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Les préalables d'une rentabilité agricole
Entretien avec M. Abdelmajid Ezzar, président de l'UTAP
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 05 - 2015

Les problèmes du secteur agricole sont nombreux et freinent la productivité. Pourtant, la Tunisie a choisi de réaliser sa sécurité alimentaire pour réduire les importations des produits agricoles. M. Abdelmajid Ezzar, président de l'Utap, nous explique les difficultés du secteur et propose des solutions.
Quels sont les principaux problèmes auxquels sont confrontés les agriculteurs ?
L'un des principaux problèmes de notre agriculture est l'absence du rendement à cause d'une faible productivité, d'une difficulté d'accès au financement pour nombreux agriculteurs, d'un manque d'eau. Le nombre des superficies irriguées est limité alors que les problèmes fonciers ne permettent pas aux agriculteurs d'accéder au financement et d'introduire de nouvelles technologies. En plus, les facteurs naturels sont une source de préoccupation pour les agriculteurs qui doivent affronter des conditions climatiques défavorables comme les inondations et la sécheresse. Les sociétés d'assurance ne veulent pas assurer les agriculteurs, ce qui aggrave leur cas. Nous avons appelé, à plusieurs reprises, à créer un Fonds des catastrophes climatiques car les agriculteurs ne peuvent pas, à eux seuls, supporter les effets climatiques désastreux. Toute la collectivité est concernée par le rendement agricole. En cas d'impossibilité de rembourser ses crédits à temps, l'agriculteur peut perdre sa terre. Nous avons vécu deux campagnes difficiles caractérisées par des conditions climatiques rigoureuses. Les problèmes de l'écoulement et de la distribution des produits agricoles doivent être également traités. C'est que les circuits de distribution sont peu transparents. Les agriculteurs vendent leurs produits à prix réduits mais sont vendus aux consommateurs à prix élevés. A titre d'exemple, le ministère du Commerce a importé des quantités d'agneaux en vue de baisser les prix et protéger, selon lui, le pouvoir d'achat des citoyens. Mais je ne suis pas sûr qu'un tel objectif va être atteint car quelle est la différence entre 17 et 20 dinars le kg ? La différence n'est pas très grande, mais avec cette importation on va porter atteinte au système national de production.
Il semble qu'on a décidé cette importation sans prise de conscience. Qu'on clarifie nos choix, on veut d'une production nationale de viandes rouges ou non ? En fonction de la réponse on peut agir. On peut citer aussi le problème des intrants qui ne sont pas toujours disponibles et avec la qualité exigée et ne répondent pas aux normes en vigueur. Pourtant les agriculteurs les achètent au prix fort au marché formel.
Pour ce qui est de la pêche, le secteur souffre encore de l'anarchie, de l'absence de l'assurance et de la couverture sociale, de la désertification de la mer même si le repos biologique est décrété mais qui n'est pas bien appliqué.
Comment augmenter la production des ovins pour éviter ou du moins réduire les importations ?
L'importation des agneaux ne se fait pas à cause du manque de production au niveau local, mais pour une prétendue baisse des prix pour les consommateurs. Mais comme je l'ai déjà expliqué, la différence entre le prix du mouton local et celui importé n'est pas très grande et se limite à 3 dinars seulement. Les éleveurs font face à multiples problèmes comme le coût de la production de plus en plus élevé à cause des aliments composés. Nous avons toujours appelé les autorités publiques à un dialogue national relatif aux politiques agricoles pour identifier les solutions appropriées.
Pour ce qui est de l'eau par exemple, il est possible d'utiliser l'eau usée traitée pour l'irrigation des cultures fourragères. On n'a pas tiré un grand profit de ces ressources. Pourtant, l'agriculture est la locomotive de l'économie. Une conférence a abordé, récemment, l'utilisation des eaux traitées dans l'agriculture. Des programmes sont disponibles mais l'absence du financement retarde leur réalisation par l'Office national de l'assainissement. Les eaux traitées sont ainsi déversées en pleine nature et contribuent à polluer le milieu réceptif comme la mer et la terre.
Quelles sont les solutions envisageables, selon vous, pour les terres domaniales ?
