Depuis l'avènement des TIC et l'installation au beau fixe des téléphones portables dans notre quotidien, un nouveau métier a connu un boom sans précédent en Tunisie : il s'agit de la réparation des GSM. Zoom sur un job qui passionne tant nos jeunes. Tels des champignons, le nombre des ateliers et des boutiques offrant le service réparation GSM ne cesse de foisonner dans tous les coins de nos villes, que ce soit dans les quartiers populaires ou bien dans les rues et les avenues des zones huppées ! Pour plusieurs, ce phénomène social s'explique du fait que le consommateur tunisien préfère en général réparer son téléphone portable au lieu d'acheter un nouvel appareil, tant le pouvoir d'achat nous impose sa dure réalité. Un métier très tendance En parallèle, plusieurs centres de formation privés ont trouvé dans ce phénomène social un filon à exploiter en ouvrant des sessions ciblées, dédiées à cette activité. En effet, le nombre des postulants pour cette formation ne cesse d'augmenter. Avec l'arrivée d'un nouvel opérateur de téléphonie mobile, jamais le métier de réparateur de GSM n'a tant passionné nos jeunes à la recherche d'un projet qui réussit le métissage entre high-tech et bricolage. Selon Hassan Bani, enseignant dans un centre de formation privé et propriétaire d'un atelier de réparation : «Notre métier séduit beaucoup les jeunes, surtout ceux qui ne sont pas allés loin dans leurs études. Beaucoup de monde cherche cette formation, car c'est propre et ça rapporte. Néanmoins, il est à signaler qu'avec la baisse des prix des téléphones mobiles, la marge des profits a tendance à baisser ces derniers temps ce qui n'empêche pas le nombre des postulants à cette formation de progresser à une vitesse grand V.» C'est que l'ouverture d'un atelier de réparation de GSM nécessite un diplôme (le sésame tant convoité d'une jeunesse rêveuse d'un avenir à la Steve Jobs). Or, plusieurs centres de formation offrent à ces «Geeks des cartes mères» une formation de 40 heures, que certains qualifient de formation «tirée par les cheveux», selon les dires des experts en électronique. Revers de la médaille Karim, réparateur de portables à Bab Saâdoun, nous confie: «J'ai suivi une formation accélérée en 2003 dans un centre de formation privée. Au début, j'ai été très motivé avec des ambitions au zénith. Mais voilà qu'au fil des séances, mes motivations ont commencé à sombrer dans les abysses de la perdition. On était totalement largué au large et on n'arrivait plus à suivre le fil des séances tant le niveau de la formation frôlait par moments le ridicule avec des supports de cours sans schémas ni illustrations. Même les composants internes d'un portable nous restaient inconnus. En fin de formation, tous les élèves ont obtenu leurs diplômes, mais au fond de nous-mêmes, nous étions conscients que nous n'étions pas prêts pour le grand saut : devenir autonomes et ouvrir nos propres ateliers. Honnêtement et franchement, j'ai appris le métier pour de bon, grâce à un apprenti que j'ai embauché.» Dans cette même continuité, lors d'une enquête menée, il y a six mois en arrière, la magie de notre téléphone arabe nous a guidé à la galerie 7-Novembre, à Tunis, où se trouve le local de Ramzi, «Le petit génie» comme aiment le surnommer ses confrères. Âgé de 24 ans, fer à souder à la main et air chaud à son côté, Ramzi nous confesse qu'il n'a ni diplômes ni certificats, mais qu'il s'est fait un nom en apprenant les rouages et les ficelles du métier auprès des «dieux», selon lui, de ce métier: son frère et ses cousins qui étaient parmi les pionniers dans ce domaine. Toujours d'après ses dires, galvanisé par sept ans d'expérience, le petit bonhomme est devenu la référence en matière de réparation pour ne pas dire le caïd des afficheurs de GSM. Il faut mentionner que son savoir-faire a été toujours sollicité par les débutants dans le métier, et même par les chevronnés, pour résoudre les problèmes techniques les plus ardus. Il nous déclare : «Mon ami, je vais vous confier une réalité, dans notre milieu, tous les bons réparateurs que je connais ont fait leur apprentissage en observant les «maîtres» en action. Nul ne doute du fait qu'avoir un diplôme est en principe un gage de réussite. Néanmoins, je connais plusieurs de nos confrères diplômés en électronique qui excellent dans tout ce qui est théorique. En revanche, ils se sont cassé la figure faute d'expérience. Car cette dernière nous apprend la rigueur, l'organisation sans parler des ficelles du métier, dont le côté marketing et le contact avec le client, car il faut savoir comment se faire vendre… Ce sont de petits détails, certes, mais à la fin, ils font la différence.» Le troc et les extra-services Par ailleurs, si le prix de la réparation se situe en général autour de 20 dinars, plusieurs autres services parallèles émergent dans ces ateliers pour arrondir les fins de mois. Ces extra-services se résument dans le chargement de musique à partir d'un PC ou des mélodies de sonneries (par câble ou par bluetooth), ainsi que le flashage des téléphones mobiles. Les frais de ces services oscillent de 2 à 5 dinars. Hassan Bani nous déclare : «Ces extra-services sont trop demandés par les élèves et les étudiants qui veulent tout le temps être à la page des nouveautés. En revanche, à part les sonneries et le déblocage des appareils, une autre activité règne dans le milieu et rapporte beaucoup de «blé» : c'est le troc (échange d'appareils). Plusieurs préfèrent échanger leurs téléphones mobiles avec d'autres clients. Selon la marque et l'état de l'appareil, une différence de prix, fixée par le réparateur, est toujours respectée. De plus, il y a ceux, dont le pouvoir d'achat est assez limité, qui préfèrent acheter de chez nous des portables deuxième ou troisième main : disons des GSM bon marché !». Décidément, le métier de réparateur de GSM a encore devant lui de nombreuses années avant de démonter son chapiteau, tant le nombre de postulants à ce job est en ascension continue. Une résultante de l'essor que connaît le secteur des télécommunications.