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Azouz Lasram n'est plus : l'ancien ministre de l'Economie et président du Club africain laissera un souvenir indélébile (Album Photos)
Publié dans Leaders le 31 - 01 - 2017

Diplomate à l'origine, Abdelaziz Lasram, ancien ministre de l'Economie nationale (1974 -1977) dans le gouvernement Hédi Nouira et par deux fois président du Club Africain (1964-1966 et 1971-1977) est décédé mardi l'âge de 88 ans. Il était revenu au gouvernement en avril 1980, sous la conduite de Mohamed Mzali, en tant que ministre de l'Economie nationale avant d'en démissionner en octobre 1983. Licencié en Droit et ancien élève de l'Ecole nationale d'Administration (ENA, Paris), il laisse un souvenir indélébile dans toutes les fonctions qu'il avait assumé.
Un grand dirigeant du Club Africain
Le nom de Abdelaziz Lasram est pour le Club Africain et l'ensemble de la famille clubiste une référence et un repère de l'histoire. Il est une, sinon la figure emblématique du Club dont il a présidé aux destinées durant ses années les plus fastes, sans que cette présence au meilleur moment ne doive rien au hasard. Plus connu sous le prénom affectueux de Azzouz, il a été à l'origine de la transition opérée à deux reprises, au milieu des années soixante puis au tournant des années soixante-dix, et du saut de qualité réalisé par l'association à ces deux occasions. C'est lui qui a propulsé le club très haut pour en faire le principal animateur de la vie sportive en Tunisie.

Né le 25 mars 1928 à Tunis, issu d'une famille patricienne de la Médina dont le fief est le célèbre Dar Lasram, Azzouz Lasram n'a pas eu le temps de s'imprégner de la culture propre à cet environnement traditionnel et authentique de la rue El Pacha. A trois ans, les circonstances familiales le contraignent à s'installer à La Marsa chez les Ben Achour, ses oncles maternels. A l'insouciance de l'enfance succède l'agitation de la jeunesse avec comme principal moteur le football. C'est grâce à l'influence de son jeune oncle Abdelmalek Ben Achour, dirigeant historique et cheville ouvrière du Club Africain, que le jeune Azzouz découvre le charme de ce sport. A partir de l'âge de dix-douze ans, il accompagne régulièrement son oncle pour suivre les matches du Club et découvre l'originalité de la compétition, après s'être lui-même initié au jeu à La Marsa.

Naturellement, le jeune homme en devenir commence à avoir des idoles avec la perceptible envie de les imiter lors de ses rencontres de quartier. Ces idoles s'appellent Akacha, Abdessalem, Ben Ammar, Saheb Ettabaa et plus tard Kebaili. Azzouz Lasram prend également conscience du fossé qui sépare son club des ténors de l'époque que sont l'U.S.Tunisienne, l'U.S.M.Ferryville et surtout l'Italia de Tunis, qui a aligné trois titres successifs pendant que le Club Africain accédait enfin parmi l'élite. En son for intérieur, il s'interroge sur la capacité de son Club à rivaliser avec ces équipes ‘européennes', et s'il sera en mesure de monter un jour sur le podium. Mais il ne se contente pas d'espérer, puisqu'il emprunte lui même le chemin du terrain au sein des jeunes du Club Africain, en compagnie des Mehrez, Mestiri, Darghouth, ou Mokhtar qui composent l'essentiel de l'équipe cadette en pleine seconde guerre mondiale. Parmi les têtes pensantes du CA, son oncle Abdelmalek Ben Achour fait partie de la plaque tournante de l'équipe dirigeante où se côtoient entre autres Mohamed Asmi ou Abdelhamid Bellamine.

La paix revient et avec elle la compétition nationale, dont le championnat avait été mis en sommeil. Le Club Africain, qui avait déjà annoncé de belles promesses avant-guerre, n'est désormais plus un figurant. La confirmation de Mounir Kebaili et l'expérience de Youssef Gabsi, « joueur éblouissant » selon Azzouz Lasram, ainsi que l'expérience des ‘anciens', conduisent le club de Bab Jedid vers la consécration. Deux saisons durant, c'est le CA qui fait la loi sur les terrains de jeu, damant le pion à d'autres clubs de la même essence tels l'Espérance, le CA Bizertin ou l'Etoile du Sahel.

Pour Azzouz Lasram, le sport est le meilleur complément des études d'autant que son oncle Abdelmalek veille sans relâche. Il lui communique le goût de l'effort, le sens de l'honneur et les obligations de l'appartenance familiale. C'est ce qui fait définitivement basculer le jeune footballeur dans l'escarcelle du savoir. En corollaire à son développement sportif, il explore les voies de la réussite scolaire et se retrouve dès 1951 installé à Paris pour y poursuivre des études en droit.

