Chef du gouvernement : «Le projet de loi relatif à la protection des agents de sécurité et de leurs familles a été déposé auprès de l'Assemblée des représentants du peuple» Au lendemain de l'opération terroriste de Sbeïtla qui a coûté la vie à cinq soldats, le gouvernement Habib Essid revient devant le parlement pour poursuivre la séance de dialogue entamée vendredi dernier. Comme lors des précédentes séances de questions-réponses, celle d'hier n'a pas été une partie de plaisir. Depuis le vote de confiance accordé au gouvernement le 5 février dernier, les élus ont changé d'attitude. Le préjugé favorable concédé à Habib Essid se mue en impatience après à peine 60 jours de mandature. Ni majorité ni opposition n'ont épargné le chef du gouvernement. Khaled Chaouket interpelle d'ailleurs d'emblée Habib Essid: «Répondez aux questions sans éluder une seule». De son côté, le député du Courant démocratique Ghazi Chaouachi a fustigé le manque de résultats du gouvernement. «Au-delà des déclarations de bonnes intentions, nous nous attendons à des actions sur le terrain», a-t-il déclaré. Même son de cloche du côté d'autres élus issus des gouvernorats intérieurs, à l'instar de Hayet Amri (Ennahdha) qui se demande «pourquoi les membres du gouvernement rendent visite à Sidi Bouzid, sans que cela s'accompagne de mesures concrètes». Fayçal Tebbini (la Voix des agriculteurs), qui s'est retiré mardi de l'examen en commission du projet d'amendement de la loi sur les prix et la concurrence, a demandé au chef du gouvernement de «chasser les terroristes économiques des ministères», estimant que le projet en question allait «appauvrir les couches sociales les plus fragiles». Pour sa part, le député de l'Union patriotique libre, Tarek Ftiti, rappelle à Habib Essid qu'il est tenu par la constitution de janvier 2014 de tout mettre en œuvre pour la discrimination positive à l'égard des régions. Modèle de développement Le député de l'opposition Mongi Rahoui s'est pour sa part étonné de voir que le gouvernement Habib Essid n'a pas encore fixé le cap des réformes économiques. «Il est très étrange de parler d'absence d'un modèle économique, alors que les partis qui composent aujourd'hui la coalition gouvernementale ont chacun publié de gros documents dans lesquels ils exposent leur vision de l'économie», a-t-il déclaré. Mais selon le chef de file de la majorité Fadhel Omrane, si l'économie est en berne, c'est aussi en grande partie à cause de ce qu'il appelle «le chantage que subit l'Etat de la part de certains syndicats». Evidemment, les regards se tournent vers les enseignants du secondaire et le député poursuit : «Ils demandent des augmentations et obtiennent gain de cause alors, que d'autres observent une grève de la faim parce qu'ils n'ont pas de travail. N'aurait-il pas été plus judicieux de doter nos forces armées de plus de moyens, eux qui sont en guerre contre le terrorisme?». Les réponses Malgré le flot important de questions et d'interpellations, le chef du gouvernement a tenté d'être exhaustif. Sur la question du développement régional, Habib Essid renvoie la balle aux députés en indiquant que son gouvernement est lié à l'application du budget voté par l'ARP. Néanmoins, il admet qu'un certain nombre de projets à l'image du Réseau ferroviaire rapide (RFR) est aujourd'hui bloqué en raison de la difficulté de procéder à des réquisitions pour l'intérêt général. Il a annoncé à cet effet que son gouvernement préparait un projet de loi permettant d'assouplir les conditions de réquisition pour l'intérêt général. Objectif : débloquer les projets en attente. Répliquant à l'attaque en règle de Mongi Rahoui, le chef du gouvernement a annoncé que son équipe travaille actuellement à la synthèse de l'ensemble des visions du nouveau modèle de développement. «A la fin des 100 jours, dit-il, nous vous présenterons un document détaillé, ainsi qu'un plan de développement pour les prochaines années». Selon le chef du gouvernement, la loi de finances complémentaire, en cours de préparation, comporte des dispositions qui permettront de soutenir les efforts des forces de sécurité dans leur combat contre le terrorisme. Il a en outre annoncé que le projet de loi relatif à la protection des agents de sécurité et de leurs familles a été déposé auprès de l'Assemblée des représentants du peuple.