RAMALLAH, Cisjordanie (Reuters) — Le Président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a formulé hier deux conditions précises pour reprendre des pourparlers de paix directs avec Israël. Pour le moment, Abbas n'est engagé que dans des négociations indirectes avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par le truchement de l'émissaire américain George Mitchell, qui dit avoir eu un entretien «franc et productif» dans la journée à Ramallah avec le président palestinien. D'une part, Abbas demande à Israël d'accepter le principe de la présence d'une tierce partie, qui pourrait être l'Otan, qui soit chargée de veiller à la sécurité du futur Etat palestinien, qu'Israël souhaite démilitarisé. De l'autre, le président palestinien réclame d'Israël la reconnaissance des frontières d'avant la guerre de 1967 comme base des discussions sur les contours du futur Etat indépendant palestinien, quitte à procéder à des échanges territoriaux à la fois «équitables» et limités. «Maintenant, ce qui est requis d'Israël, c'est de dire que ces idées sont, dans leur principe, acceptables», a confié Abbas dans une interview publiée samedi par le quotidien jordanien Al Ghad, précisant qu'il accepterait, dans ce cas, de reprendre langue directement avec Netanyahu. Les pourparlers indirects entre le président palestinien et le Premier ministre israélien via l'émissaire du Président américain Barack Obama durent depuis deux mois, sans signe tangible de progrès, et leur échéance a été fixée à septembre prochain. Netanyahu, qui les considère comme une perte de temps, se dit prêt à passer immédiatement à un dialogue direct mais Abbas craint de s'enliser dans une discussion avec un interlocuteur qu'il ne juge pas prêt à formuler une offre acceptable. «Acceptent-ils que le territoire ce sont les frontières de 1967 et qu'il y ait, sur le territoire palestinien, une tierce partie?», s'interroge Abbas dans son interview. «S'ils l'acceptent, nous considérerons cela comme le progrès que nous attendons pour reprendre les négociations directes». Les Palestiniens veulent établir leur Etat sur la bande de Gaza, actuellement aux mains du Hamas, et en Cisjordanie occupée avec Al-Qods-Est comme capitale. Mais Israël exclut de rendre la partie orientale de la ville et ses nouveaux quartiers juifs ainsi que quelques grandes colonies de Cisjordanie. Abbas n'exclut pas que certaines de ces dernières soient annexées à l'Etat d'Israël dans le cadre d'un accord de paix en échange d'une partie équivalente de territoire israélien bordant la Cisjordanie, un compromis ne devant pas dépasser 2,0% de la surface totale du territoire palestinien. «Nous disons que les frontières doivent être fixées sur la base de celles de 1967, avec un accord pour un échange équitable», résume le président palestinien. Netanyahu, qui a été reçu la semaine dernière par Obama à Washington et a rencontré vendredi Mitchell à Al-Qods, leur a promis de prendre des «mesures concrètes» pour encourager Abbas à s'engager dans des négociations directes, où il a accepté de mettre sur la table la question des colonies. Le département d'Etat a exprimé récemment «sa conviction forte» que les négociations directes allaient reprendre «à un moment donné», tout en ajoutant ne pas être en mesure de dire s'il s'agissait d'une question «de jours ou de semaines». Avant de continuer sa tournée dans d'autres pays de la région, Mitchell s'est dit «encouragé» par ses entretiens à Al-Qods et Ramallah et «résolu» à poursuivre sa mission, tout en se déclarant conscient de ses «difficultés et complexités».