Parmi les réformes prévues pour relancer l'économie nationale, il y a celles qui concernent la compensation, le secteur bancaire et la fiscalité. Des mesures audacieuses seraient prises en vue d'améliorer la situation économique tout en rationalisant le recours aux crédits extérieurs. La Tunisie a eu, depuis quelques années, recours au financement extérieur pour pouvoir réaliser un ensemble de projets de développement et assurer le bon fonctionnement de l'administration. Les experts en économie ont mis en garde le gouvernement contre un recours excessif aux prêts extérieurs qui ont atteint les 54% du PIB. Certes, notre pays a toujours su rembourser les crédits contractés à temps et a même convaincu certains pays européens à convertir les crédits en projets de développement. Cependant, il est nécessaire de compter davantage sur nos ressources locales — en améliorant la productivité et en créant de nouvelles richesses — pour pouvoir obtenir les financements nécessaires au lieu de recourir aux banques étrangères qui exigent toujours d'appliquer certaines réformes douloureuses susceptibles d'assainir la situation économique. Les études ont montré que la productivité a sensiblement diminué au cours des dernières années, ce qui ne permet pas de générer de nouvelles richesses ni d'exporter de grandes quantités de produits vers les marchés extérieurs. Les fonctionnaires dans les administrations et les entreprises publiques ou privées se contentent d'exécuter le minimum de leur travail pour bénéficier de leur salaire. Pis, les grèves et les arrêts de travail à répétition n'ont pas permis aux entreprises de retrouver le rythme normal de la production. Une telle situation n'encourage pas les investisseurs étrangers de venir créer leurs projets en Tunisie. Pour combler son déficit, l'Etat est donc obligé de solliciter des financements de la part des banques étrangères; comme la Banque mondiale et le FMI. Réformes financières en cours Certaines réformes financières et économiques sont nécessaires pour pouvoir relancer l'économie. Des précautions devraient, toutefois, être prises pour que ces réformes ne se répercutent pas négativement sur les conditions de vie des classes moyenne et pauvre qui n'arrivent pas à vivre décemment compte tenu de la cherté de la vie. L'une de ces réformes difficiles et délicates concerne la compensation. Actuellement, tout le monde, riches et pauvres, professionnels et particuliers, tirent profit de la compensation prévue par l'Etat et qui ne cesse d'accroître d'une année à l'autre compte tenu de l'enchérissement des prix des matières premières sur le marché international. Il s'agit de rationaliser l'utilisation de la compensation en ciblant les personnes qui ont vraiment besoin de subventions pour leur permettre de vivre dignement et de préserver leur pouvoir d'achat. Or, il s'est avéré qu'au cours des dernières années, les personnes appartenant à la classe moyenne ont vu leur pouvoir d'achat s'éroder. De fait, elles réclament à l'Etat de les intégrer dans la liste des personnes qui doivent bénéficier des subventions pour qu'elles puissent, elles aussi, avoir un pouvoir d'achat raisonnable leur donnant la possibilité d'acheter le minimum de produits de base. C'est un vrai dilemme auquel les pouvoirs publics doivent faire face avec l'équité et la transparence requises pour ne léser personne. Certains professionnels utilisent, à titre d'exemple, la farine et l'huile végétale compensées pour fabriquer des gâteaux et des produits vendus au prix fort. Or, les produits compensés sont destinés essentiellement aux ménages pour leur consommation courante et non pas pour les professionnels. Les services de contrôle économique relevant du ministère du Commerce et de l'Artisanat ont multiplié, au cours des derniers mois, les inspections dans le cadre de campagnes de rationalisation des prix et ont pu découvrir des infractions graves qui consistent à utiliser les produits compensés d'une façon illégale par les professionnels. Ces derniers — ou du moins certains d'entre eux — préfèrent s'approvisionner des grandes surfaces ou des points de vente en détail au lieu d'acheter ce dont ils ont besoin chez les grossistes, et ce, pour élargir leur marge de bénéfice quitte à léser les consommateurs. Ouverture du capital des banques Le secteur bancaire occupe également une place de choix dans les réformes exigées. Un audit a concerné les trois banques nationales, à savoir la Banque de l'Habitat, la Société tunisienne de banque et la Banque nationale agricole qui ont joué un rôle de premier ordre, dès leur création, pour financer l'économie nationale et contribuer au développement des secteurs productifs, comme l'industrie, les services, l'habitat et l'agriculture. Cependant, au fil des ans, des problèmes se sont accumulés — à cause des mauvais payeurs notamment —, ce qui a rendu la situation financière de ces banques peu confortable. D'où les audits effectués par des bureaux d'études sélectionnés après appel d'offres pour définir les points faibles et forts et essayer d'effectuer les correctifs nécessaires sur la base de recommandations émises. Ces institutions doivent continuer à effectuer leur mission avec un meilleur rendement en introduisant les améliorations qui s'imposent au niveau des méthodes de travail, des services et de la gestion. La bonne gouvernance exige que toutes les opérations financières soient effectuées dans la transparence totale, en se référant et en appliquant scrupuleusement la réglementation en vigueur qui prévoit, entre autres, des précautions et des mesures prudentielles lors de l'étude des dossiers des clients pour éviter les financements douteux et les projets peu rentables. Dans ce cadre, l'ouverture du capital des banques pour des actionnaires extérieurs a été proposée en vue d'améliorer les fonds propres des banques. Le rendement des fonctionnaires des banques doit, de même, être amélioré à la faveur des sessions de formation continue pour mettre à niveau les compétences des agents et des cadres qui sont en relation directe avec les clients ou qui assurent la gestion des dossiers. A la faveur de cette réforme, les banques sont appelées à relancer leurs activités sur des bases solides et saines afin d'assurer leur pérennité et de fournir aux clients des prestations de qualité. L'investissement consenti pour effectuer l'audit des banques doit avoir ses effets bénéfiques sur la gestion et le développement à moyen et long terme.