Les terres domaniales sont de plusieurs natures. Il y a celles qui relèvent de l'Office des terres domaniales (OTD), des sociétés de mise en valeur et de développement agricole, des fermes qui étaient octroyées sous l'ancien régime selon le copinage et le favoritisme. Depuis quelque temps, on a décidé de remettre ces terres à ceux qui disposent des capitaux et qui ne sont pas souvent des agriculteurs, et ce, dans le cadre des plans de réinvestissement. Les agriculteurs vont être réduits au rôle de simples ouvriers.
A notre avis, ces terres doivent revenir aux agriculteurs qui doivent trouver l'appui financier nécessaire de la part de l'Etat. Il faut éviter l'utilisation irrationnelle de ces terres et le morcellement. La Banque nationale agricole (BNA) n'a financé l'agriculture qu'à hauteur de 7 à 8%, les principaux financements sont plutôt octroyés au secteur des services.
Pourquoi vous n'êtes pas favorable à l'organisation d'un congrès extraordinaire, comme le réclament certains agriculteurs ?
On a déjà tenu un congrès extraordinaire en 2013. Par le passé, ces congrès étaient formels dans la mesure où c'est le président de la République qui désigne le président de l'Utap. Le dernier congrès légal a réuni plus de 800 délégués et était ouvert à tous les agriculteurs et aux moyens d'information. On n'a pas travaillé dans des salles closes. Tout le monde s'est mis d'accord sur la périodicité des congrès dont chacun s'étale sur cinq ans pour laisser l'Organisation travailler au profit des agriculteurs. Pourquoi ces contestataires n'ont pas manifesté leur désaccord lors du congrès, où étaient-ils? Le congrès constitue l'autorité suprême dans l'approbation des décisions. Pourquoi ces contestataires ont fait leur apparition après deux ans du congrès?
En plus, le mauvais rendement de l'Utap ou tout autre problème doit être soulevé lors des réunions organisées sur les plans local, régional et national. Notre objectif final est d'être au service des agriculteurs. Les voyages effectués par le président de l'Utap qui sont contestés entrent dans le cadre de ses activités car il fait partie de l'Union maghrébine des agriculteurs (Umagri) et de l'Organisation africaine (Propac) et il doit être présents aux rencontres qui se tiennent dans le contient auxquelles l'organisation est invitée.
L'endettement des agriculteurs ne cesse de s'aggraver. Comment peut-on résoudre ce problème ?
L'endettement doit être traité dans sa globalité. Les conditions climatiques, le flou qui caractérise les circuits de distribution et le manque de productivité sont principalement à l'origine de cette situation peu enviable. D'où l'importance de la création d'un Fonds de lutte contre les catastrophes naturelles au profit des agriculteurs. On a proposé à l'Assemblée nationale constituante d'effacer les dettes des agriculteurs dont le principal est de 10.000 dinars et qui concernent 90% des agriculteurs. Ils ont ramené ce chiffre à 5.000 dinars. Nous avons accepté ce chiffre à contrecœur. Mais les pouvoirs publics ont promulgué des textes qui incluent les familles nécessiteuses dans cette décision. On a appelé à ce que cette loi soit révisée de nouveau au sein de l'Assemblée des représentants du peuple.
Plusieurs agriculteurs n'ont pas souscrit à une assurance ? Pourquoi ne pas les sensibiliser ?
Ce sont les sociétés d'assurance qui ne veulent pas assurer les agriculteurs sans doute compte tenu du coût que cela représente. Au contraire, nous avons toujours appelé à ce que des assurances soient offertes au secteur. Certaines sociétés ne veulent pas assurer les agriculteurs contre les grêles, ce qui n'est pas normal. L'intervention de l'Etat demeure nécessaire pour appuyer les efforts des agriculteurs.
Quels sont les défis des agriculteurs pour assurer à terme la sécurité alimentaire dont on a beaucoup parlé mais qui tarde à venir ?
La sécurité alimentaire ne se limite pas à l'abondance des produits agricoles. Certes, un minimum de ces produits doit être disponible pour satisfaire les besoins des consommateurs et assurer surtout un bien-être alimentaire. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire d'avoir essentiellement l'eau et les semences. Evidemment, il va de soi que les autres problèmes que nous avons énumérés comme la productivité, le savoir-faire, la commercialisation, le foncier et l'endettement doivent trouver des solutions rapidement.
Propos recueillis


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