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Comment exorciser les fantômes de la gauche tunisienne?
Publié dans Leaders le 21 - 02 - 2014

La reprise du dialogue nationale présage de la préparation des prochaines échéances électorales. Notre quartet devra trancher sur des questions telles que: opter pour un code ou plutôt une loi, les modes et voix de scrutin, tout autant de dispositions techniques et de débats qui en filigrane traduiront les préoccupations de notre élite économique, politique et syndicale à faire en sorte d'éviter la reproduction des disfonctionnements pour ne pas dire abus des élections du 23 octobre 2011. En effet, les dernières échéance sont non seulement mis en exergue la nécessité d'«un vote» utile mais elles ont surtout révélé l'importance du contrôle du financement des partis et surtout des campagnes électorales. Ce malaise de tout un pan des analystes et des acteurspolitiques traduit aussi une volonté, à peine voilée, de trouver «the best way» si ce n'est «the one best way» de minimiser la représentativité du vote Ennahdha ou droite islamiste lors des prochaines élections. En effet, à la sortie des urnes, le23 octobre,les résultatsont été non seulement à contre sens des préoccupations et des slogans de la révolution, mais ils ont surtout sanctionné les formations politiques dites de gauche ou de centre gauche telles que Joumhouri (ancien PDP, AfekTounes, le Parti démocratique et de la justice et de la justice sociale et de personnalités indépendantes), le parti al Massar (Ettajdid et Pôle démocratique moderniste).
Ce cataclysme politique a poussé la gauche dans ses retranchements au point de l'acculer à un rôle prédéfini, celui de l'éternel contestataire, qui a défaut de révision de son programme, de son mode de scrutin en interne et de larestructuration de ses organes et ses bases, s'est vue petit à petit disloquées, perdre des adhérents et «ténors» au profit notamment du parti Nida Tounes.C'est dans cette mouvance de recherche de pistes à la compréhension de cette rupture inédite vécue entre la gauche et l'électorat tunisien, qu'apparait dans les éditions Diwen, un essai intitulé «Pour une refondation de la gauche tunisienne» (1) écrit par Monsieur Baccar Gherib, Doyen de la faculté des Sciences Juridiques, économiques et de gestion de Jendouba et membre du parti de gauche Al Massar. De notre lecture de cet essai nous pouvons avancer que le maître mot défendu par l'auteur est celui «de résilience», résilience de l'idéologie, résilience de la vulgate proposée envers et pour une société tunisienne qui s'interroge sur l'utilité de la gauche dans un contexte non seulement de libéralisation des marchés mais surtout d'échec de celle-ci aux dernières élections. Cette injonction de l'auteur est présente tout au long de la démonstration afin de justifier,non plus une posture «idéologique» mais surtout une posture «politique»qui souhaite voir la gauche tunisienne proposer une «nouvelle donne», profiter d'un «Zeitgeist», ce nouveau souffle,qui pourrait remettre en selle cette dernière pour les prochaines échéances politiques.
Cet essai est composé de quatre moments-phare: le temps du bilan, celui de l'ante révolution, où nous trouvons un constat sans appel de la politique de Ben Ali et avant elle, les séquelles des politiques d'ajustements structurels «PAS», des choix des politiques économiques le secteur privé et notamment l'industrie (nécessaire à la création de richesses en terme de PIB) ont été les parents pauvres. De même, ce raisonnement aboutit à démontrer comment le modèle républicain de développement a pâti,et avec lui la notion d' «Egalité», aussi bien entre régions que les catégories sociales. Cette rétrospective est à mon sens bénéfique puisqu'elle permet au lecteur, notamment les plus jeunes de revenir sur les événements qui constituent les préalables «de la révolution», afin de comprendre les possibles causes qui ont abouti à un «14 janvier 2011». Dans un second volet, M. Baccar Gherib, nous présente une contribution lucide et courageuse sur l' «Aggiornamento» que ce soit de faire la gauche dans le but de construire un projet économique en phase avec un monde globalisé et rompre avec un interventionnisme «tous azimuts» de l'Etat Providence. Cette révision du programme économique est nécessaire si la gauche veut être présente aux affaires et prétendre à l'exécutif. Quant à la troisième partie de l'essai, nerf de la guerre, de l'introspection que la gauche doit