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«Les musées et les sites archéologiques peuvent s'en sortir»
Ridha Kacem, DG de l'Agence de mise en valeur du patrimoine
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 07 - 2015

Les attaques terroristes du Bardo et de Sousse ont un impact négatif sur le tourisme, mais aussi sur les musées et les sites archéologiques qui connaissent une désaffection du public. Le budget de l'Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle a connu une chute vertigineuse. Ridha Kacem, son directeur général, apporte un éclairage dans cet entretien sur le rôle de l'agence, ses réalisations et ses difficultés ainsi que ses projets à venir.
Quel rôle joue l'Amvppc dans la mise en valeur et la promotion du patrimoine archéologique et muséographique du pays ?
L'Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle gère une cinquantaine de sites archéologiques et de musées. Il s'agit d'une gestion bicéphale dans la mesure où l'Institut national du patrimoine (INP) intervient sur tout ce qui est scientifique : fouilles, restauration, sauvegarde, gestion des réserves et des collections. Enfin, tout le côté muséographique, qui est pour la Tunisie une notion nouvelle dont on a commencé à prendre, compte en 2001/2002 en concordance avec le projet financé par la Banque mondiale que j'ai eu l'honneur de diriger avec ses différentes composantes dont une stratégie nationale des musées. Mais l'INP reste le propriétaire des lieux. Il a les clés des musées et des sites archéologiques, la surveillance et la télésurveillance des collections.
La deuxième institution est l'Amvppc qui est l'opérateur économique du patrimoine. Son rôle est de recueillir l'argent généré par les visites des musées et le réinvestir dans la mise en valeur du patrimoine et de la promotion culturelle, en particulier les festivals, la promotion des musées et des sites archéologiques avec la collaboration du ministère du Tourisme et en organisant des événements dans les musées à travers des expositions, des manifestations, à l'instar des «Nuits du musée de Sousse» que nous espérons étendre au musée du Bardo, c'est encore en état de projet. Je ne sais pas si on arrive à le concrétiser cette année.
«Les Nuits des musées» est une initiative qui se pratique en Europe et permet de fidéliser un public, notamment le soir, afin qu'il puisse voir les collections autrement avec un éclairage de nuit. Notre stratégie est qu'à travers un programme de promotion du tourisme culturel, on vise un public de touristes qui vient en Tunisie pour un circuit culturel.
Quelles sont les répercussions des attentats de Sousse sur les musées et les sites archéologiques ?
L'attaque de Sousse a été un coup de massue pour les musées. Il faudrait une stratégie de promotion pour soigner l'image de la Tunisie et donner un message de sécurité aux touristes. Les actions menées actuellement par le ministre de l'Intérieur, qui s'est rendu à Djerba, visent à donner un message positif. Au niveau des pertes, depuis l'attaque du Bardo, les recettes de l'agence ont baissé de 52%. Le taux général de baisse au niveau du tourisme est de 22%. On ne peut faire le bilan de l'attaque de Sousse qu'après un mois, mais les chiffres ne sont pas rassurants pour le mois de juin.
De toute façon, nous ne baissons pas les bras, la Ftav (Fédération tunisienne des agences de voyages), le ministère du Tourisme et l'Amvppc se sont rendus à Genève pour rassurer les agences de voyages, particulièrement les croisiéristes pour que les croisières reprennent à partir du mois de septembre prochain.
Le tourisme de croisière représente 15% du chiffre d'affaires de l'Amvpcc et qui a baissé jusqu'a 9%. On a misé sur ce genre de tourisme parce qu'il génère beaucoup d'argent et on investit des moyens pour cela auprès des agences de voyages afin d'encourager les croisiéristes à visiter les sites archéologiques et les musées. On peut vendre le tiers entre les musées de Carthage et du Bardo, notamment le tiers qui reste sur le bateau, car le reste effectue les visites soit en bus, soit individuellement en taxi. On a commencé également à travailler sur la mise en valeur des sites d'Oudhna et d'Utique pour les intégrer dans le programme des visites.
La sécurité dans les musées représente-t-elle une priorité et qu'en est-il de la statue de Ganymède, a-t-elle été retrouvée ?
Cette statue a été exposée sans protection spéciale. Il fallait lui prévoir des mesures de sécurité draconiennes et n'aurait pas dû être exposée n'importe comment. La notion de muséographie a été adoptée avec le projet financé par la Banque mondiale et qui concerne le musée du Bardo, Sousse et Djerba. La mise en valeur des collections d'objets a été conçue par des spécialistes. Jusqu'à présent, les caméras de surveillance ne concernent que les nouveaux projets.
Dans le cadre du projet de la Banque mondiale, j'ai légué au musée du Bardo 49 caméras de surveillance en état de marche. Mieux, il existe un local de télésurveillance. Il faut que l'agent de surveillance soit l'œil vigilant des lieux. Il faut aussi assurer la maintenance de ce matériel. Les trois musées équipés de télésurveillance sont le musée des arts traditionnels de Djerba, le musée archéologique de Sousse et le musée du Bardo.
Pour le reste des musées, nous disposons, avec l'INP, d'un projet pour la sécurité des musées et des sites au niveau des collections et des visiteurs. Dans deux mois au plus, nous aurons une dizaine de sites équipés de caméras de surveillance pour suivre le public lors de sa visite.
L'amphithéâtre de Carthage, qui va bientôt accueillir le public du festival, est-il muni d'unité de télésurveillance ?
