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" Au fil de ma vie " de Mohamed Salah Mzali: 38 ans et pas une ride
Publié dans Leaders le 29 - 09 - 2009

Il y a quelques jours, en passant par la rue des tanneurs à Tunis, devenue depuis quelques années le fief des bouquinistes de la capitale, mon attention est attirée par un vieux livre exposé à même le sol. Son titre, " AU FIL DE MA VIE " de Mohamed Salah Mzali, l'ancien Président du Conseil au début des années 50 sous le protectorat ( à ne pas confondre avec son homonyme Mohamed Mzali, Premier ministre de 1981 à 1986 ).
Le livre édité par le propre fils de l'auteur en 1972, épuisé depuis longtemps et jamais réédité avait connu un succès d'estime lors de sa parution. Faisant partie de la génération de l'indépendance qui s'était abreuvée depuis sa tendre enfance aux sources de la propagande officielle, je ne tenais pas l'auteur en très haute estime et ne voyais pas l'utilité de lire un livre commis par celui que je considérais comme un collaborateur avéré des autorités du protectorat. Car pour les Tunisiens de ma génération, " les réformes Mzali-Voizard " sonnaient comme un coup de poignard porté dans le dos de la résistance et, au surplus, survenu au mauvais moment, le fameux " dernier quart d'heure " dont parlait Bourguiba.
Comprendre avant de juger
Le travail de mémoire engagé depuis une vingtaine d'années nous a dessillé les yeux sur certains faits historiques. il nous a appris surtout à faire preuve d'empathie avant de juger et de contextualiser pour mieux comprendre. Du coup, l'histoire du mouvement national revisitée apparait sous son vrai jour avec ses personnages faillibles alternant les moments d'abattement et d'exaltation, les pires mesquineries et la grandeur d'âme, l'opportunisme et le désintéressement au gré des évènements. Enfin débarrassé de mes oeillères, je me suis donc plongé dans la lecture du livre de M.S. Mzali, impatient de connaître les véritables mobiles d'un homme longtemps diabolisé et livré à la vindicte publique et vérifier dans quelle mesure les faits qui lui étaient imputés correspondaient à la réalité.
Disons-le d'emblée: la lecture du livre est un véritable enchantement. Né en 1896, docteur en droit, historien, auteur de plusieurs livres sur Kheireddine Pacha auquel il vouait une grande admiration, l'auteur passe en revue un demi siècle d'histoire politique de la Tunisie, une période riche en évènements, avec un brio qu'aucun auteur tunisien ou étranger n'a réussi à égaler jusqu'ici. Une vaste fresque peuplée de rois, de courtisans, d'hommes de religion et d'hommes politiques peinte (avec quel talent !) par un homme qui n'a rien à envier aux grands écrivains.
Certains passages me font, d'ailleurs, penser à Benoît-Méchin. Evidemment, le livre est aussi un plaidoyer pro domo où l'ancien Président du Conseil expose le bien-fondé des positions qu'il a prises au cours de sa carrière et notamment les fameuses réformes présentées comme un pas décisif vers l'autonomie interne. Il est certes difficile de se prononcer aujourd'hui sur leur portée réelle, ayant été étouffées dans l'oeuf du fait de l'opposition du parti, mais ce qui est sûr, c'est que rien dans la vie personnelle ou la longue carrière de l'auteur que ce soit dans l'enseignement ( il compta, notamment, parmi ses élèves un certain Habib Bourguiba, Mongi Slim, premier africain à présider l'Assemblée générale de l'ONU en 1961 et Mahmoud Messadi, ministre de l'éducation nationale de 1958 à 1968, penseur et homme de lettres ), l'administration (en tant que Caïd) ou la politique ( ministre dans plusieurs gouvernements, il a été déporté à Kébili en 1952) n'autorisait à mettre en doute son intégrité morale ou son patriotisme. Tout au plus était-il, du fait de sa formation et de son éducation, mais aussi de son âge par rapport aux jeunes loups du parti, plus porté sur le dialogue et la négociation que sur l'action violente.
Il est tout entier dans ces lignes consignées dans un rapport confidentiel signé par le tout-puissant inspecteur général des Contrôles Civils, Bertholle, produit comme pièce à charge devant le tribunal pour le confondre devant l'opinion: " malgré les qualités professionnelles incontestables de cet agent, on ne peut affirmer qu'il montre un dévouement inconditionnel aux autorités du protectorat ".
Au terme d'un procés inique, Il est condamné à 10 ans de prison, à l'indignité nationale à vie et à la confiscation de ses biens. Injustement comme le furent Tahar Ben Ammar, Mohamed Attia, premier agrégé et directeur tunisien du collège Sadiki, Hamadi Ben Salem, gendre du Bey et tant d'autres. En 1966, il bénéficie d'une grâce amnistiante qui équivaut à une réhabilitation.
Pourtant, 50 ans après les faits, la mémoire de M.S. Mzali continue de souffrir d'un déficit d'image dans certains milieux : Calomniez, calomniez , il en restera toujours quelque chose. Une réédition de ce livre pourrait contribuer à réhabiliter pleinement cet homme aux yeux de son peuple, cette fois-ci, et lui permettre d'occuper la place qui lui revient dans le Panthéon des grands hommes de notre pays. Au regard des éminents services qu'il a rendus à la Tunisie dans les divers domaines, il l'aura bien mérité.


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