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Document - Un message de grande actualité : Ce que Mohamed Sayah espérait déjà en 2011
Publié dans Leaders le 22 - 03 - 2018

En se rendant mercredi au domicile de feu Mohamed Sayah, présenter ses condoléances à sa famille, président Béji Caïd Essebsi s'acquittait en fait d'un devoir de fidélité à un ami de longue date et à un grand patriote. Leurs relations remontent au tout début des années 1960, lorsque Mohamed Sayah était élu en 1960, secrétaire général de l'UGET. Leurs chemins, dans le sillage de Bourguiba, n'étaient pas toujours convergents, encore moins leurs positions quant aux grandes orientations politiques. Mais, ils avaient cultivé entre eux l'essentiel, cet attachement à la Tunisie, comme ils le souhaitent le plus.
Rompant pour la première le silence total qu'il s'était imposé pendant 23 ans, depuis le 7 novembre 1987, Mohamed Sayah avait pris sa belle plume pour rédiger un texte en profession de foi, sous le titre de ''Le souci des temps nouveaux et l'obligation d'agir''. Publié sur les colonnes de notre confrère Le Temps, le 4 mars 2011, c'est-à-dire, au lendemain de la désignation de Béji Caïd Essebsi en tant que Premier ministre, il exprimait tant d'attentes et insufflait tant d'espoirs. Avec le recul, et demeurant aujourd'hui d'une grande actualité, on y retrouve des messages forts qui s'adressent à ceux qui nous gouvernent aujourd'hui. Quasiment un testament politique. Un document à lire.
Le souci des temps nouveaux et l'obligation d'agir
L'inconnu fait peur.
L'avenir est inconnu.
Donc l'avenir fait peur.
Ce syllogisme implacable fait de l'homme un être qui ne peut avancer que lorsqu'il se sent en sécurité et en liberté. Le peuple tunisien avec beaucoup de courage s'est débarrassé en vingt-trois jours d'une dictature qui a duré vingt-trois ans. Cette révolte pour la liberté et la dignité ne peut se transformer en révolution réelle que par la construction et l'invention.
Et un peuple qui a vaincu un régime aussi brutal que celui de Ben Ali ne peut être dépourvu de ces qualités. Je suis de ceux qui croient en la valeur de notre peuple et qui se battent tous les jours contre les tentatives de récupération et de sabordage de ses acquis. C'est pourquoi, je pense que défendre la Révolution et commencer la création de la Tunisie postrévolutionnaire sont un seul et même combat. Vouloir les séparer est non seulement dangereux, mais surtout risque d'exposer notre Patrie à une aventure dont nul ne pourra imaginer les conséquences. Aussi, nous ne pouvons pas ne pas nous préoccuper de cette situation d'incertitude et d'instabilité. Le temps a toujours été l'ennemi des transformations. Agir et agir vite devient alors une obligation et un devoir à l'égard d'une population qui a, jusque-là, fait preuve de beaucoup de maturité et de bon sens. Pour être à la hauteur de ses attentes, agissons.
Le Président vient de nommer un nouveau Premier ministre : Monsieur Béji Caïd Essebsi, un homme d'Etat connu et un homme d'expérience reconnu. Son savoir-faire et ses compétences ne peuvent être contestés. Mais un homme seul, peu importe ses qualités intrinsèques, ne peut faire des miracles. Pour réussir le Premier ministre doit compter sur une équipe soudée et animée du sens de l'Etat et la croyance en l'intérêt commun. La politique menée doit être par excellence le lieu de lutte contre l'arbitraire et les dérives autoritaires. Cette lutte doit supposer une volonté capable d'imaginer et de projeter une nouvelle forme de gouvernance qui serait concrétisée par une intelligence de l'action capable de formaliser dans des structures positives l'ordre nouveau tel qu'il est voulu par notre peuple. L'affirmation authentique de ce système de valeurs ne pourrait se réaliser que lorsqu'on passe de l'hésitation à la décision.
En effet, le problème majeur que doit affronter le nouveau gouvernement est celui de décider et de produire du sens en vue de permettre aux différentes composantes de notre société de retrouver la confiance en ses élites politiques. A défaut, c'est la porte ouverte aux forces occultes et aux marchands de mort. Mais même si gouverner c'est décider, le système démocratique suppose la légitimité de la décision. Ici, sans doute, trouvons-nous la raison ultime du mouvement d'émancipation du 14 janvier. C'est contre l'opacité et les pratiques mafieuses que notre peuple s'est rebellé. Politiquement pour mettre fin à son infantilisation par une dictature méprisante qu'il a éprouvé le besoin de conquérir sa dignité de citoyen. Dès lors aucun gouvernement ne peut aspirer à la légitimité sans prendre en considération cette nouvelle équation politique. Le Tunisien est désormais un individu libre doté de droits inhérents à son statut de citoyen exigeant qu'on agisse dans son intérêt et qu'on cherche son consentement. Point d'alternative.
Demandons alors au nouveau gouvernement de gouverner, c'est-à-dire d'en finir avec le vide décisionnel et l'absence de prospective. Lorsqu'on associe cette évidence politique à un système de valeurs « l'idéal démocratique » que tenterait à incarner l'organisation des pouvoirs publics, on réalisera un bond qui nous amène à passer des conflits d'intérêts, de l'insécurité, de l'anarchie à l'instauration de structures de gouvernement transparents accédant idéalement aux besoins de nos concitoyens. Ainsi, instaurer un rapport interactif entre les gouvernants et la société, c'est aussi dans la Tunisie actuelle, modifier le rapport d'autorité. De l'autorité seule, habilitée à concevoir puis à imposer son dictat à des exécutants soumis, on peut passer à une autorité faisant partager et intérioriser les contraintes et les nécessités à des individus-citoyens, faisant appel à leur responsabilité, dans un cadre qu'il lui appartient de rendre non seulement convaincant, mais surtout lisible.
Or ce qui semble faire obstacle à cette noble entreprise, ce sont les calculs des uns et les ambitions effrénées des autres. Pourtant, l'agir politique exige la transcendance des intérêts privés et l'engagement au profit d'un projet fédérant les forces et associant les intelligences. Voilà, ce qui a assez souvent fait défaut à nos élites, entraînant à différentes périodes de notre histoire des conflits et «cycles de malheurs plus redoutables que la colonisation». Pouvons-nous nous résigner à une telle démission ? Loin de là. Il s'agit plutôt d'inviter les différents acteurs à aller au fond des choses et apporter les solutions adéquates aux problèmes posés au pays. Nous sommes à même maintenant de ne plus laisser la vie politique s'opérer au hasard des élans destructeurs. Nous sommes en droit d'exiger l'agir constructif.
Monsieur Béji Caïd Essebsi a relevé le défi. Faisons-lui confiance et apportons-lui l'aide nécessaire pour qu'il rencontre la réussite. Notre soutien doit lui être acquis sans réserve et encore moins sans état d'âme.


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