Neuf matches officiels et deux premières places du groupe lors des éliminatoires et de cette première phase de la CAN n'ont pas encore tranché le débat... L'histoire des éliminatoires et de la phase finale de la CAN est devenue celle de Georges Leekens. Du moins, c'est lui qui l'a voulu et cherché à travers ses choix, ses attitudes et ses déclarations. L'homme qui a été accueilli avec une certaine indifférence (rappelez-vous la longue et fastidieuse quête d'un sélectionneur national et toute l'intox engendrée par cette opération) puis curiosité, a vite fini dans la polémique et même la contestation. Et ne nous dites surtout pas que c'est encore une fois la faute aux journalistes. C'est vrai qu'un journaliste, ça écrit, ça critique et ça gueule mais, à ce que l'on sache, un journaliste, ça ne convoque pas des joueurs, ça n'en exclut pas d'autres, ça ne choisit pas un onze titulaire, ça ne gagne pas un match et, grâce à Dieu, ça ne perd pas. Non, le problème n'est pas là : il est dans la relation sélectionneur national-médias. Surtout les étrangers d'entre-eux. Car, s'ils s'accommodaient parfaitement aux critiques et au boulot de leurs compatriotes du temps où ils exerçaient chez eux, ils supportent très mal que nous autres journalistes tunisiens ayons à redire sur leur travail. Le cas Lemerre est, sans doute, le plus caricatural puisque poussé jusqu'au bout par le personnage lui-même et, par ricochet et réaction par les médias. Mais il semblerait qu'il ait fait école, même s‘il est (sportivement et humainement) injuste de comparer Leekens au bon vieux Roger. Et si nous disons cela, c'est parce que nous ne voulons en aucun cas d'une nouvelle affaire Lemerre bis et que nous tenons à rester dans le véritable débat, celui footballistique. D'autant qu'il nous concerne tous : l'équipe nationale. Débat quelque peu biaisé au départ (mais aussi à l'arrivée) par la démarche pas toujours catholique d'une fédération qui cultive l'art de s'emmêler les pinceaux. Le choix, le sort et les résultats des sélectionneurs précédents, celui de leurs collaborateurs et, enfin, l'affaire Harbaoui qui a fait et continue de faire de l'ombre à cette équipe nationale. Du foot, rien que du foot!... Au fait, qu'avons-nous reproché à Georges Leekens? Pas de préférer les frites au couscous (encore que...). Mais le choix de certains hommes, leur placement parfois contre nature ainsi que celui de ses tactiques. Le tout aboutissant à un non-jeu qui gêne les observateurs et le plus fanatique des supporters. Le jeu ? Parlons-en. Reprenez le film de tous les matches de l'Equipe nationale de Leekens et vous constaterez que notre onze n'a été véritablement convaincant que lors des 25 premières minutes contre l'Egypte au Caire. Vingt à vingt-cinq minutes de pur bonheur. Pour le reste, une équipe «coupée» en deux avec quatre, voire cinq défenseurs, deux pivots défensifs et trois ou quatre joueurs devant qui passent leur temps à attendre des ballons improbables ou à s'époumonner à les chercher loin derrière. Cela nous a tout de même valu une première place et une qualification à la phase finale de la CAN, mais aussi des sueurs froides face au Botswana, l'Egypte et le Sénégal. Puis, ce premier objectif atteint, nous nous étions dit que Leekens allait cette fois-ci changer les choses, d'autant que le vent a tourné en sa faveur. Rien de tout cela. Laborieux et sur le fil face au Cap-Vert; miraculés contre la Zambie et sauve-qui-peut en fin de rencontre contre le Congo. Pour être honnête, il y a eu progrès lors de cette dernière confrontation, gâché par un trop-plein de confiance des joueurs et entaché du retour à trois défenseurs centraux, soit cinq au total. Résultat de la course : la Tunisie est certes première de son groupe, mais n'a obtenu que 5 points sur 9 possibles et ne se distingue toujours pas par son efficacité offensive. Le jeu pour dernier souci Alors que tout le monde est convaincu qu'elle en a les moyens. Car, quand on se permet le luxe de garder Sassi, Moncer, Rejaïbi, Msakni, Ragued, Nater, Sayhi et Mohsni sur le banc, c'est qu'on est parfaitement armés. On poussera même plus loin le raisonnement. C'est vrai que la Tunisie ne possède pas de joueurs de classe internationale, mais elle a le groupe le plus riche et le plus équilibré. Aucune absence n'est fatale et tout joueur peut apporter le plus. Reste à faire bon usage de tout ce matériel. Ce que nous reprochons à Georges Leekens qui continue à tergiverser, même s'il a frôlé la bonne formule lors de la dernière rencontre. La bonne formule ? Un défenseur central en moins pour un demi constructif de plus. Sassi, en l'occurrence, qui a, enfin, été du onze de départ face au Congo. Mais notre crainte, c'est que Leekens s'affectionne à la formule des trois défenseurs centraux (déjà testée auparavant) pour la remettre face à la Guinée. Formule à double tranchant car si elle nous protège davantage derrière et nous autorise quelques contres intéressants, elle nous scotche dans notre moitié de terrain et facilite la domination adverse. Vous remarquerez bien qu'entre Leekens et nous, le débat est purement technique et tactique...