Une main-d'œuvre qui fait défaut et handicape le développement et l'expansion des petits métiers La Tunisie vit une situation absurdement paradoxale, surtout en cette étape cruciale où notre pays enregistre un taux de chômage des jeunes catastrophique, d'une part, et un grand manque de main-d'œuvre spécialisée surtout dans les petits métiers de tous genres, où la demande se fait de plus en plus pressante, d'autre part ! Les domaines de la menuiserie, la soudure, le bâtiment, la mécanique, l'agriculture, la pêche, l'électronique, l'artisanat et tant d'autres petits métiers qui fleurissaient dans notre pays, souffrent de nos jours d'une pénurie de plus en plus grave d'ouvriers spécialisés ou même d'apprentis. Cette main-d'œuvre qui fait défaut et handicape le développement et l'expansion des petits métiers, ce secteur jadis dynamique de notre économie qui est en mesure de créer plus de 100.000 emplois, à court terme, n'est pas une fatalité, mais l'aboutissante inévitable d'une culture et d'une mentalité, nées d'un système qui n'a fait que dévaloriser, des décennies durant, ces métiers et corrélativement l'enseignement technique et la formation professionnelle. Pourquoi l'on ne s'inspire pas des expériences avérées des pays scandinaves, où l'accès à tout métier et le droit de l'exercer doivent passer inéluctablement par un cycle de formation professionnelle appropriée, couronnée par un diplôme qui donne automatiquement le droit à son récipiendaire d'exercer le métier choisi et d'avoir accès, par voie de conséquence, aux facilités bancaires. Le jeune perçoit, tout au long de la période de sa formation, une prime de préparation à l'insertion professionnelle avec les garanties corrélatives de couverture sociale et médicale ! Cette importante question, qui est susceptible d'apporter une solution salutaire à l'employabilité des jeunes, perdus dans un système économique libéral égoïste et fermé sur lui-même, ne doit pas être débattue au sein des bureaux clos des ministères concernés, avec l'adoption d'une série de mesures sans effet sur la résolution du problème endémique du chômage. Bien au contraire, elle doit faire l'objet d'une profonde concertation entre les différentes parties prenantes (ministères impliqués, organisations syndicales et patronales, représentants du tissu social, experts en la matière, etc.) en vue de mettre en œuvre une stratégie nationale de sensibilisation et d'encadrement des jeunes demandeurs d'emploi, qui engage des réformes révolutionnaires du système d'enseignement technique et de la formation professionnelle, en synergie-partenariat avec le secteur entrepreneurial. De ce fait, la formation se fera en fonction des besoins du marché de l'emploi. N'est-ce pas paradoxal que de nombreux secteurs, grands pourvoyeurs d'emplois, souffrent d'une pénurie paralysante de main-d'œuvre, alors que des milliers de jeunes moisissent dans les cafés et sombrent dans les dédales du désespoir et de la déperdition ! Il est impérieux de revaloriser les petits métiers, en qualité et en nombre, en tant que facteur dynamique du développement socioéconomique, grâce à leur forte employabilité et aux multiples prestations de services qu'ils proposent à la société. Ceci reste tributaire d'une méthodologie, programme de réforme de notre enseignement technique, en totale synergie avec les besoins de nos entreprises, censé ouvrir devant les jeunes générations de vastes perspectives et opportunités d'emploi.