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Enseignement Supérieur: D'une charge à une ressource
Analyse
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 04 - 2015

Le Pr Mahmoud Triki, universitaire, évoque dans cette analyse les moyens à même de faire de l'enseignement supérieur un secteur stratégique pour le développement du niveau de compétitivité des entreprises et du pays.
Avant la Révolution, les gouvernants faisaient de l'enseignement supérieur un monopole de l'Etat, ce qui leur permettait d'exercer le contrôle total sur l'organisation et le fonctionnement du secteur. Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique était et demeure encore à la fois le régulateur et l'opérateur du système. Il prend toutes les décisions relatives au développement et à la gouvernance des universités publiques, qui constituent plus de 90% des capacités d'accueil de l'ensemble du système.
La loi n°2000-73 du 25 juillet 2000 régissant la création et le développement des universités privées oblige ces dernières à aligner leurs programmes sur ceux des universités publiques, leur limitant ainsi toute initiative d'innovation. Par ailleurs, la loi 2008-19 du 25 février 2008 limite le développement des universités privées en leur interdisant l'appellation «université» et en les limitant à une seule implantation géographique et à une seule spécialité.
Cette situation de monopole, de centralisation et de standardisation des programmes est à l'origine de la dégradation du système dans son ensemble et du taux élevé de chômage parmi les diplômés du système.
Opportunités de développement
Le système universitaire doit inscrire sa stratégie de développement et ses programmes dans le cadre de l'évolution de l'ordre économique et des opportunités qu'il offre. Les dernières décennies ont abouti au développement d'un «nouvel ordre économique mondial» caractérisé par :
L'émergence de «l'économie du savoir» : cette évolution a fait du capital humain le principal déterminant du niveau de compétitivité des entreprises et des pays. Il s'est développé «un marché international du savoir» dominé par les universités nord-américaines et européennes, duquel la Tunisie se trouve totalement absente. Les universités des pays développés se sont transformées d'institutions éducatives de jeunes étudiants offrant des programmes axés sur la théorie à des entreprises de services, de formation et de perfectionnement de cadres en exercice et à des centres de recherches appliquées d'intérêt aux entreprises. De telles activités sont génératrices de ressources budgétaires pour :
a. financer les projets de recherche et les programmes de formation des jeunes étudiants,
b. offrir des salaires motivants pour attirer les meilleurs enseignants.
Par ailleurs, les programmes de perfectionnement des cadres permettent aux universités organisatrices de mieux connaître les besoins des entreprises en compétences et de développer des liens avec les futurs employeurs.
La globalisation des marchés : ce développement a créé le besoin pour des programmes multiculturels (Global Education) préparant les diplômés à des carrières à l'international. La majorité des universités nord-américaines et européennes ont mis fin au cloisonnement de leurs programmes et exigent de leurs étudiants d'effectuer une partie de leurs études à l'étranger. Elles ont par ailleurs développé des réseaux de partenariats avec des universités étrangères pour l'organisation de programmes d'échanges d'étudiants et de professeurs. Certaines ont ouvert des campus, principalement en Europe et en Asie (Chine et pays du Golfe), pour étendre leurs marchés et/ou pour offrir à leurs étudiants la formation complémentaire en dehors de leurs pays d'origine.
L'autre facteur de rapidité des changements technologiques qui a créé le besoin pour des révisions continues des programmes assurant ainsi l'intégration des nouvelles technologies.
De même, les percées dans les domaines des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC), qui ont réduit les distances et permis des innovations dans les méthodes pédagogiques et d'enseignement à distance.
La Tunisie a tous les atouts pour profiter des opportunités offertes par le nouvel ordre économique mondial et pour devenir une destination éducationnelle de référence. En effet, les mutations énumérées ci-dessus représentent une opportunité pour les universités publiques leur permettant de se transformer d'une charge budgétaire créatrice de problèmes économiques et sociaux engendrés par le chômage des diplômés à une ressource budgétaire et un secteur de développement économique et de rayonnement scientifique pour le pays. A cette fin, et sans prétendre donner une feuille de route pour la réforme du système, il est nécessaire de réviser la gouvernance du système et d'introduire de nouveaux régimes de développement du secteur, Il s'agira notamment de :
- Reconsidérer le rôle et la mission du ministère : le ministère doit cesser d'être à la fois opérateur et régulateur du système. Sa mission devrait consister à définir la politique du pays en matière d'enseignement supérieur et de recherche scientifique, à veiller à l'application de sa politique pour éviter les abus des institutions tant publiques que privées, et à être le promoteur du développement du système et le facilitateur pour l'adoption de projets susceptibles de mieux répondre aux aspirations des parties concernées, contribuant ainsi au développement et au rayonnement du pays. L'évaluation des programmes revient aux organismes d'accréditation internationaux et nationaux qui restent à développer. En fin de compte, le verdict relatif à la valeur des diplômes revient aux recruteurs qui décident.
- Décentraliser et accorder davantage d'autonomie de gestion aux Universités : tout en s'inspirant des expériences de pays à systèmes universitaires performants, il est nécessaire de décentraliser le système, de donner l'autonomie de gestion académique et financière aux universités publiques et de mettre fin à la standardisation des programmes. C'est ainsi qu'il sera possible de (1) favoriser l'innovation et la diversité des profils formés en fonction des besoins des différents secteurs et régions du pays et (2) réduire les risques d'erreurs. Une telle mesure est de nature à supprimer le sentiment «d'administrés», à favoriser le développement de l'esprit d'initiative et à introduire la dynamique de performance, de compétitivité et de rentabilité des institutions universitaires.
- Permettre aux universités publiques de réserver un pourcentage de leur capacité d'accueil pour l'inscription d'étudiants internationaux sans pour autant mettre en cause la gratuité des études aux Tunisiens ; une telle mesure permettra (1) la création d'un environnement multiculturel fort bénéfique pour les étudiants tunisiens, et (2) le développement d'un réseau d'amis à la Tunisie (les étudiants formés en Tunisie sont de futurs amis et clients du pays). Il est entendu que les étudiants internationaux paieraient des frais de scolarité à leurs coûts réels, ce qui est une pratique courante dans plusieurs pays développés.
- Instaurer le régime Offshore, pour attirer les universités étrangères de renommée à s'implanter en Tunisie et pour contribuer au développement des exportations tunisiennes de services éducationnels. Le tourisme éducationnel est moins vulnérable aux aléas politiques que le tourisme traditionnel. De plus, au-delà du rayonnement du pays, il est générateur de devises. A titre indicatif, les étudiants étrangers inscrits dans des universités US font rentrer 27 milliards de dollars par an. Ceux inscrits dans des universités australiennes sont de l'ordre de 20 milliards de dollars par an.
Certes, il va falloir de l'audace politique pour la mise en œuvre d'une refonte aussi profonde du système. Les enjeux sont de taille si nous voulons réussir notre transition démocratique. Les pays amis tels que les USA, le Canada et l'Union européenne accordent beaucoup d'importance à avoir un premier pays arabe démocratique et seraient disposés à apporter leur soutien à nos efforts. Saisissons les opportunités qui nous sont offertes. Que l'expérience tunisienne soit une inspiration et une école pour les pays arabes et africains et pour l'ensemble des pays en émergence.
Faisons confiance à nos jeunes professeurs, ils sont capables de gagner le pari.


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