Tunisie | Imed Derbali élu président du Conseil national des régions et des districts    Adhésion de la Palestine à l'ONU : vives condamnations après le véto des Etats-Unis    L'armée tunisienne participe aux manœuvres African Lion aux côtés des Américains    Iran – Attaque israélienne : Première réaction officielle de Téhéran    Classement des pays producteurs d'or en 2022    Tunisie – Djerba : "La Ghriba" en version réduite cette année!    Tunisie – METEO : Vent fort près des côtes nord    Tunisie – Comment prendre les mesures pour éviter de nouveaux accidents sur le pont de Bizerte ?    Disparition | L'artiste égyptien Salah Saadani tire sa révérence    Alger ne transige pas avec ses "ennemis" : Le ministre commente l'expulsion du journaliste de Jeune Afrique    Certains oublient que la roue tourne    Ben Arous : 23 touristes blessés dans le glissement de leur bus    Mohamed Abbou : le cours normal des rouages de l'Etat s'est arrêté !    Tunisie | Le Président de la République inaugure la 38ème édition de la Foire internationale du livre de Tunis    L'Italie accorde un prêt de 50 millions d'euros à la Tunisie    Campus France Tunisie organise la 2ème édition Forum des Mobilités – Etudier en France    BSB Toyota inaugure, à Sfax, sa nouvelle agence agréée 3S SH Promecanique    La Côte d'Ivoire frappe un grand coup : Elle entre dans le capital de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement    Augmentation annuelle de 20% des médecins tunisiens émigrés en Allemagne    Royaume-Uni : 1,2 milliard d'euros de fortune personnelle et une "misère" pour les employés, le Roi choque…    Arrestation d'un troisième terroriste à Kasserine en 24 heures    PARIS: L'HOMME AYANT PENETRE DANS LE CONSULAT D'IRAN A ETE INTERPELLE PAR LA BRI    Le gouverneur de la BCT s'entretient avec des investisseurs sur les marchés financiers internationaux    Augmentation de 10,7% de la production de poulet de chair    Reprise progressive du trafic à l'aéroport de Dubaï    Le taux de remplissage des barrages baisse à 35,8%    USA : Biden pétrifie le pays avec l'histoire de son oncle mangé par des cannibales en Nouvelle-Guinée…    Abdelaziz Kacem: À la recherche d'un humanisme perdu    Le Mouvement du 25-Juillet appelle Kaïs Saïed à se présenter à la présidentielle    Ahmed Hachani promeut un retour réussi des TRE pour la saison estivale    Un grand succès sécuritaire : Deux terroristes classés « très dangereux » capturés    Bank ABC Tunisie annonce un résultat net de 13,9 millions de dinars    Baisse de 20 % des précipitations en Tunisie en février    Bac sport : L'envers du décor    Mohamed Essafi : la rencontre avec la ministre de l'Education était positive    CSS : La coupe pour se requinquer    Ligue des champions – Demi-finale aller – EST-Sundowns – Demain soir à Radès (20h00) : Ces choix qui s'offrent à Cardoso...    Le ministre de l'Intérieur : « La sécurité du pays est notre mission et la loyauté envers la patrie est notre credo »    Foire du livre – L'Italie Invitée d'honneur S.E. L'Ambassadeur d'Italie Alessandro Prunas à Tunis : « La culture est l'un des piliers les plus développés et les plus dynamiques de la relation bilatérale tuniso-italienne »    Aujourd'hui, ouverture de la 38e Foire nationale du livre de Tunis    Classement des pays arabes les plus endettés auprès du FMI    Stuttgart : Ons Jabeur éliminée en huitièmes de finale    Jazz Club de Tunis et Centre d'Art B7L9 s'associent pour célébrer la Journée internationale du jazz    La Juventus condamnée à payer près de 10 millions d'euros à Cristiano Ronaldo    Ons Jabeur se qualifie au prochain tour du tournoi WTA 500 de Stuttgart    Le sport Tunisien face à une crise inquiétante    Comar D'or 2024 : Liste définitive des romans sélectionnés    Plus de 700 artistes participeront au Carnaval International de Yasmine Hammamet    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Latifa Lakhdhar - Etat et tribalisme contemporain: l'impossible équation
Publié dans Leaders le 24 - 10 - 2016

S'il est vrai que la situation sociopolitique du pays ne procure ni calme ni tranquillité, il est de notre devoir de citoyenneté d'essayer d'aller au-delà des évènements qui peuplent notre bien complexe quotidien de transition démocratique et de réfléchir à ce qui se passe, à partir de nos repères républicains et de ceux qui tiennent du sens de l'Etat.
