Par H. Hkima Depuis quelque temps, chacun va de son cru pour se féliciter de la démocratie naissante qui va voir le jour dans notre pays. Ce mot magique est tant et si bien utilisé qu'il devient galvaudé et perd sa véritable signification, d'autant qu'au cour de ces dernières années, il y a profusion de visages de démocratie. Chacun lui donne sa propre interprétation, d'autres en font leur cheval de bataille dans la compétition politique. Dans un récent éditorial du journal « Le Monde », journal très respectable mais... On a ensencé l'expérience tunisienne et la naissance d'une démocratie citée comme exemple édifiant pour le monde arabe. En tant que citoyen, je suis certes fier du fait que ma Tunisie soit citée en exemple illustrant une réussite, mais cela ne m'enivre pas au point d'occulter certaines réalités qui peuvent être l'envers du décor. Dans ce même éditorial, il est dit que les islamistes sont bons joueurs,cela reste à vérifier. Il est dit qu'ils sont « très tunisiens » nous l'espérons de tout notre cœur mais qu'ils ont, de bonne grâce, passé le flambeau de la gouvernance de leur plein gré, là je dis non pour la simple raison qu'ils ont été évincés malgré eux sous la pression populaire, société civile en premier lieu et une opposition farouche. Il est dit également que les islamistes aujourd'hui en Tunisie jouent la carte démocratique, attendons de voir à l'expérience pour nous en féliciter, car beaucoup de points d'ombre demeurent. En définitive, nous aimerions partager avec beaucoup d'amis de la Tunisie leur optimisme quant à l'expérience démocratique dans ce pays, mais,très pragmatiques et honnêtes vis-à-vis de nous-mêmes, nous émettons une réserve. Là plus qu'ailleurs, il faut jugement nuancer si on ne veut pas à côté de la vérité passer. Cette démocratie naissante dont on parle beaucoup, il ne faut pas oublier qu'elle est la conséquence directe d'un soi-disant « printemps arabe » qui loin d'être radieux, bénéfique et prometteur, a été, de l'avis unanime porteur d'immondices, de nuisances, de misère, de chômage voire de déchéance économique et plus grave encore d'assassinats politiques et de terrorisme aveugle. Nous sommes donc conscients qu'avec un tel passif, et un tel héritage catastrophiques qui ont déstabilisé toutes les structures du passé, il est prématuré sinon impossible de parler de la naissance d'une démocratie réelle, il est aussi très hardi de la qualifier de modèle pour le reste du monde. Il faut garder la tête froide, en attendant de voir comment les bonnes intentions exprimées par nos nouveaux dirigeants vont s'exprimer sur le terrain et dans le vécu quotidien des Tunisiens. La démocratie n'est pas l'apanage exclusif d'une élite et restera figée dans les intentions mêmes les plus prometteuses si tout un peuple mûr politiquement et civiquement ne s'engage à l'édifier voire à la mériter. Nous ne tenons pas à tomber dans le piège d'une démocratie à multiples visages et à la carte, qu'on sert à certain pays pour masquer de sombres objectifs. Cette même démocratie que j ai qualifiée dans l'un de mes articles de « démocratie de la honte » parce qu'elle est un faux prétexte et un alibi avancé par certains pour ramener à la raison des pays qui disent non aux diktats et à l'hégémonie. La vraie démocratie c'est au seul peuple de l'asseoir aujourd'hui en engageant ses dirigeants, qu'il a investis de son suffrage et de sa confiance, à mettre en place toutes les structures de l'Etat, en conformité totale avec cet objectif ; une administration au service du citoyen,une justice totalement indépendante, souveraine et impartiale, un équilibre régional traditionnel qui donne leurs chances à tous. Egalement opérer de judicieux choix et stratégies économique et politique, sauvegarder nos propres décisions et orientations, consolider notre personnalité nationale, jetée enfin les bases d'un véritable Etat de droit et la loi au-dessus de tout et de tous. Le chemin certes est encore long et parsemé d'embûches, de prétentions et d'ambitions inassouvies,de tentatives hégémoniques de courants extrémistes dont le but est la déstabilisation et le chaos. Méfions-nous et soyons vigilants avec ceux qui se prétendent défenseurs des droits de l'Homme, mais qui malintentionnés s'en servent comme carte de visite et comme paravent pour assouvir leurs propres ambitions. Beaucoup d'entre eux ont directement ou indirectement soutenu ou encouragé le massacre de centaines des milliers d'hommes femmes et enfants partout dans le monde sous le prétexte fallacieux de lutte contre la dictature, la torture. Quand on atteint la clarté et la transparence dans le discours politique,dans l'action politique et qu'on donnera leur chance aux compétences, aux honnêtes gens, aux patriotes convaincus également aux chômeurs et aux déshérités et qu'on réduira le fossé entre les classes sociales, on pourra alors dire qu'on est sur la bonne voie d'une démocratie offerte à nos générations pour qu'elles travaillent son épanouissement. En attendant un grain d'humilité et un bannissement total du nombrilisme et des fleurs empoisonnées qu'on nous jette et qu'on se jette. Une démocratie bien comprise est un pacte fondamental et un ensemble de concordances entre les citoyens eux-mêmes et entre le peuple et ses dirigeants, tous égaux dans les droits et les devoirs. Administrateurs et administrés tous engagés dans une même ligne, dans la clarté et la transparence. Que vive dans ces conditions notre démocratie naissante et qu'elle soit un modèle pour tous.