mener, et donc la partie la plus audacieuse, à notre sens, car elle propose une nouvelle relation avec le culte et notamment avec «la religion». En effet l'auteur nous invite à la redécouverte de «Imra'atuna fi al charia wa al mujtamaa» de Tahar Hadad (1929), qui institue réellement la réforme et la révision de la position du dogme sur les droits des femmes grâce à des techniques de l'exégèse, notamment «à l'ijtihad» ( p 72). Le travail de modernisation institué par Bourguiba est salué, la politique par étape«gradualisme pédagogique» (p 79) dont est adepte le Zaim, a consisté à faire appel aux érudits de la Zeitouna, les plus éclairés d'entre eux, afin de promouvoir des textes de lois qui tout au conservant l'identité arabo-musulmane du pays, permettaient d'instituer des pratiques et des valeurs modernes (même si l'auteur ne cite pas le cheikh et syndicaliste Mohamed Fadhel Ben Achour dans lequel Bourguiba voyait «la tête pensante» au sein de la Zitouna, propos retranscrits par T. Belkhodja dans« Le Kef et le rêve unitaire: La conférence de Tanger», Les trois décennies Bourguiba. Témoignage,1998)).
Nous retrouvons ainsi un appel à la reconnaissance des valeurs humanistes de l'Islam et en phase avec la vulgate marxiste telles que l'Egalité, la Liberté, ou encore le Travail. L'auteur présente aussi les dignes héritiers de cette «tradition tunisienne» de la modernité par l'appelle à l'ijtihad ou approche herméneutique de non exégètes tels que Mohammed Charfi ou encore de Mohamed Talbi. Quant à la quatrième partie de l'essai, elle retranscrit l'opportunité de l'instant historique pour la gauche tunisienne afin de sortir des carcans de «l'orthodoxie» de l'âge «idéologique» ou des salons symptomatique des discussions de la gauche «bobo»vers un âge «politique» celui qui consiste à «se salir les mains» (p 89) et produire un programme tenant compte des sensibilités et identités du plus grand nombre d'électeurs tunisiens.
L'ouvrage représente pour nous une occasion fort intéressante de (re)découvrir des moments politiques forts de notre pays au prisme d'une lecture aussi bien historique, économique et parfois même sociologique.
Cependant nous restons un peu sur notre faim car l'auteur n'évoque pas la structure même des partis quià notre avis, représente aussi une faiblesse des partis de gauche, comment gérer en intra? Quelle procédure développée afin de faciliter l'accès aux militants de base à la suprastructure de l'organigramme du parti? Ou encore comment permettre aux femmes d'accéder à des postes de dissidence au sein des bureaux exécutifs des partis?
Aussi, nous estimons que l'apport inédit dans cet essai est nul conteste, la vision du religieux et comment la gauche ne doit aucunement laisser à d'autres le monopole de son traitement pédagogique. Cependant, le cheval de bataile est de savoir si une gauche qui s'attèle au religieux, à la thèse de «l'exégèse de tous etpour tous», peut trouver preneur ? Cela est possible si nous parlons d'une élite, d'intellectuels capables d'abstraction telle que Youssef Sedik, Mohammed Charfi, Mohamed Talbi ou encore Olfa Youssef, qui au péril de leur vie tente d'apporter une nouvelle dimension, posture et angle épistémologique digne de beaucoup de «philosophes herméneutiques». Mais cette position nous semble parfois comparable à une boîte de Pandore qui pourrait donner la possibilité à d'autres lectures cette fois ci, en contradiction avec la tradition tunisienne, porteuses de régressionsnon adaptées à «Islam» Tunisien (défendus par de nouveaux partis récemment visés par le ministère de l'intérieur et parfois par une l'aile dure d'Ennahdha). Pouvons-nous dans ce cas légitimer deux discours: demander de nouvelles lectures de l'Islam dites «modernistes» et dans un même temps invoquer «un moratoire» pour d'autres? Dans un contexte médiatique marqué par des lectures wahhabites de la religion, la Tunisie peut-elle imposer une lecture politique et religieuse qui lui soit spécifique? C'est tout l'enjeu auquel tentera, non seulement de répondre la gauche tunisienne, mais toutes les parties prenantes de la période transitionnelle que nous vivons, et ce, tant que certains partis politiques ont choisi de mêler le religieux à la vie politique de notre Pays?!
Khaoula Benmansour
(1) Baccar Ghérib, «Pour une refondation de la gauche tunisienne», Edition Diwan Tunis 2013

Tags : dialogue nationale Nida Tounes Ben Ali Bourguiba Islam Ennahdha


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