Et, à juste titre, quand l'Etat, au lieu de gouverner se voit menacé d'être gouverné par ceux qui puisent leur force d'une solidarité mécanique et presque primaire, il y a lieu de dire adieu à tout et de craindre que tout tombe en morceaux pour une perspective chaotique inévitable.
Il s'agit bien ici, malheureusement, d'un aspect de notre réalité d'aujourd'hui, réalité bien désolante, puisqu'au moment où nous avons cru avoir dépassé le cap de la proto-politique, nous y voilà encore et en plein (et on n'évoquera pas, en ce sens, ce qui se passe dans les partis).
Notre pays est le théâtre de réactions et de manifestations sociopolitiques inhérentes à des mentalités collectives et à un fonds culturel qui ne décollent pas de ce qui a été dominant il y a si longtemps. Pour le décrire, Ibn Khaldoun disait à raison qu'il « est rare qu'un Etat puisse établir son autorité dans des pays caractérisés par une multitude de solidarités tribales ». (قلّ ان تستحكم الدولة في الاوطان الكثيرة القبائل والعصائب)
Et, quand bien même il l'affirmait concernant la réalité sociopolitique des pays de l'Afrique du Nord à l'époque médiévale, son propos garde une certaine actualité et pertinence face aux difficultés d'un Etat pris dans le rouleau compresseur d'un tribalisme contemporain à multiples facettes.
Il est vrai que le passage d'une culture de l'obéissance et de la soumission à celle de la citoyenneté et de la responsabilité n'est pas chose facile, comme il est tout aussi vrai que l'Etat, tenu trop longtemps dans une abstraction négative par une culture antidémocratique, est actuellement approché avec désinvolture à partir d'une culture proto-démocratique.
Ces différentes tribus contemporaines, nous les avons écoutées parler jusqu'au désespoir : toutes manipulent merveilleusement l'art de la parole et de l'argument, toutes sont belliqueuses et guerrières "أرزاقهم على رؤوس رماحهم" comme disait encore notre grand Ibn Khaldoun, toutes puisent immunité et volonté de vaincre dans une solidarité digne des foules et non pas des citoyens, toutes s'accordent - chacune à sa manière et selon ses arguments propres- à contester le droit de l'Etat à l'une de ses principales ressources, ressource pourtant indispensable de souveraineté et de dignité nationale.
Toutes le font à partir d'un imaginaire formaté par « la culture du beylik », culture qui leur fait croire que l'Etat est un être étranger à soi-même, qu'il est l'Autre qu'il faut en toute circonstance contrarier, le tuteur et maître détesté, le serviteur qu'on prend plaisir à malmener, faisant pour cela mauvais usage d'une parole et d'un comportement libérés.
L'Etat qui n'en est pas au bout de ses peines est aussi -ne l'oublions pas- la cible privilégiée d'un islam profané et personnifié par ceux qui l'instrumentalisent en politique jusqu'à lui coller des sentiments vulgairement humains. Cet islam qui reste au centre du plus profond de leurs croyances est, prétendent-ils, colère légitime. Colère et haine qui menacent notre quotidien, assassinent nos hommes politiques, égorgent nos soldats, font partir en mille morceaux les corps de nos policiers, tuent les visiteurs de nos musées, accablent notre budget national déjà bien fatigué de dépenses gigantesques en barrage à sa malfaisance. Nos parents et notre Etat national ont beau nous avoir éduqués longtemps aux valeurs d'un islam de quiétude et de piété, cette religion, depuis la naissance de l'islam politique contemporain, est transformée en dragon soufflant le feu et sur l'Etat et sur la société.
Enfin, l'urgence pour le bien commun nous commande de nous rendre à ces évidences:
* L'Etat subit un impact dangereux des réflexes culturels proto-démocratiques.
* L'Etat n'est plus cet Autre, il est nous-mêmes, car le propre de la démocratie à laquelle nous aspirons est de mettre fin à cette aliénation, par conséquent défendre l'Etat, c'est nous défendre nous-mêmes.
* L'Etat, quoiqu'on puisse lui reprocher, reste la principale force d'intégration nationale, ce qui en soi est un acquis précieux; bien des forces obscures aimeraient nous en priver pour nous ajouter au projet de leur nouvelle carte du monde dit oriental.
* L'Ugtt, cette prestigieuse institution, a encore une fois un rôle de salut national à jouer en prouvant qu'elle est en mesure de saisir que le bien commun nécessite en ce moment non pas des arrangements corporatistes mais un compromis social, le temps de dépasser cette zone de turbulences pleine de dangers pour notre patrie.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.