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Pour un Secrétariat d'Etat chargé du Patrimoine culturel
Publié dans Leaders le 02 - 01 - 2015

Le nouveau gouvernement promis aux Tunisiens, pour les prochains jours, est censé répondre aux attentes de nos compatriotes désireux de voir les différents départements pris en charge par des ministres qualifiés bénéficiant de larges prérogatives. Bien plus que ses prédécesseurs des quatre dernières années, il a une obligation de résultat tout autant pour les urgences que pour la planification à moyen et long terme.
Pour différentes raisons, le Patrimoine culturel de notre pays doit être considéré comme un domaine d'action prioritaire. Marqueur de l'identité tunisienne multimillénaire et plurielle, rempart irremplaçable contre les extrémismes, sempiternelle victime du pillage des uns et de l'incurie des autres, il constitue un gisement inépuisable d'emplois et un levier fiable pour le développement durable et l'équilibre régional.
Plutôt qu'un legs immuable, le Patrimoine culturel est une construction de l'Homme qui y glane ce qui éclaire le présent et prépare l'avenir. Ceux qui connaissent un tant soit peu le Patrimoine culturel tunisien savent qu'il a des atouts enviables à même de lui permettre de rivaliser avec plusieurs nations qui, moyennant une politique claire et des investissements souvent modestes, ont pu créer des richesses incommensurables qui vont des acquis de la science la plus pointue jusqu'aux petits métiers liés au divers domaines de l'héritage culturel.
Mais force est d'admettre que, malgré quelques mesures ponctuelles prises pendant les quatre dernières années, le Patrimoine culturel tunisien a accumulé les problèmes structurels et ceux liés à la conjoncture qui ne saurait être responsable de tous ses maux, mais qui est souvent incriminée pour les expliquer en raison d'une attitude de déni de responsabilité souvent répandue et destinée à masquer une incompétence caractérisée.
Plus d'un demi-siècle d'attentisme
L'une des raisons structurelles qui se sont manifestées au grand jour, au cours de cette période de transition, réside dans le fait que les trois ministres, qui se sont succédé, au Département de la Culture n'ont eu ni le temps ni les moyens de s'occuper du lourd dossier du Patrimoine culturel. Quels que soient leur bonne disposition et leur savoir propre en ce domaine, les ministres avaient à le gérer au moyen d'une administration centrale squelettique, dépourvue des ressources humaines et du cadre législatif, bases de toute autorité. La Direction générale du Patrimoine, ravivée il y a quelques années, ne pouvait objectivement rien contre la toute-puissance de l'Institut National du Patrimoine et de l'Agence de Mise en valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle (AMVPPC) qui ont vogué, l'un et l'autre, la bride sur le coup, avec des résultats souvent calamiteux.
Mais l'attentisme observé depuis 2011, qui peut être justifié, au lendemain de la Révolution, par la période de transition, remonte au lendemain de l'Indépendance. C'est à cette époque que le Ministre de la Culture a eu sous sa tutelle l'ensemble des activités culturelles (musique, danse, cinéma, arts plastiques, maisons de la culture, bibliothèques publiques, Bibliothèque nationale, festivals de toutes catégories…) régentées, en grande partie, par l'hégémonique Commission culturelle nationale. A ces vastes domaines - auxquels s'ajoutait épisodiquement l'immense secteur de l'Information - était mêlé le Patrimoine confié, au lendemain de l'Indépendance, à l'Institut national d'Archéologie et d'Art (INAA), appelée, depuis 1993, Institut national du Patrimoine.
Cet établissement a, de par son statut et le Code du Patrimoine archéologique, historique et des arts traditionnels, promulgué en 1994, dû s'occuper du Patrimoine archéologique de la Préhistoire à l'époque contemporaine, de l'histoire du pays des origines à nos jours et des arts et traditions populaires dans toute leur variété. Dans ces immenses champs du savoir, il faut considérer la recherche scientifique, la conservation des monuments et des sites ainsi que les musées.
