Il n'y a pas qu'en Egypte que les démons de l'intolérance ressurgissent. Certes, il n'y a aucune commune mesure entre le nouveau drame qui a endeuillé dimanche dernier le sport au pays des Pharaons, à l'occasion de l'affiche Ezzamalek-ENPPI, faisant des dizaines de morts, et entre la violence qu'on déplore sur les pelouses du pays qui, par comparaison, peut paraître «light» et infiniment insignifiante. En attendant la reprise en Ligue 1 qui attaquera le prochain week-end la phase retour, la 15e journée de Ligue 2 «a vu rouge». Et c'est indéniablement à l'affiche Union Sportive de Sbeïtla-Olympique du Kef que revient «la palme de la casse», si l'on peut s'exprimer ainsi. On joue les arrêts de jeu de la première période et les visiteurs, qui visent l'accès au play-off, mènent par (1-0). Il reste, en effet, trois journées avant la fin de la première phase, et les positions sont très serrées avec le Sfax Railways Sports, l'Etoile Olympique de Sidi Bouzid, l'Olympique du Kef et le Club Sportif de Korba qui se tiennent dans un mouchoir de poche. L'arbitre du derby du nord-ouest, Walid Jeridi, expulse un joueur visiteur. La réaction des Keffois ne se fait pas attendre. Un joueur et un dirigeant agressent le referee, la partie est arrêtée. Dans ces conditions, toute reprise du jeu devient impossible d'autant que Hosni n'a qu'une seule pensée en tête : déposer plainte contre ses agresseurs auprès des juridictions civiles. Lors de sa réunion périodique prévue demain, la Ligue nationale de football professionnel va frapper fort, d'autant qu'il y va de l'intégrité physique et morale de l'homme en noir, maltraité, parfois humilié, souvent brimé et menacé et, à l'arrivée, blessé dans sa chair et martyrisé. On raconte que le joueur en question a pris l'arbitre par la gorge, alors que le dirigeant l'a roué de coups. Jeridi l'a échappé belle ! Ailleurs, à Korba, le match CSK-Stade Sportif Sfaxien a enregistré un jet de pierres, l'arbitre Naïm Hosni ayant validé un but que les locaux estiment irrégulier. En effet, alors que le referee enregistrait un avertissement brandi contre un Korbien et que les joueurs étaient attroupés tout autour pour contester la décision et demander des explications (comme d'habitude !), les Siapistes firent vite de jouer un corner et d'inscrire un but au milieu d'une défense visiblement figée? CSK contesta longuement la validation d'un tel but, l'entraîneur Lassaâd Maâmer épinglera les erreurs arbitrales accumulées qui visent les siens pourtant bien lancés dans la course au play-off.Finalement, contrairement à ce qui s'est dit, les dirigeants capbonais renoncent à formuler des réserves écrites, s'agissant plutôt d'une décision «technique» de l'arbitre. A Grombalia, le sommet Grombalia Sport-Union Sportive de Ben Guerdane (2-1) a été arrêté à trois reprises au moins, les visiteurs contestant de façon véhémente les décisions de Haythem Kassaï. Bref, volet arbitrage, ce dimanche de froid polaire a été incandescent. Il survient dans la foulée d'une 14e journée où on déplora des blessés (dont certains graves) dans des bousculades au stade de Sidi Bouzid (EOSB-CSK : 2-2). la L2 se serait-elle transformée en cage aux folles? Pas la seule responsabilité des arbitres En tout cas, l'Association tunisienne des arbitres de football dénonçait hier dans un communiqué l'agression dont a été victime Walid Jeridi et exprimait sa solidarité avec tous les referees objets d'agressions ou de brimades de quelque ordre que ce soit. Le même communiqué a appelé vivement à assurer toutes les conditions nécessaires à la protection des arbitres et à garantir leur intégrité physique. «A ce tournant crucial des compétitions à toutes les échelles et dans toutes les divisions, nous appelons dirigeants des clubs, joueurs et entraîneurs à faire preuve de self-control, de discipline et de fair-play afin de pouvoir terminer la saison dans les meilleures conditions», peut-on lire dans ce communiqué. Toutefois, il n'y a pas que les instances relevant du secteur arbitral qui doivent tirer la sonnette d'alarme. La violence concerne au plus haut degré toute la famille du foot national. Il serait aberrant de croire que cela n'arrive qu'aux autres, d'autant que l'infrastructure n'aide guère à juguler ce fléau. Et que la médiocrité prononcée du spectacle attise inévitablement un peu plus les démons du chauvinisme, de l'intolérance et de tous les écarts aveuglés.