L'espace Saladin est une galerie coquette dont le charme est exacerbé par les toiles de Henda Laâbidi qui étale sans retenue sa vie intérieure. C'est toujours agréable et plaisant de visiter la galerie Saladin, un espace typé, garni de fleurs aux couleurs en harmonie avec le village de Sidi Bou Saïd. Si cet espace garde un aussi grand charme, s'il est autant coquet, c'est grâce au maître des lieux Ridha Souabni qui veille au grain. C'est sur ces murs que la peintre Henda Laâbidi a étalé sa vie intérieure. Il s'agit d'une artiste autodidacte qui a découvert le monde des couleurs depuis l'âge de 7 ans. A 17 ans, elle a pris son envol et a trouvé sa voie : la peinture, sa passion de toujours. J'ai mon propre style très intime et j'ai été encouragée dans ce sens par de grands peintres, comme Hédi Turki, Moncef Menci et Habib Bida. Henda Laâbidi a jeté l'encre dans l'univers parfois tourmenté de l'abstrait. De ses toiles se dégage un imaginaire riche et débordant. Elle a choisi l'acrylique pour dire ses maux. Oui, nous dit-elle, j'ai eu un vécu difficile, j'ai même envie d'éditer un livre autobiographique, je ne suis pas devenue peintre sans raison, la vie n'est pas facile, mais je garde espoir». D'ailleurs, l'espoir, elle l'exprime à travers des couleurs flashy qui font exploser ses toiles. Rouge, blanc, rose, orange. Notre peintre a une préférence pour les couleurs vives, certaines de ses toiles sont faites de jets de peinture où l'on distingue plusieurs formes souvent longilignes. Le noir hante ses tableaux, parfois il dégouline où il porte les couleurs vivaces en les mettant en valeur. On croit apercevoir des paysages, des montagnes, des rivières, notre artiste obéit à son univers onirique qu'elle transcrit avec une grande habileté. Chaque tableau a son histoire et c'est la sienne. Elle écrit une vie à fleur de peau et sertie d'émotion. «L'abstrait est un choix, nous dit-elle, il me donne une liberté d'exécution». Les peintures de Henda Laâbidi sont fluides et très mouvementées. Quelquefois entrecoupées par des stries noires dégoulinantes. Telle une catharsis, la peintre nous embarque dans les méandres de son for intérieur. Chaque tableau est plein entièrement, peint sans aucun vide, l'espace occupé par ses touches est immense. Chaque touche nous fait découvrir un côté de l'artiste et fait ressortir sa grande sensibilité. Le tout est présenté tel des flashs, des réminiscences. Ses créations obéissent à une spontanéité presque naïve, son amour pour la peinture se ressent car sa touche est profonde, elle va loin et se saisit de son inconscient. Fluidité et mouvance sont les maîtres-mots de ses toiles, elles sont loin d'être figées, l'abstraction nous offre la liberté d'interprétation et touche chaque regardant. Et puis, nous dit notre peintre, l'asbtrait est illimité, c'est son lieu de prédilection, un pot de fleurs attire le regard, il est caché sous un halo de couleurs lumineuses... des tourbillons tournent sans cesse. Henda peint amoureusement, passionnément et quand on aime, nous dit-elle, on va jusqu'au bout.