A 23 ans, Azzouz Lasram vit le deuxième grand tournant de sa vie. Il doit se déployer pour réussir ses études et s'intégrer dans cette métropole, tout en cherchant une substitution à ses occupations sportives. Mais la disponibilité est réduite et les opportunités rares. Il se rend toutefois témoin du championnat de France et vibre aux exploits de son compatriote Mokhtar Ben Nacef, sociétaire de l'OGC Nice qui domine la compétition deux saisons successives. Durant son séjour à Paris, les nouvelles concernant « son » Club Africain lui parviennent parcimonieusement, et sont rarement réjouissantes au vu de la suprématie du CSHL, jamais vue jusque là. Il profite néanmoins de ses rencontres épisodiques avec d'autres étudiants tunisiens portés sur le sport pour spéculer sur l'avenir du football en Tunisie. Parmi eux, Hamed Karoui, étudiant en médecine et fervent supporter de l'Etoile. Mais le jeune Azzouz Lasram a aussi des préoccupations d'ordre culturel. Le petit fils de Cheikh Mohamed Taher Ben Achour s'imprègne de la culture française pour enrichir son registre et en retirera une ouverture d'esprit qui le servira dans sa carrière et dans la vie.

L'année 1956 le marque à plusieurs égards : en tant que citoyen avec l'indépendance du pays ; en tant qu'homme puisqu'il se marie ; et enfin en tant que clubiste, avec la participation du Club Africain à la première finale de la coupe effectuée sous l'égide de la FTF. Mais ses favoris ne tiennent pas la comparaison avec un Stade Tunisien en pleine ascension et électrisé par la paire Diwa-Braiek, qui s'est montrée plus efficace que celle composée par Shili et Kebaïli. Azzouz Lasram rentre à Tunis en 1957 pour débuter sa carrière professionnelle en tant que haut fonctionnaire au Plan, et constate que son équipe est temporairement incapable de jouer les premiers rôles.

Car paradoxalement, le finaliste de 1956 ne disputera pas le moindre quart de finale durant cinq saisons, c'est qui en dit long sur combien le cru de ces années-là n'a pu parvenir à être compétitif, malgré des joueurs de talent, la qualité des dirigeants, et celle de l'encadrement technique avec à sa tête l'emblématique Fabio Rocchegiani. Azzouz Lasram en ressent une frustration. Son départ à Moscou pour une mission d'un an à l'ambassade de Tunisie lui évite de vivre le calvaire sur place mais ne l'empêche pas d'en être affecté. Il ne désespère cependant pas de voir son club se reconstruire en vue d'un meilleur destin national, témoin cette méritoire place de finaliste en Coupe de Tunisie face à une Etoile revancharde sur son mauvais sort.

L'année 1963 déclenche le processus: Azzouz Lasram accède à la vice-présidence du Club Africain à la faveur d'une notoriété ascendante, assistant ainsi Salah Aouij. Le CA profite de son apport et de l'éclosion d'une génération de joueurs formés par Fabio et menés par deux compétiteurs qui s'avéreront exceptionnels: Sadok Sassi alias Attouga et Tahar Chaibi. Le titre de champion couronne une saison remarquable. Azzouz Lasram peut alors retrouver la fierté de l'appartenance et l'ambition que procure la réussite. Son dynamisme le propulse à la tête du Club et sa première saison lui offre la Coupe de Tunisie à défaut de conserver le titre. Paradoxalement, au moment où il envisage de poursuivre la reconstruction du Club Africain, il est à nouveau contraint à s'expatrier. Il retrouve Paris, mais avec un autre statut cette fois, et se contente de suivre de loin la marge du club et de constater l'insuffisance des résultats par rapport aux promesses nées en 1964. Il est toutefois ravi par le brusque réveil de ses anciens protégés qui décrochent le doublé en 1966-67, synonyme de décollage définitif.

En 1970, il rentre à Tunis et se retrempe aussitôt dans la vie quotidienne du Club. Sa position est quelque peu inconfortable mais le sens de commandement et la motivation le démangent. Il se sent capable de mener son club très loin. Et c'est au milieu de cette saison de rupture, 1970-71, que Azzouz Lasram fait officiellement son entrée en scène à la suite de l'élimination du CA en Coupe de Tunisie face à El Makarem de Mahdia. C'est qu'il a mal digéré l'affront subi par son équipe après quatre trophées successifs à l'issue d'un match télévisé et marqué par l'exploit de Habib Amara, auteur d'un but spectaculaire. Auréolé par sa crédibilité sportive et par sa notoriété sociale et professionnelle, le nouveau président se présente en sauveur, provoquant une AG extraordinaire. C'est donc un coup de force légitime qui amène cet homme passionné de football et de réussite à prendre les commandes du Club Africain.

