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Adieu l'Ami, Chelbi Belkahia
Publié dans Leaders le 29 - 11 - 2015

Par Prof. Rafaâ Ben Achour - Je suis à l'étranger et me trouve empêché d'accompagner un grand Ami, Chelbi Belkahia à sa dernière demeure. La moindre des choses que je puisse faire, c'est d'évoquer sa mémoire et de lui rendre un hommage qui n'est sûrement pas à la mesure de la profondeur de notre amitié.

A la mi-août 1997, j'ai pris mes fonctions de Président de l'Université des sciences, des techniques et de médecine de Tunis. Le matin même de mon installation, je reçois une invitation aux fiançailles du fils du doyen de la Faculté de médecine de Tunis, Chelbi Belkahia, qui devaient se dérouler l'après-midi du même jour à la municipalité de Sidi Bou Saïd. Je ne connaissais pas encore Chelbi mais, la veille, le Ministre de l'enseignement supérieur, le regretté Dali Jazi, m'en a dit le plus grand bien. " Je ne te recommanderai jamais assez le Doyen de la faculté de médecine », m'a-t-il dit.

Je me rends à l'hôtel de ville de Sidi Bou Saïd. Malgré le monde qui l'entourait, quand je me suis présenté à mon tour pour féliciter les jeunes mariés et leurs parents, je me présente à Chelbi. Il me réserve un accueil exceptionnel, tant il avait apprécié de compter du nombre de ses hôtes, un collègue qu'il ne connaissait pas encore et qu'il avait invité le jour-même.

Depuis ce jour de l‘été 97, une amitié profonde s'est établie entre nous au-delà des rapports professionnels et des contingences qu'imposait la gestion de nos deux institutions respectives. On s'est découvert des amis communs, dont les professeurs Taoufik Nacef et Abdelkrim Zbidi, avec qui nous organisions de temps à autre des déjeuners amicaux. Je découvre surtout que Chelbi est un ancien du lycée de Carthage, qu'il y avait été camarade de classe, entre autres, de Dali Jazi et qu'il y a connu mon frère Yadh, benjamin de Chelbi d'une année.

Grâce à l'amitié de Chelbi, la communauté médicale universitaire accueille l'intrus juriste que j'étais avec beaucoup de confiance. Chelbi était peut être le seul doyen de mon université à m'appeler tous les jours, parfois à deux ou trois reprises. Ses appels téléphoniques duraient parfois au delà de toute mesure raisonnable et la conversation alternait le sérieux et l'humour. C'est que Chelbi est un homme doté d'un humour extraordinaire, ce qui évidemment avantage énormément les bonnes et durables relations humaines.

En hommage à ce grand Ami, à ce collègue distingué et à ce spécialiste de renommée internationale de la pharmacovigilance, je me voudrais citer trois moments inoubliables :
- Le premier se passe au siège du ministère de la santé à Bab Saadoun dans la salle de réunion du directeur général de la santé publique, le Professeur Habib Achour. Il s'agissait de la répartition des postes aux différents concours de recrutement aux grades hospitalo-universitaires. Etaient présents à la réunion tous les doyens des facultés de médecine (Tunis, Sousse, Monastir et Sfax) et d'autres parties prenantes. Chelbi, qui défendait mordicus sa faculté, voulait obtenir l'ouverture de postes supplémentaires. Le DG de la santé y était peu favorable et voulait assurer l'équité entre les différentes facultés. Représentant le MES à la réunion, je n'ai pu que me rallier à l'opinion de mon collègue de la santé. Chelbi se fâche et décide de bouder la collation qui nous avait été servie. Tous les présents décident que cette grève de la faim improvisée mérite quelques petites concessions. Il finit par obtenir des postes supplémentaires. Depuis, Chelbi est désigné par l'expression humoristique « le gréviste de la faim ».
- Le deuxième événement se passe en 1998, à Beyrouth (Liban) où se tenait l'assemblée générale de l'AUPELF – UREF. Dali Jazi y dépêche tous les présidents d'université (Raouf Mahbouli, Brahim Baccari, Abdelkrim Zbidi, Hamed Ben Dhia et moi-même). Quelle n'a été ma surprise quand j'y retrouve Chelbi. Je lui dit en riant : je vais adresser une lettre au ministre ainsi libellée : « Il m'a été donné de constater que le doyen de la faculté de médecine de Tunis se trouve à Beyrouth sans autorisation de son Président d'Université ». Depuis, et à chaque fois que nous nous voyons, l'un de nous deux aborde l'autre par : « il m'a été de constater ».
- Enfin, à l'occasion de la fatiha de son fils, Chelbi vient me demander si mon oncle, Cheikh Kamel Djait, acceptait de donner sa bénédiction à la jeune fiancée en se rendant chez elle. Nous allons voir ensemble mon oncle qui accepte volontiers. Lors de la commémoration du 40è jour du décès du Cheikh Kamel à la bibliothèque nationale, Chelbi était présent.

Ce ne sont que trois moments de presque vingt ans d'amitié. Bien d'autres évènements défilent devant moi en ces pénibles circonstances, notamment nos disputes amicales à propos du club africain et du club athlétique bizertin, dont nous sommes respectivement de fervents supporters

Il y a quelques jours, je préparais la liste des amis que je voulais inviter à la cérémonie de remise du recueil d'études que mes collègues, étudiants et amis ont décidé de m'offrir lors d'une cérémonie qui se tiendra le 16 janvier à la faculté des sciences juridiques de Tunis. Le nom de Chelbi figure parmi les tout premiers. Malheureusement , il ne sera pas à mes côtés. Chelbi nous a très vite et subitement quitté. Il était le dynamisme même ; l'incarnation de la vie. L'image qui restera gravée à jamais dans mon esprit, et sûrement dans celle de tous ceux qui l'ont côtoyé, c'est celle du rire de Chelbi. C'est son humour sans limite. Ce sont ses quelques colères très vite surmontées. Et c'est surtout sa fidèle amitié.

Un grand Ami a disparu. Ma peine est profonde, indescriptible et difficilement supportable.

A son épouse, à ses enfants, à ses petits-enfants et toute à sa famille, à ses collègues, à ses étudiants, à sa ville « Bizerte », je présente mes condoléances et leur dit que la perte de Chelbi est autant la leur que la mienne. Telle a été la volonté divine. Nous ne pouvons que nous y plier.
Allah yarhamou.


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