L'Agence Nationale de Mise en Valeur et d'Exploitation du Patrimoine Archéologique et Historique (ANEP), créée en 1988 et dénommée, depuis 1997, Agence Nationale de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle (AMVPPC) n'a ni réellement déchargé ni efficacement relayé l'INP. Face à cette réalité complexifiée et peu heureuse, le ministère de la Culture n'a pas su agir, de manière efficace, parce qu'il était structurellement handicapé.
L'Utilité certaine d'un Secrétariat d'Etat spécifique
Un domaine aussi vaste que celui du Patrimoine culturel mérite pleinement qu'un Secrétariat d'Etat lui soit dédié. Le titulaire de cette fonction ne peut être qu'un connaisseur du domaine aussi bien au niveau national qu'international. Travaillant sous l'autorité du Ministre de la Culture, il le déchargera de la gestion quotidienne d'une tâche spécifique, complexe et hautement accaparante. Siégeant au Conseil du Gouvernement et bien informé de la politique générale du pays dans le domaine, il pourra y contribuer par des dossiers bien instruits.
La réelle supervision des activités des organismes et des Services en charge du Patrimoine sera la première charge à attribuer au Secrétaire d'Etat au Patrimoine culturel. Cette responsabilité politique ne doublera pas celle d'une véritable Direction générale du Patrimoine dotée des services et des compétences humaines qui lui manquent actuellement. Elle assurera la coordination et la planification de tout ce qui touche au Patrimoine culturel.
La coordination politique assurée par le Secrétaire d'Etat concernera d'abord les activités des deux établissements du Ministère de la Culture les plus impliqués dans le domaine du Patrimoine, à savoir l'INP et l'AMVPPC. Mais elle s'étendra aussi, au sein de ce même Ministère, à toute autre direction ou établissement qui a, de près ou de loin, un lien avec le Patrimoine culturel. Ainsi, en est-il, par exemple de la Bibliothèque nationale ou de la Direction des Arts plastiques qui gère le fabuleux Fonds national d'œuvres d'arts, constitué depuis un demi-siècle grâce aux achats de l'Etat.
Une coordination, non moins importante, est à mettre sur pied avec plusieurs départements ministériels dont principalement celui de l'enseignement Supérieur et ceux de l'Education nationale, du Tourisme, de la Défense, des Technologies de l'information et des Finances ainsi que la Banque centrale qui disposent de leurs propres musées, souvent méconnus et dont la tenue varie du meilleur état au délaissement le plus révoltant. Seront aussi concernés par cette coordination le ministère ou tout autre organisme en charge du développement régional et l'omniprésent ministère de l'Agriculture qui gère une grande partie des ressources naturelles dont la mise en valeur peut être combinée avec les biens culturels dans la perspective d'un tourisme alternatif, souhaité et planifié depuis longtemps mais toujours en panne.
Ces vastes entreprises ne sauront pas nous faire oublier la nécessaire révision de mille et une réglementations qui entravent la mise en valeur du Patrimoine culturel et ses corollaires de tout genre. Il suffirait, à ce propos, de mentionner l'attente des collectivités locales et celle de la société civile qui se font entendre, de plus en plus, non seulement par la parole mais par des initiatives souvent admirables, et celle des promoteurs privés qui, disposés à se soumettre à une réglementation raisonnable et respectueuse de l'intérêt général, veulent créer des richesses en investissant dans le domaine du Patrimoine culturel.
Avec de telles perspectives, les Tunisiens seront, à partir de 2015, plus fiers de leur héritage culturel richissime et pluriel, plus immunisés contre les extrémismes et certainement plus prospères. De plus en plus conscients que le dossier stratégique du Patrimoine culturel se place à la croisée des chemins de la démocratie et du développement économique et social, ils ne vivront pas l'amertume de voir un Ministre de la Culture ou du Tourisme mettre trop de temps à découvrir les richesses et les problèmes de leur Patrimoine culturel et leur causer des manques à gagner intolérables.
Houcine Jaïdi
Maître de conférences à l'Université de Tunis


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