Naturellement, Azzouz Lasram a besoin d'une équipe homogène et qui adhère à sa vision et à son approche. C'est ainsi que Mohamed-Ali Bouleymane, Hammadi Khouini et Lassâad Bouhaouala se retrouvent dans le nouveau bureau directeur aux côtés de Mounir Kebaili et Abdelmajid Sayadi pour concourir aux nouveaux objectifs du Club Africain sous la direction de Azzouz Lasram. Ce dernier n'hésite pas à imposer leur compétence et leur jeunesse, malgré certaines réticences vis-à-vis de cette dernière. Le challenge est excitant d'autant que le plan d'action intègre la formation des jeunes, le développement de l'infrastructure (déjà amorcé en 1963-64), l'encadrement et les finances. Le nouveau président sait fédérer les compétences et les énergies et susciter l'engouement chez ses jeunes collaborateurs. L'impact ne tarde pas à se produire auprès de tous les licenciés et les supporters. Les résultats suivent peu après avec une finale en Coupe maghrébine des vainqueurs de coupe concédée à Alger face au Mouloudia (0-1).

La saison 1971-72 annonce le renouveau Clubiste. Conduite par Jamaleddine Bouabsa, qui a claqué la porte des jeunes de l'Espérance et remplacé Skander Medelgi, l'équipe mise sur pied par Nagy retrouve son étoffe et met en ballottage une Etoile étincelante et façonnée par Chétali, un entraîneur débutant mais terriblement ambitieux et efficace. Si le Club Africain lui laisse le titre à la défaveur des confrontations directes (0-3,0-0), il reprend son bien en Coupe de Tunisie, laquelle repêchera l'équipe de Azzouz Lasram au terme d'une finale épique face à un valeureux Stade Tunisien. Mais avant d'y parvenir, en cours de saison, Azzouz Lasram se trouve face à un dilemme : Attouga est retenu pour disputer avec la sélection d'Afrique la mini-Coupe du Monde organisée par la FIFA au Brésil alors que son club joue les premiers rôles sur les deux fronts. Il concède à Attouga cette consécration avec l'espoir que son jeune suppléant, Mokhtar Naïli, s'acquitte de sa tâche. Ce dernier dépasse les attentes de son président et de tous en arrêtant un penalty qui aurait été synonyme d'élimination lors du quart de finale CA-ESS (1-1), rejoué et gagné ensuite à Sousse même (1-0). Ce trophée sera dès lors le socle qui déterminera la réussite du CA. Azzouz Lasram se met dans une obligation de résultats tant au Club Africain qu'à la BNA dont il est le PDG.

Au Club, il essaie d'imprégner les structures mentales de la rigueur propre à la gestion bancaire, en même temps qu'il inculque au personnel de la banque les vertus de l'effort et de la performance qui caractérisent les sportifs. L'année 1973 restera donc pour le Club Africain le symbole d'une consécration personnelle et l'aboutissement de choix judicieux en ce qui concerne les hommes, mais aussi les méthodes. Sans faire de favoritisme entre les joueurs, il revendique la paternité sportive de la nouvelle génération composée de Ghommidh, Kamel, Abada, et autres Moussa.

L'enchaînement se fait sans heurt pour 1973-74 et le Club, surnommé ‘l'Ajax tunisien', atteint à nouveau la finale de la Coupe, après avoir quasiment tué le suspense dans la course au titre en championnat. Le 26 mai 1974, Azzouz Lasram s'apprête à vivre un remake de la saison écoulée, mais la mi-temps de la finale dure quarante minutes pour des raisons protocolaires. Azzouz Lasram, face à Habib Bourguiba, est contrarié au plus haut point car le Combattant Suprême remue le couteau dans une plaie encore récente en évoquant le forfait commis par Gouchi une semaine plus tôt à l'encontre de l'arbitre Bouberbala lors du derby. Alors que le président du CA a tout fait pour reconditionner ses joueurs et leur faire oublier l'incident et la mauvaise passe temporaire de l'équipe, son travail tombe à l'eau. La seconde mi-temps tourne à l'avantage de l'Etoile qui tire profit de cet épisode et d'une meilleure inspiration.

