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La Libye sans Etat : Y a-t-il une solution pacifique à la crise?
Publié dans Leaders le 06 - 11 - 2014

Le tribunal constitutionnel libyen vient de rendre son verdict: le nouveau parlement doit être dissout ! Je l'avais déjà dit plusieurs fois, les élections libyennes qui ont donné naissance à cette instance et même celles qui l'ont précédé étaient précipitées et ne représentaient pas une solution durable à la crise libyenne. En effet, la crise libyenne plonge ses racines dans une longue histoire politique, et si on n'en prend pas conscience il est difficile de lui trouver une solution valable, applicable et durable, tandis que les mauvais conseillers, bien intentionnés ou non, continueront à pousser ce pays, de l'intérieur ou de l'extérieur, dans une impasse de laquelle on ne sort que pour entrer dans une autre.
Un chaînon manquant : la culture électorale
Pour comprendre ce phénomène dans sa profondeur sociale et plancher sur une solution, nous avons besoin d'un petit détour d'anthropologie historique.
Au début du siècle dernier, en novembre 1912, les ottomans s'étaient retirés officiellement, sous la pression italienne, de leur dernière province en Afrique du Nord, c'est-à-dire de la Libye actuelle. Et dans une petite localité au sud de Tripoli, Tripolitains et Italiens se sont rencontrés pour la première fois pour discuter entre autres du point suivant: une fois que les premiers auront accepté le rattachement de leur pays à l'Italie comment les lois italiennes, reposant sur les droits de citoyenneté, vont-elles être appliqués en Libye. Je précise ici que cette curieuse question s'est glissée dans la discussion d'une manière inattendue: si les Libyens acceptent que les lois italiennes soient appliquées dans leur pays, des jeunes libyens pourraient devenir des soldats italiens guerroyant en Europe, y compris contre les ottomans dans les Balkans!.
Au cours de la discussion les Italiens ont laissé entendre à leurs interlocuteurs que l'application stricte de ce principe pourrait conduire à des élections, faisant par là allusion au statut juridiquement révocable des leaders libyens assis devant eux, puisqu'ils n'étaient pas élus par les libyens pour les représenter à ces pourparlers. Résultat: les leaders libyens ont retiré ce sujet de la discussion.
Ma remarque est que depuis ce moment-là, les acteurs politiques libyens n'ont jamais cherché sérieusement à asseoir leur légitimité politique sur le principe des élections dans sa version moderne : la constitution de 1951 interdit le multipartisme et le régime de la Jamahiriya considère les élections comme le plus gros mensonge de la démocratie.
J'avance ces remarques historiques pour poser la question suivante: peut-on concevoir aujourd'hui une solution politique transitoire à la crise libyenne sur la base d'une légitimité électorale génératrice d'institutions politiques bénéficiant d'une force de dissuasion ou de coercition garantissant la souveraineté de l'Etat?
En réalité, ce qui s'est produit depuis la chute du régime de Kadhafi représente une très douloureuse expérience d'apprentissage du principe des élections et des valeurs culturelles qui le soustendent.
En effet, dans un premier temps, et après avoir dissout le Conseil National de Transition présidé par Mustapha Abdeljalil, on a conçu un Conseil National dont 60% des membres étaient élus avec un statut d'indépendants, c'est-à-dire qu'ils étaient plébiscités non sur la base de programmes électoraux mais en référence à leurs personnes et au poids de leurs familles dans les communautés locales, exactement de la même manière dont fonctionnaient les anciens Comités et Populaires au temps de Kadhafi. De même, le comité des 60 chargé de rédiger la constitution a été élu de la même manière qu'il y a 65 ans, lorsque le Fezzan où vivaient 50.000 personnes seulement avait autant de représentants au sein de ce comité que la Tripolitaine où vivaient environ 800.000 personnes. Aujourd'hui encore, le Fezzan avec sa population d'environ 150 mille habitants a autant de représentant que les 3 millions de Tripolitaine et les 1.5 million de la Cyrénaïque. Sans oublier le problème des amazighes du Jebel Nefousa qui ne sont pas représentés dans ce comité.
La crise du Conseil National et du gouvernement qui en était issu a fait qu'on s'est orienté vers la mise en place d'une nouvelle institution, le nouveau parlement. Mais l'enseignement majeur que la classe politique libyenne a cru bon de tirer de cette première expérience est que les partis politiques sont le mal qu'il faut éviter dans toute élection future et que le modèle du représentant du peuple serait le candidat indépendant, c'est à dire exactement comme kadhafi le pensait. Résultat : les membres de la nouvelle Assemblée Nationale ne représentent, selon une partie de ceux qui ont perdu les élections, que ceux qui les ont élus, lesquels ne seraient que des connaissances et des entités parentales, puisque les candidats n'étaient pas élus sur des programmes à réaliser. Ne parlons pas ici de la question de l'intervention étrangère dans cette affaire.
Mon idée est que les Libyens ont hérité une expérience politique historique qui ne les prédisposent pas à la refonte immédiate de leur Etat selon les principes des élections au suffrage universel. Les institutions qu'ils ont expérimentées ne leur ont pas permis de se doter de moyens politiques matériels et idéels légitimes permettant à l'Etat d'imposer son autorité, de se défendre et de défendre la société.
A tout cela, je peux ajouter le fait que toutes ces tentatives n'auraient jamais vu le jour sans l'intervention étrangère, et que l'usage intensif de la violence armée (l'aventure de Haftar) pourrait avoir des conséquences très graves à l'intérieur et à l'extérieur du pays pouvant se poursuivre durant de longues années encore.
A partir de ces remarques je me hasarderais à dire que la Libye a peut-être commis une erreur monumentale lorsqu'elle est s'est empressée de procurer à son Etat et ses représentants une légitimité électorale. Et je me demande même si elle n'a pa été mal conseillée dans ce domaine.
Je vais encore plus loin dans cette réflexion : une fois que le tribunal constitutionnel s'est prononcé sur le nouveau parlement, serait-il concevable aujourd'hui de faire revenir le processus de transition libyen en arrière, pour reprendre, à l'aide d'un compromis de type semi traditionnel, la formule du Conseil National de Transition durant encore deux ou trois ans, pendant lesquels les libyens seront préparés psychologiquement, institutionnellement et politiquement à la la modernité politique via les élections ?
Mouldi Lahmar


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