où il faut, pour sanctionner les délits électoraux, quels qu'en soient les auteurs.