Il est temps pour nos investisseurs de s'installer au Cameroun, un marché de 22 millions de consommateurs Dans le cadre de sa stratégie de prospection de nouveaux marchés, l'Utica focalise son action de promotion de la Tunisie sur le site camerounais, partenaire traditionnel considéré comme une destination africaine très prometteuse. Quels sont les atouts de ce choix ? Et pourquoi se fixe-t-on un tel objectif, alors que les relations économiques bilatérales sont bel et bien séculaires ? Y a-t-il d'autres opportunités profitables dans cette nouvelle conquête économique ? 2014 a été décrétée l'année de l'Afrique, un marché de plus d'un milliard de consommateurs vers lequel se sont tournés des géants économiques tels que la Chine et certains pays européens. Pour la Tunisie, le Cameroun constitue une part d'un marché riche en opportunités d'investissement diverses, d'autant plus qu'il cherche à bénéficier de l'expérience tunisienne. Tel était l'objet de la rencontre d'hier au siège de l'Utica, au cours de laquelle les participants ont abordé les possibilités et les motivations d'un tel partenariat, dans la perspective de la relance stratégique de nos entreprises dont la majorité, sous l'effet de la crise, a mis la clé sous la porte. Présidente de l'organisation patronale (Utica), Mme Wided Bouchammaoui a fait inscrire ce débat dans un contexte où il est intéressant de repenser nos relations africaines. A ses dires, l'on essaie, à chaque fois, de mettre un de nos partenaires sous les projecteurs, afin de mieux scruter ses forces et ses faiblesses. A ce sujet, l'ambassadeur du Cameroun à Tunis, M. Victor Loe, était plus que franc. Il a tout dit sur un climat d'affaires si contraignant que les investisseurs tunisiens devraient prendre en considération. S'y ajoutent la durée et les difficultés de monter des projets, la pression fiscale, le fléau de la corruption et le manque d'infrastructures. Toutefois, les inconvénients des uns pourraient constituer des avantages pour les autres. D'autant que les demandes du Cameroun, pays de quelque 22 millions de consommateurs, pourraient composer avec les offres économiques de la Tunisie. C'est que l'un complète l'autre, et chacun d'eux cherche à établir un partenariat gagnant-gagnant. De ce point de vue, les enjeux économiques d'un pays ne le sont pas forcément pour un autre. Ce qui explique le choix d'aller s'investir au Cameroun. Volet exportation, le Cepex semble être le mieux placé à en parler, en connaissance de cause. Son PDG, M. Abdellatif Hamam, a jugé ce marché de par sa taille en termes de consommateurs, de par sa stabilité politique et de par son ouverture économique sur la région. « Le Cameroun a traditionnellement occupé la 3ème position dans l'échelle des clients de la Tunisie dans l'Afrique subsaharienne.. », fait-il valoir. D'après lui, c'est un pays qui a une vision pour l'avenir qui s'inscrit dans le cadre de ce qu'on appelle « l'émergence Cameroun à l'horizon 2035 ». Celle-ci vient d'être complétée par un plan d'urgence pour les trois prochaines années pour répondre aux besoins de la population en électricité, eau potable, assainissement et en logements. Donc, un gisement d'investissements en matière d'infrastructure et de services, d'autant plus que le volume d'échange des biens est encore assez faible, souvent limité à un ou deux produits. Aujourd'hui, insiste-t-il, il est important de diversifier et d'élargir l'éventail de nos exportations vers le Cameroun. Ce pays à dimension régionale nous servira comme portail d'accès et de transit aux autres pays de l'Afrique centrale tels que le Tchad, a-t-il relevé. Ses principaux atouts consistent en sa disposition d'une main-d'œuvre bon marché et de ressources naturelles abondantes. Et si la Cotunace est une société d'assurances crédit et d'appui financier, le Cepex joue, quant à lui, le parraineur des entreprises, afin de les aider et les encourager d'aller s'investir à l'étranger. «Du moment où la destination Afrique demeure un choix stratégique, on ne peut pas ignorer un pays aussi important économiquement et porteur d'opportunités comme le Cameroun. Maintenant, toute la question est de savoir comment il faut s'y prendre et quels sont les mécanismes à mettre en place pour aller prospecter ce marché et développer un partenariat profitable et équitable pour les deux parties, s'interroge M. Hamam.