Elle a su créer une atmosphère... Pas de dessin, pas d'esquisse, pas de traits, et pourtant, les visages d'Ymen Berhouma expriment profondément la tristesse, ou la nostalgie, le rêve ou la solitude. Une solitude qu'elle revendique comme essentielle à son travail. La solitude besogneuse de l'atelier, celle d'une artiste qui n'aime rien tant que de se retrouver face à la toile, sans préparation, sans préavis, sans a priori, aussi. «Je n'ai pas de chevalet : la toile est par terre, je tourne autour, je la retourne dans tous les sens avant de trouver un angle d'attaque. Et puis, à un moment donné, quelque chose apparaît. Je le suis. Cela peut aller dans une direction abstraite ou figurative, je ne le sais jamais à l'avance. Peut-être parce que je suis une autodidacte, et que je n'ai pas appris le processus classique» Mais une autodidacte au talent certain, une artiste à la discipline de fer, qui ne croit pas à la virtuosité mais à la vertu du travail, et qui avoue : «Ce que j'aime le plus dans mon travail, c'est le temps que j'y consacre». Une artiste qui ne cesse d'évoluer au rythme de ses rencontres avec son public, et dont la touche s'affirme, sans jamais s'éloigner de cet univers étrange, un peu fantomatique qui fait sa spécificité. Aïcha Gorgi, qui la suit depuis ses débuts, et qui, avec son instinct de découvreur de talents, a tout de suite misé sur elle, confirme: «Ymen Berhouma présente un travail de matière très intéressant. Dans cette exposition, ses visages sans dessins, sont d'une magnifique expression. On partage totalement leurs sentiments, nostalgie ou rêveries. Cette artiste évolue de façon formidable depuis le début. Elle ne quitte pas son atelier. Et en art, plus qu'en toute autre chose, le travail finit toujours par payer. Ymen Berhouma a une personnalité, a su créer une atmosphère. Et c'est ce qui m'intéresse».