Le mouvement Ennahdha a réagi, mardi 9 juillet 2025, à la série de condamnations prononcées dans le cadre de l'affaire dite de « complot contre la sûreté de l'Etat 2 », qu'il a qualifiées de « tournant dangereux » et de « symbole d'une volonté de liquidation politique des opposants ». Dans un communiqué, le mouvement a dénoncé des « jugements iniques » rendus par la chambre criminelle spécialisée en matière de terrorisme près le Tribunal de première instance de Tunis, soulignant que ces peines, dont quatorze ans de prison contre son président Rached Ghannouchi, seraient dépourvues de fondement juridique crédible. Ennahdha a affirmé que les accusations retenues reposaient sur des récits « incohérents » et des « documents fabriqués », en l'absence de toute preuve tangible ou de lien logique entre les personnes mises en cause. Le parti a notamment rappelé que le principal témoin dans cette affaire s'était rétracté sur la majorité de ses déclarations, sans que cela ne mette un terme à une procédure qu'il juge « instrumentalisée politiquement ». Il a également dénoncé des conditions de jugement marquées par des procès à distance et un accès restreint à la défense.
Par ailleurs, le mouvement islamiste a exprimé son indignation face au traitement « inhumain » réservé aux détenus, en particulier aux figures âgées comme Habib Ellouze, dont l'état de santé est jugé critique. Ennahdha a tenu les autorités pour responsables de la sécurité physique et morale de ses membres incarcérés, tout en condamnant les campagnes médiatiques « diffamatoires » menées, selon lui, par des « milieux hostiles à toute opposition ». Le parti a également annoncé son intention d'engager des poursuites judiciaires contre ceux qu'il accuse de calomnie et d'incitation. Enfin, Ennahdha a réaffirmé sa volonté de poursuivre « sa lutte pacifique pour la démocratie », appelant l'ensemble des forces vives du pays à s'unir pour faire barrage au « processus autoritaire » en cours. Selon lui, seule une mobilisation nationale permettrait à la Tunisie de renouer avec un Etat de droit et de sortir d'un climat de tension et d'effondrement politique, économique et social.
Il convient de rappeler que la chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme près le Tribunal de première instance de Tunis a rendu, mardi 8 juillet 2025, son verdict dans l'affaire de « complot contre la sûreté de l'Etat 2 ». Rached Ghannouchi, chef du mouvement Ennahdha, a été condamné à quatorze ans de prison, tandis que six autres accusés détenus ont écopé de douze ans d'emprisonnement chacun. Les accusés en fuite, dont Nadia Akacha, Lotfi Zitoun et Rafik Abdessalem, ont été condamnés par contumace à 35 ans de prison avec exécution immédiate. Aucune peine n'a été prononcée contre Youssef Chahed, en raison de son pourvoi en cassation. Par ailleurs, douze mandats d'arrêt internationaux ont été émis à l'encontre de prévenus à l'étranger, tous poursuivis notamment pour formation d'organisation terroriste, incitation à la violence, tentative de changement du régime et recrutement à des fins terroristes.