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Mort de Francois Maspero, une bibliothèque qui brûle
Publié dans Leaders le 15 - 04 - 2015

L'affirmation de l'écrivain malien Amadou Hampâté Bâ : « Quand un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle » est à prendre au pied de la lettre à l'occasion de la disparition de François Maspéro. Cet homme qui s'est éteint ce samedi à l'âge de 83 ans, a touché à tout ce qui touche au livre : l'édition, la librairie, l'écriture, la traduction et il va de soi la lecture.
Tout étudiant, tout lecteur, tout intellectuel, tout militant de n'importe quelle cause ayant un tant soit peu vécu en France et encore plus à Paris dans les années soixante et soixante-dix, ne peut pas ne pas être touché à l'annonce de la mort de François Maspéro.
Sa librairie éponyme, « Masp » pour les habitués, les intimes ou les initiés, en bas du Boulevard Saint-Michel, à la rue Saint-Séverin, en plein Quartier Latin, était un lieu unique. D'abord,un lieu de ressourcement. Dès que le cafard ou la déprime ou la solitude commence à peser, un saut à la librairie bien nommée « la Joie de lire » et l'espoir d'un monde meilleur et de jours « couleur d'orange »revient et avec lui revient la pêche.
Mais c'était surtout un lieu de rencontres, un lieu de discussions où se croisaient tous les rebellesde la planète. D'Afrique, d'Asie, d'Amérique latine…et d'ailleurs. Tous les résistants au colonialisme, à l'impérialisme, à toutes les formes d'oppression ou d'exploitation y venaient se documenter, s'informer, échanger ou tout simplement lire.
Il est vrai aussi que certains poussaient, indélicatement, l'amour de la lecture au point de se servir sans payer, ce qui a contribué en 1975 à la fermeture du lieu, affaibli par la censure, les amendes le harcèlement les poursuites judiciaires.
Les livres de FrançoisMaspéro étaient militants, résistants, subversifs mais jamais tristes ou laids. Le format, la couleur, le papier et le graphisme étaient au diapason avec le contenu. Ils étaient tout aussi nouveaux, rafraichissants et inventifs que les idées.
Il serait, bien sûr, fastidieux et vain de rendre compte de toutes les collections et de tous les livres parus sous le label Maspéro. Contentons-nous de quelques titres-phares qui ont fait date pour le Maghreb.
A tout seigneur tout honneur, commençons par la collection « Domaine maghrébin » qui a été dirigée par le Tunisien Albert Memmi et où sont parues des études sur les sociétés traditionnelles, la poésie populaire, les travailleurs maghrébins en France…En outre, tous les lettrés dignes de ce nom se souviennent de ces couvertures vert-mystique qui ont fait connaître la Berbère Taos Amrouche, «Histoire ma vie» et révélé les premiers écrits du Marocain Abdelkébir Khatibi, «Le Roman maghrébin» et de l'Algérien, Rachid Boudjedra, «Naissance du cinéma algérien»…
Quant aux « Textes à l'appui », ils ont permis de sensibiliser les Maghrébins à la façon d'écrire l'histoire avec «Décoloniser l'histoire» de l'Algérien Mohamed-Chérif Sahli et à l'ensemble des élites arabes de réfléchir à leur rôle et à leur situation grâce aux écrits du Marocain Abdallah Laroui, auteur de «L'Idéologie arabe contemporaine» et de «La Crise des intellectuels arabes».
Des fameux « cahiers libres », collection qui a enduré la censure, l'interdiction et les poursuites judiciaires, il suffit de mentionner Frantz Fanon et ses deux livres consacrés à l'anticolonialisme et à la lutte du peuple algérien pour son indépendance : «Les Damnés de la terre» et «L'An V de la révolution algérienne».
La collection « Voix » au beau papier dont le grain incite à la caresse comme la peau d'une amoureuse, était destinée à la poésie et c'était avec raison qu'elle a abrité les deux splendides recueils de Tahar Ben Jelloun : «Les Cicatrices du soleil» et «Les amandiers sont morts de leurs blessures». Elle était aussi dédiée aux beaux livres, ce qui justifiait la présence «du Grain magique» de l'Algérienne Taos Amrouche et celle de «L'Ogresse» de l'écrivain et réalisateur tunisien, Nacer Khémir.
Tout en laissant dans l'ombre les autres collections créées par notre cher disparu, on ne peut pas ne pas mentionner « La petite collection Maspéro », petits volumes qui tiennent dans la poche et qui étaient de couleurs vives, vert, jaune, rouge, bleu, blanc… on aurait dit des bonbons acidulés, on aurait dit des M&M's…
Adieu Monsieur François Maspéro, on se retrouvera, peut-être, au Paradis où deux jours après votre départ le grand Gunther Grass vous a rejoint. Vous avez l'un comme l'autre largement mérité le Paradis puisque vous y avez généreusement contribué aux dires de Gaston Bachelard : « Le Paradis, à n'en pas douter, n'est qu'une immense bibliothèque. »


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