Le dénouement affecte Azzouz Lasram, déjà peiné par la double fracture contractée par Mohamed Ali Moussa lors de sa première sélection, le 3 mars 1974 face à la Yougoslavie Olympiques, et venu ‘couronner' une saison au cours de laquelle le mauvais sort s'est acharné sur ses joueurs. Le président du Club Africain va même boycotter la cérémonie protocolaire à l'issue de la finale. Il va à nouveau user de tout son savoir-faire et de sa pédagogie pour évacuer les retombées de cette finale et permettre au Club Africain de reprendre la main en championnat afin de ne pas laisser l'Etoile tenter de lui chiper ‘son' doublé. Trois mois plus tard, la Coupe maghrébine des clubs champions organisée à Casablanca apporte une large consolation grâce à une brillante victoire en finale face aux Marocains de Béni Mellal (2-0 après prolongations), titre qui vient confirmer celui remporté huit mois plus tôt à Alger sur le même score aux dépens des Algériens de la JS Kawkabi (future JS Kabylie).

Azzouz Lasram peut donc consulter son palmarès personnel avec fierté, puisque le Club Africain règne désormais sur toute l'Afrique du Nord. Mais il évite la moindre suffisance car l'homme est rompu à la production, la gestion et la créativité. L'insatisfaction fait même partie intégrante de son fonctionnement personnel. Il sait que le sport est un terrain mouvant tant dans sa logique ludique que dans son essence sociologique. C'est pourquoi il ne se fait pas d'illusions sur la durée du cycle inauguré en 1972. Attouga est certes toujours performant, mais Chaibi s'en va et la concurrence s'active, notamment une Espérance qui a recruté clubiste en la personne de Hmid Dhib. En pleine réflexion sportive, Azzouz Lasram est nommé ministre de l'Economie. Le cumul est toléré, comme l'indique le cas de Hassen Belkhodja chez le rival traditionnel, mais Si Azzouz s'accorde le temps de la réflexion. Il s'appuie sur son équipe, sous-pèse chaque scénario et se résout, après deux nouvelles coupes maghrébine des champions et de Tunisie, à passer le relais à son compagnon Férid Mokhtar, qui partage les mêmes convictions sportives et humaines que lui, en plus de ses qualités incontestables de manager. Le changement se fera ainsi dans la continuité et les structures du Club lui permettront de demeurer l'équipe-phare du pays.

Le poids de ses fonctions au sein du gouvernement tempère graduellement ses activités au sein du Club Africain, d'autant plus que le Club est en de bonnes mains. Azzouz Lasram est par ailleurs ravi que son CA fournisse le plus fort contingent de joueurs pour le Mundial argentin (Attouga, Naili, Moussa, Kamel et Ghommidh), malgré le fait que son favori -Attouga- soit privé de jouer. Cette déception est plus facile à digérer puisque l'éviction de son gardien se fait au profit d'un autre poulain, Naïli, ce qui est de bonne augure pour la reprise de la compétition. Le Club Africain va la dominer de bout en bout, offrant à un Attouga revanchard son cinquième sacre de champion et une émulation exceptionnelle avec son successeur.

Azzouz Lasram est alors soulagé pour son joueur et pour son Club qui maintient son leadership grâce à la transition opérée par Nagy. Dès lors, l'ancien président se contente d'apporter son concours au Club Africain au travers du Comité des Sages. Il contribue au mieux de ses forces afin de permettre à son Club de surmonter les crises cycliques qui susciteront l'indigence du palmarès lors des années 80 –et se nourriront en retour de cette même absence de succès. Il ressent de l'enchantement quand le Club Africain réalise une saison exceptionnelle, celle de 1991-92, avec une moisson record : le doublé coupe-championnat, la Coupe d'Afrique des champions et la Coupe afro-asiatique.

L'unanimité absolue qui s'est dégagée à l'endroit de Azzouz Lasram constitue le témoignage le plus sincère de la part de tous les joueurs et dirigeants du Club, unanimes quant à son apport au Club Africain, et à la sensibilité de l'homme face aux multiples problèmes d'ordre sportif, social, professionnel voire familial de chacun des éléments du CA. Il est d'ailleurs de notoriété ‘historique' que lorsqu'il présidait aux destinées du Club Africain, Si Azzouz était capable d'appeler n'importe lequel des sportifs ou des sportives par son prénom, quelle que soit sa discipline ou sa catégorie. Aujourd'hui, Azzouz Lasram vit un détachement total vis-à-vis de son club et constate que dans le sport comme dans la vie, chaque période a son fonctionnement, ses objectifs, ses contraintes... et ses hommes.
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