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Notre vraie langue première, c'est l'image
Plantu :
Publié dans La Presse de Tunisie le 12 - 06 - 2012

C'est dans une ambiance conviviale que s'est déroulée la première journée de rencontre avec le dessinateur de presse et caricaturiste français Plantu. Invité par notre quotidien La Presse, le caricaturiste vedette du journal Le Monde a pris ainsi contact avec des dessinateurs tunisiens de différentes générations : des doyens tels que Habib Bouhawel, Abdelaziz Dahmani, Bacem Kahouech, Imed Ben Hamida et notre dessinateur Lotfi Ben Sassi et d'autres plus novices, l'on cite Nadia Khiari (alias Willis from Tunis), Skander Beldi (alias Flask) et Needall Garryani (alias ERevolution) qui ont émergé, surtout, après le 14 janvier 2011.
L'occasion rêvée de partager différentes expériences en matière de caricatures et de dessins de presse. Plantu qui signe avec Lotf Ben Sassi la une de ce numéro de notre journal, a annoncé d'emblée qu'il espère à travers cette expérience écouter et apprendre de nos dessinateurs. Cette rencontre qui s'étale sur deux jours, et outre les débats d'idées qu'elle suscite entre ses différents protagonistes, aboutira à la réalisation collective d'un supplément sur le dessin de presse.
Au-delà de la censure
L'actualité nationale était le sujet de la première partie de cette rencontre. En l'occurrence, la déferlante salafiste et la vague de violence qui en est liée, prenant pour cibles spécialement les artistes et les intellectuels. «Nous sommes en train de vivre un «remake» de ce qui est survenu en Algérie en 1989-90. Il y avait cette peur qui s'installait chez les journalistes, les caricaturistes et les bédéistes qui ont été menacés de mort. Ce fut le cas malheureusement de Hédi Gueroui qu'on a fini par égorger...Cela nous apprend que chaque pensée qui repose sur une idéologie tend à déraper», affirme Habib Bouhawel à ce propos. «Nous jouons tous la carte de l'extrémisme, chacun selon ses idées et ses idéologies. La révolution nous devons commencer plutôt à la mener dans nos têtes», a noté, de son côté, Needal.
La revendication principale partagée par ces «faiseurs d' images» était d'occuper le terrain intellectuellement, de cesser de faire dans la polémique stérile, rompre avec l'esprit de club et le manque d'organisation notés chez nos intellectuels et autres libres penseurs qui ne font pas le poids face à ces attaques bien ficelées de cet obscur clan, comme l'a suggéré Abdelaziz Dahmani. L'épouvante religieuse étant depuis bien longtemps employées par les gouvernants pour mieux asseoir leur pouvoir, il faut apprendre à contrecarrer cela intellectuellement.
Pour ce qui est de l'apport et du devenir de la caricature et du dessin de presse sous nos cieux, il faut apprendre des expériences précédentes, nous dit Bouhawel et d'ajouter: «A l'agonie du pouvoir de Bourguiba, il y a eu l'émergence de caricaturistes et dessinateurs militants, une expérience qui n' a pas fait un long chemin. L' après-14 janvier 2011 a connu une expansion du genre et pour éviter que cela ne relève de l'ordre des réactions à chaud, de l'inabouti, nous devons penser à nous organiser, nous autres dessinateurs, à créer de nouveaux paramètres et à apprendre à nous exprimer intelligemment pour ne pas nourrir de stériles polémiques». Une idée approuvée et illustrée par Plantu, qui nous a parlé de la polémique autour des caricatures danoises du prophète et qui l'a amené à réfléchir, avec d'autres acteurs du métier, sur l'importance de la ligne éditoriale pour rompre justement avec cet esprit de club chez certains dessinateurs. «Il faut cesser de faire tout et n'importe quoi. Pour faire face à cela, j'ai proposé lors de la foire «Cartooning for peace», des grilles pédagogiques. Une idée contestée par mes collègues de Charlie Hebdo qui pensent qu'un dessinateur de presse peut se permettre de tout écrire. Il faut ainsi bien réfléchir avant d'extrapoler par exemple, sur les barbus des trois religions et donner la réplique d'une manière intelligente au-delà de toute récupérations et de toutes manipulations politiques» a- t il affirmé dans ce sens. Il a continué en insistant sur l'importance d'instaurer un enseignement et une ligne pédagogique afin de contrecarrer la démagogie régnante qui stipule qu'on peut tout écrire.
Pour ce qui est de la réception et de l'appréhension de l'Occident des événements liés à la vague de violence extrémiste perpétrée dans les pays arabes post-révolutionnaires et notamment sous nos cieux, Bacem Kahouach a parlé de deux projets occidentaux qui s'affrontent. En effet et selon lui, les Américains qui changent vite de stratégies ont donné naissance à ces mouvements fondamentalistes et intégristes pour finir par ne plus en avoir besoin et se retourner contre eux. L'idée principale, selon lui, à travers le soutien du Printemps arabe est de faire que les musulmans affrontent eux mêmes leurs propres intégristes...
Dresser des passerelles
Nos différents espaces de publication connaissent un foisonnement de l'image, les caricatures et les dessins de presse en l'occurrence. Une nouvelle génération de dessinateurs commencent à s'implanter, à mener sa propre barque et qui gagnerait à être soutenue et à profiter de l'expérience des aînés. C'est autour de ce constat que la deuxième partie de cette journée de rencontre s'est articulée. Sur l'importance de créer des passerelles intergénérationnelles et interculturelles. Ainsi Plantu a suggéré l'idée d'une grande exposition itinérante en Europe, qui transcenderait toute «folklorisation» de la révolution et qui rendrait visibles les différents aspects de la liberté d'expression au Maghreb et en Egypte. Une occasion, selon lui, de créer le débat et de dresser des ponts de dialogue.
Lotfi Ben Sassi, de son côté, a appelé à une meilleure structuration du métier en Tunisie, à mettre de côté individualisme et divergences pour s'organiser en groupe. Une étape déjà franchie par la jeune génération qui déplore le manque d'exemple antérieur dans ce sens. L'on peut citer à ce propos l'expérience Koumik initiée par un groupe de jeunes dessinateurs et caricaturistes dont Willis from Tunis, Needal et Skander et qui a abouti à la publication d'un recueil collectif.
L'autre défi abordé lors de cette rencontre est d'inventorier et de collecter toute la matière visible, surtout sur le Net, afin de constituer un vrai patrimoine nationale de la BD et du dessin de presse. «J'ai proposé le projet de deux associations: Une association des caricaturistes tunisiens qui aura pour but, entre autres, de fédérer les jeunes dessinateurs, et une association de la caricature tunisienne qui s'occupera des inventaires et des éditions. Une structure professionnelle jouera le rôle de syndicat», a annoncé Habib Bouhawel. Ce dernier a également parlé d'un festival de la caricature et de l'humour citoyen qui est en cours d'élaboration. Sous le signe de la fête collective, cet événement viendrait, selon lui, célébrer la liberté d'expression conquise sous nos cieux.
Un autre projet très ambitieux a été proposé par Plantu, celui d'organiser une foire internationale autour de grands thèmes politiques qui réunirait des dessinateurs du monde entier...
En attendant de voir ce genre de projets se concrétiser: réunir différentes cultures autour du même médium, de cette langue primaire qu'est l'image, l'espéranto par excellence, comme l'a qualifié Bouhawel, nous pouvons, pour commencer, à coups de dialogues et de débats, édifier les premières pierres de ce rêve général.


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