Derrière chaque grand homme se cache une femme, a-t-on coutume de dire. Cette femme-là ne s'est jamais cachée, même si son époux n'était autre que Wolinski le magnifique, célèbre caricaturiste dont nous sommes toujours fiers de rappeler qu'il est Tunisien, et qui disparaissait récemment de la façon tragique que l'on sait. Maryse Wolinski, ravissant tanagra blond, tout de grâce et de finesse, est l'auteure de plusieurs récits et romans. Elle publiait récemment aux éditions du Seuil La Passion d'Edith, un livre d'émotion et d'Histoire qui reçut un bel accueil de la critique. Dans le wagon qui l'emporte vers Auschwitz, Edith Stein, philosophe d'origine juive, disciple de Husserl, convertie au catholicisme, et entrée dans les ordres en tant que carmélite, remonte le cours de sa vie, et explore ses souvenirs. Autour d'elle, des hommes, des femmes, des enfants juifs. Tous ont une histoire à raconter. Hannah, journaliste idéaliste et radicale. Suzanna, convertie également au catholicisme, mais qui a préféré l'action à la retraite du carmel. Werner, que la force de la foi d'Edith séduit et fascine. Mais aussi le petit Emmy, qui recherche son père. Tous dessinent autour d'Edith une fresque de personnages de chair, de passion et de sang. De désespoir aussi, de foi souvent. C'est à eux, son dernier public, qu'Edith Stein livrera une partie de sa vie intérieure, s'efforçant de démêler illusions, fantasmes et ambiguïtés, mais imposant toujours, au tragique de ce dernier voyage, la force inaltérée de sa foi. Pour créer ce personnage, romanesque, mais réel, Maryse Wolinski s'est inspirée librement de l'histoire d'Edith Stein, devenue sainte Thérèse Bénédicte de la Croix. Un personnage énigmatique, aux amours contrariées, confronté aux drames de l'Histoire et à la révélation de la foi. Le livre a été adapté avec succès au théâtre. On doit plusieurs autres récits et romans à Maryse Wolinski, dont La mère qui voulait être femme, Au diable Vauvert et La Sybilline.