La surveillance est assurée par le festival parce que le type de placement de caméras n'est pas le même que celui que nous réalisons pour nos visiteurs toute l'année. Ce n'est ni la même philosophie ni les mêmes objectifs. La méthode de travail de la direction du festival de Carthage est axée sur des soirées qui commencent à 22h00 et se terminent à 01h00, et ce, durant un mois seulement. En ce qui nous concerne, notre public visite le site durant le jour et emprunte un circuit précis.
Envisagez-vous des projets dans le futur pour la promotion et la mise en valeur du patrimoine culturel ?
Nous avons entrepris une grande étude en 2008 avec 39 points dont la mise en place d'un dispositif de relation presse nationale et internationale. Le programme est prêt mais sa mise en exécution exige un budget important car il n'y a pas plus cher que la communication. On a sollicité le ministère des Finances pour l'octroi d'un budget complémentaire, et ce, dans le cadre d'un programme d'investissement qui est de 1 million de dinars pour l'année 2016, permettant de réaliser des actions urgentes, telles que la mise en place d'un dispositif de relation presse.
Nous n'avons pas une base de données pour des journalistes spécialisés à qui il faut fournir des rapports hebdomadaires sur les activités de l'Agence. Cela nécessite de l'argent, une expertise. On a eu recours au budget de l'Etat car jusque-là, nous ne l'avons pas fait. L'Agence comptait sur l'autofinancement. Avec ce qui s'est passé dans le pays, les attaques terroristes, la promotion de l'image de la Tunisie a été affectée par ces attaques, ce qui nécessite de gros moyens pour mener une campagne de communication ainsi qu' un dispositif spécifique.
Par ailleurs, nous avons révisé la structure de l'Agence, ce qui nous a mené à mettre en place une direction de mise en valeur du patrimoine, une direction de la communication, une direction du marketing pour affronter les pertes. Ce projet a été soumis au ministère de la Culture et doit avoir l'aval du Premier ministère pour prendre la forme d'un décret. Le 2e point concerne la redistribution des rôles dans les différentes directions selon les spécialités et les expériences.
L'Agence emploie actuellement 521 agents de manière directe et de manière indirecte, elle a affaire avec des fournisseurs, des entrepreneurs, des artisans, des chercheurs qui produisent des ouvrages sur les sites archéologiques. Il s'agit là d'une création de richesse qui est un élément de développement économique. Avec la ministre du Tourisme, nous avons proposé la création de trois circuits culturels à Djerba, pouvant contribuer à la création d'emplois, qui relient certains sites comme les haltes qu'on peut sponsoriser. La mise en place d'un circuit à Djerba peut faire créer entre 15 et 20 emplois directs.
Ce genre d'initiative ne résout pas le problème du chômage mais contribue à le faire. Ce qui nous intéresse, c'est la mise en valeur du pays, son identité, sa culture forte de 3.000 ans d'histoire. Nous nous engageons à réaliser ces circuits balisés qui sont des lieux de mémoire pour lesquels nous invitons les visiteurs à déambuler. C'est juste une question de moyens mais ce n'est pas compliqué à mettre en place. On est en train d'affiner le projet qui sera prêt en 2016.
Les médinas représentent un tissu urbain traditionnel dont il faut tenir compte dans la promotion du tourisme culturel, y avez-vous pensé ?
C'est assez compliqué. Les médinas dépendent de la municipalité, du gouvernorat, de la Steg, de la Sonede, de l'INP, du ministère des Domaines de l'Etat, et comportent des problèmes monstrueux : de copropriété, de gestion, d'urbanisme, d'usage (la médina se transforme en dépôt de marchandises, elle a perdu quelque peu de son aura). Il existe depuis 10 ans une stratégie de réhabilitation des médinas au ministère de l'Intérieur.
Le rôle de l'agence est de se greffer sur un projet qui est déjà réalisé. Nous donnons le plus, la mise en valeur : la signalétique, les commodités pour le public (sanitaire, accueil, boutiques, circuit balisé, documents de communication et promotion). Nous espérons reprendre la gestion de la mosquée de la Zitouna de laquelle nous avons été chassés après la révolution.
La création d'une richesse dans la médina permet à l'Agence de réinvestir une part des recettes dans la mise en valeur de cette médina. Nous avons mené en 2007 une action à Kairouan qui a donné des résultats probants. Des «Mkhazen» ont été rouverts par leurs propriétaires. Une intervention peut susciter une nouvelle dynamique.
Est-ce que l'Amvppc connaît des difficultés financières ?
Le budget de l'agence a chuté considérablement. Avant la révolution, il variait entre 15 et 17 millions de dinars/an, aujourd'hui, il a 9 millions de dinars. En 2011, les recettes ont chuté à 4,3 millions de dinars.
Est-ce que cela met en cause la survie de l'agence ?
Oui. C'est pour cela que nous avons sollicité un budget d'investissement. Jusque-là, nous avons compté sur nous-mêmes, mais aujourd'hui, le budget ne nous permet pas d'entreprendre des investissements. Cependant, nous n'allons pas rester les bras croisés. Nous disposons d'organisations nécessaires pour pouvoir faire face aux difficultés. Il nous faut des moyens financiers pour l'investissement, ce qui permettra de créer une dynamique et par conséquent d'engendrer des rentrées d'argent. Nous réclamons un budget d'investissement de 15 millions de dinars sur 5 ans, soit une moyenne de 3 millions de dinars/an.


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