Des contrats-programmes ont été signés, récemment, entre le ministère de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la technologie et les universités tunisiennes. Ce système de contrat-programme instauré par la loi 2008 (un texte composé de 58 articles avait créé une controverse en milieu universitaire et syndical entre partisans et contestataires) sur la réforme de l'enseignement supérieur consacre, désormais, l'autonomie de l'université. Les objectifs contenus dans ces contrats sont établis conformément à un tableau de bord comportant des estimations globales sur l'évolution du nombre des étudiants et du contenu de la formation appliquée et celle fondamentale ainsi que de la création de licences et mastères professionnels selon l'approche de co-construction avec les professionnels du secteur, l'objectif étant de promouvoir l'employabilité des diplômés. Il s'agit, également, d'estimations sur le nombre des enseignants et leurs travaux, le taux d'encadrement des étudiants, les moyens disponibles (ordinateurs, ouvrages, documents,..) et le développement des unités numériques.
Autonomie....nécessité Des responsables au ministère de l'Enseignement, de la recherche scientifique et de la technologie, affirment que cette autonomie est devenue nécessaire pour se mettre au diapason des mutations mondiales et répondre à l'exigence de la compétitivité, notamment, en matière de formation des compétences. Ils indiquent que la réforme de l'enseignement supérieur a permis de réaliser une mutation qualitative au niveau de la relation entre le ministère et les universités dans le sens de la consolidation de l'autonomie des établissements de l'enseignement supérieur, ajoutant que l'autonomie des universités contribue à mieux adapter le contenu de la formation aux besoins des entreprises économiques. Selon le document de travail signé, toutes les universités ont présenté des projets de contrats-programmes comprenant un état des lieux, les points forts de leurs établissements respectifs et les besoins en vue de développer leur rendement. Les projets présentés concilient entre les aspirations des universités et les priorités nationales dans les domaines de la formation, la recherche scientifique et l'innovation pédagogique.
Un enseignement de qualité...! D'après des responsables dans des établissements universitaires, l'Université tunisienne est appelée à s'inscrire dans l'expansion de sa région en veillant, par un enseignement de qualité, à répondre aux objectifs, souvent évolutifs, des entreprises. En d'autres termes, il s'agit d'harmoniser au mieux les besoins des uns aux compétences des autres, afin que les crédits alloués par la tutelle soient utilisés à bon escient. Désormais, il sera demandé aux établissements de l'enseignement supérieur de préciser la nature des relations qu'ils entendent développer avec les milieux socioéconomiques. Il conviendra, en particulier, de procéder conjointement à une évaluation précise des besoins de départ, de définir les modalités réciproques d'action, sans oublier les résultats escomptés. Ainsi, l'Université se voit-elle dotée d'une plus grande autonomie dans la définition de sa stratégie, dans ses initiatives et sa gestion et elle gagnera en efficacité en s'intégrant avec détermination dans le processus de la contractualisation. Il s'agit notamment, pour elle, de mettre ses différentes filières en conformité avec les besoins du marché afin de répondre aux défis de l'employabilité, outre la consolidation de la coopération avec des universités euro-méditerranéennes en vue de s'inspirer de leurs formations appliquées et moderniser les systèmes d'enseignement dans la région tout en se mettant au diapason des progrès scientifiques et des innovations en la matière. Ce partenariat permettra l'harmonisation de nos diplômes nationaux avec les diplômes délivrés et leur confère une valeur et une reconnaissance à l'échelle internationale, l'éclosion de nouvelles idées et projets innovants, notamment, dans le domaine de la formation professionnalisante de qualité, la formation pédagogique liée au système LMD ainsi que la co-diplomation. S.E.M
*** Mutations au niveau du système Entre la première réforme (juillet 1989) et la seconde (avril 2008) de l'enseignement supérieur tunisien, ce système a connu des grandes mutations au niveau des programmes, des filières, du nombre des étudiants, des établissements et de l'organigramme. Aujourd'hui, le nombre des étudiants est de 370 mille (59,9% sont des filles) correspondant à un taux de scolarisation universitaire des 19-23 ans de 36.6% alors qu'il n'était que de 6% en 1987. Les universités des régions de l'intérieur comptent près de 133 mille étudiants (150 mille dans les prochaines années). Les universités privées (32 établissements) accueillent, cette année, 13 mille nouveaux bacheliers. La période écoulée a été marquée par la création de plusieurs nouveaux établissements. L'on est passé de 3 universités à 13 et de 36 établissements à 192 en 2009-2010 contre 107 en 2000-2001. Quant au nombre des filières universitaires, il est passé de 30 à 785. Au total, 68 masters seront enseignés dès la prochaine rentrée dans les différentes universités tunisiennes, soit 63 professionnels, et 5 de recherche. Ils s'inscrivent dans le droit fil du processus de professionnalisation de l'enseignement supérieur. Par ailleurs, des crédits de 2 millions de dinars ont été alloués aux activités culturelles, sportives et de loisirs en milieu universitaire. Le taux de réussite élevé (73,4%) au cours de 2008/2009 avec notamment près de 60.000 nouveaux diplômés dont cinq mille ingénieurs, l'orientation des nouveaux bacheliers, dont 75% de suites favorables aux 15.000 demandes de réorientation, l'allocation de 250 millions de dinars pour les oeuvres universitaires dont 100 millions de dinars à titre de bourses et prêts au profit des étudiants en Tunisie et à l'étranger, sans oublier les 93 foyers universitaires dotés d'une capacité de 85 mille lits et les 144 autres foyers privés pour accueillir 11 mille étudiants. Un déficit de 4500 lits reste à combler en collaboration avec le secteur privé. La logistique compte également 75 restaurants universitaires qui assurent plus de 21 millions de repas par an. Qu'il s'agisse de filières d'orientation, de carte universitaire, d'œuvres universitaires, d'opérations d'orientation ou de réorientation, de méthodes pédagogiques de formation ou de contenus, l'université tunisienne doit poursuivre un bouquet d'objectifs structurants : offrir des enseignements adaptés aux besoins du marché intérieur ou extérieur de l'emploi, décentraliser les prestations universitaires toutes catégories confondues afin de les rapprocher des bénéficiaires, garantir à tout bachelier le droit à un choix d'avenir, dans une démarche d'équité.