Sur les murs de Bel Art, des couleurs chatoyantes habillent la galerie, les œuvres se succèdent, s'imposent. Sont-ce des cauchemars, des rêves? Sont-ce les cris d'une âme qui cherche à émerger, à se frayer un chemin dans un univers chaotique? 18h30, la ruelle est sombre, mais l'espace Bel Art l'illumine... Spacieux, il sourit aux passants... Dès qu'on y pénètre, on se sent enveloppé par une chaleur et une convivialité par la maîtresse des lieux, Donia Bouattour. Belle et accueillante, elle met tout de suite à l'aise, on se sent presque chez soi... Et Bel Art s'offre à nous dans toute sa splendeur... C'est là dans cet endroit lumineux que l'artiste peintre Jamel Chaouki Mahdaoui a étalé les fluctuations de son âme... Trente-cinq ans d'amour passionnel pour la peinture, là où sa main se balade ça et là au gré de ses œuvres qui l'interpellent...Ses œuvres parlent et il transcrit leurs mots. Elles devancent son pinceau «œuvres réceptacles», nous dit-il. Coup de pinceau bien organisé... pas tiré au hasard. Le peintre écoute les abysses de son imaginaire. Il nous dit : je n'existe que par mon art. «Il s'agit là d'un travail manuel avec un soupçon d'intellectualité». Les œuvres de Jamel Chaouki Mahdaoui sont tout à la fois oniriques et entachées de sensualité. Elles sont l'amour dans toute sa générosité. Le désir, la fougue, la passion. Elles sont des mots tendres, elles expriment la folie du peintre «oui, je suis fou... fou de peinture, je suis mon propre maître», affirme l'artiste. Je suis dans l'autoflagellation positive. Il flirte avec l'abstrait sans trop en encombrer ses œuvres. Puis soudain se laisse emporter par ses rêves... Des courbes franches, nettes, claires...Des cercles... Devant nous s'étale le tourbillon de la vie. Le tout exprimé par de l'acrylique, de l'huile, voire de l'alchimie»... Et il poursuit : «Je ne suis pas seulement un artiste, je cherche la thématique et la matière»... Ainsi, il se plaît à inventer des couleurs qui n'existent pas. Sur les murs de Bel Art, des visages nous interpellent, ils sont impassibles... Ils crient leur désir... On s'y attarde pour mieux entendre leurs murmures.... Ils disent la beauté... Expriment les maux de la société... «Moi, nous dit Jamel Chaouki Mahdaoui, je m'inspire du vécu, de la société»... Les visages parlent aussi d'amour et se battent contre la mort... Ils nous plongent dans les méandres de la mythologie, au gré de la Méditerranée... Puis des yeux nous fixent tantôt tendres, tantôt mystérieux... On ne peut soutenir ces regards qui vont chercher au plus profond du visiteur... C'est une mer infinie interprétée selon la personnalité de tout un chacun... L'artiste plonge son pinceau dans l'eau de pluie qu'il chérit tant pour nous offrir l'Azur... Puis, dans le feu pour nous emporter sur les ailes de couleurs flashy... Et enfin, dans la terre avec ses couleurs chaudes. A chaque touche, son pinceau tend vers la perfection. Il la cherche, l'effleure et, en toute modestie, elle caresse notre regard. Les tableaux de Jamel Chaouki Mahdaoui sont le miroir de son âme... Il nous dit : notre plus grand maître est notre vécu. Et il ajoute «La peinture c'est moi». Ainsi, dit-il, «on ne devient pas peintre, ni poète d'ailleurs... Nous sommes ce que nous faisons. Il existe une structure mentale et on se révèle à nous-mêmes». Il croit en l'Homme, en la nature... Sincère, franc, extraverti, il se révèle dans toute sa singularité. Notre peintre est passionné... Il voue un amour ineffable pour la pluie... «Quand il pleut, nous dit-il, je me retrouve dans les bras de ceux que j'aime et qui sont partis»... Il entend même le soleil tomber. Ses œuvres sont mobiles, elles tendent vers l'infini. Elles se présentent en 3D. Elles bougent à tel point que certains visiteurs n'ont pas pu s'empêcher de les toucher pour se saisir de cette mouvance. Elles sont vivantes et accrochent le regard... Jamel Chaouki Mahdaoui répond à la société et la reprend sous son pinceau. Il affirme : «Je remercie les 4 ans de destruction mentale qui nous ont permis de créer des choses diaboliques. Mais le peuple a vaincu. La rue a sauvé notre pays, les femmes aussi et notre pays restera toujours debout». Tout comme ses fresques aguichantes qui nous observent d'en haut et qui mettent en exergue le caractère du peintre. Un être jovial, original, chaleureux, à qui on peut se confier sans retenue... Mais ne nous égarons pas, retournons scruter les murs de Bel Art... Ses tableaux nous font pénétrer dans un univers onirique, parfois violent, voire cauchemardesque, avec toujours une touche d'amour... un halo de passion. Notre artiste ne peint pas, il se balade dans les méandres des âmes. Il s'agrippe à la passion, transcende au gré d'un ineffable nirvana... Puis meurt avec thanatos pour ressusciter et revivre dans les bras d'Eros... Sa peinture est protégée par «des anges gardiens». Et il ose même ouvrir la boîte de «pandore»... Il fait même éclater «une tempête» et invoque Dieu à travers «le soufisme»... Tant de titres qui inspirent l'imaginaire... Tant de couleurs psychédéliques qui caressent le regard... Le peintre a même écrit deux livres illustrés par ses peintures... «Fragments... d'amour»... Un artiste face à une toile vierge et «l'éternelle seconde» inspirée de faits réels... l'Art, nous dit-il, est l'intemporalité. Une idée est une embuscade, nous en sommes les otages, elle peut surgir à tout moment... Un texte... Un verbe et c'est l'alchimie. Et dans Bel Art, nous avons pénétré un univers où l'imaginaire se balade, assoiffé et rassasié par les couleurs et par des regards profonds qui touchent le fond de l'âme.