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Tunisie : Pensons la mer, pensons la méditerranée
Publié dans Leaders le 15 - 10 - 2018

Sommes-nous en train de passer à côté d'un gisement exceptionnel de richesses abondantes, de potentialités multiples et de croissance effective : la mer ? Pays maritime, la Tunisie l'est pleinemet. D'abord de par ses 1 300 km de côtes sur deux façades, au cœur d'un grand lac stratégique ouvert, la Méditerranée. Elle l'est encore plus et surtout de par sa longue histoire et sa probante pratique. Pêche et commerce, culture et vocation, arts et traditions, identité profonde et lien sacré : le Tunisien est l'enfant de la mer. La Tunisie est l'incarnation de la Méditerranée. C'est dans nos gènes. Notre ADN est bleu !
Qu'en avons-nous fait ? Rien ou presque. Comme si nous tournions le dos à la mer, comme si nous limitions notre relation avec elle au strict minimum : 200 000 tonnes de poissons au mieux par an, une flottille de bateaux de transport de marchandises à capacité réduite et de menus paquebots pour les passagers et les voitures, quelques ports de commerce, de pêche et de plaisance (pour la plupart à réhabiliter) et des plages. De cet immense potentiel, nous n'explorons quasiment que la surface immédiate, sans chercher à aller plus loin, plus profondément.
Vision désuète, approche superficielle, démarche archaïque
Un trésor nous échappe. Qu'il s'agisse de la pêche, du transport maritime, de la construction navale, du nautisme et du balnéaire, des métiers de la mer ou des richesses sous-marines, nous nous contentons du plus simple, du plus facile, du plus modeste et n'agissons qu'au coup par coup, dans le cloisonnement des uns et des autres, sans une vision d'ensemble, sans une gouvernance globale. Plus encore, les questions environnementales avec tous les risques et menaces de pollution, de dégradation du milieu marin, des atteintes aux ressources halieutiques et autres dangers sont laissés à la charge, surtout de la société civile qui n'est guère munie des moyens appropriés pour y faire face.
Evidemment, on agite le pavillon bleu de la protection de la mer, on brandit des stratégies d'économie bleu, on s'époumone à jurer son engagement maritime. Mais les faits, bien têtus, n'affichent guère de gloire.
Quelle est notre vision maritime ? Quelles sont nos convictions et comment voudrions-nous affirmer notre statut de pays maritime et méditerranéen ?
Economique et géostratégique
La question de l'identité est essentielle : sommes-nous méditerranéens et pourquoi nous devons l'être ? Pas uniquement pour des raisons historiques ou culturelles, mais d'abord pour des considérations économiques et géostratégiques.
Economiques: l'enjeu est de taille. Quelles sont les potentialités effectives que la mer, et plus encore la Méditerranée, peuvent offrir à la Tunisie ? Et aux Tunisiens ? Ce recensement chiffré et les projections en business plan seront utile comme clé d'introduction économique. Montrer l'intérêt, souligner le manque à gagner, détailler les niches et les gisements, fixer des objectifs et escompter la création de valeur restent toujours les moteurs les plus efficaces pour déclencher le nouvel élan bénéfique.
Géostratégiques: profitons-nous suffisamment de notre position au cœur de la Méditerranée et de portail d'entrée vers l'Afrique subsaharienne pour en tirer tout l'avantage qu'elle offre ? Mais aussi y exercer, et au-delà l'influence politique, économique et culturelle qui doit être la nôtre et nous profiter le plus ? Sans remonter à l'aube des temps, Carthage, puis Tunis, ont toujours été des acteurs significatifs dans cet espace, tant convoité, tant prisé, tant actif.
Une asymétrie nord - sud pénalisante pour tous
Cet aspect géostratégique prend aujourd'hui une considération bien particulière. Dans un contexte tragico-magique, la question méditerranéenne est exceptionnelle de par ses multiples aspects: sécurité, paix, migration, transport, richesses précieuses et rares…
De la rive sud déchiquetée, de la Libye à la Syrie, embrasée, ensanglantée, avec Gaza enclavée, prise en otage, ne s'élève que la voix de la détresse et du canon. Le grand bleu de la Méditerranée est ici et là rougi du sang des migrants noyés, et les rivages sont jonchés de cadavres rejetés par les courants.
Rien que cette année, 1723 morts en mer ont été recensés dans le bassin méditerranéen au 16 septembre 2018, selon l'OIM. Si on y ajoute les 2575 autres au cours de la même période de l'année précédente (2017), le triste bilan s'élève à 4298 victimes en deux ans. Quel carnage ! Un drame occulté qui nous déchire.
En face, l'Europe détourne son regard et se barricade. Elle ne voit plus désormais dans la rive sud qu'une source périlleuse de son envahissement par des ‘'hordes massives d'assaillants'' qui tentent de poser pied sur son sol et jouir de ses systèmes sociaux. La question de la migration attise les relents nationalistes, coalise l'électorat conservateur de droite et hisse au pouvoir les extrémistes populistes.
Pas moins de huit pays européens ont basculé sous la férule de l'extrême droite. Même le paisible royaume de Suède, insoupçonnable de pareilles dérives, vient de rejoindre, par les élections du 9 septembre dernier, la Hongrie, l'Autriche, l'Allemagne, la Grèce, l'Espagne, les Pays-Bas et tout récemment l'Italie où le jeu politique est arbitré par l'extrême droite.
Le devoir d'accueil et d'asile, légitimé au-delà des conditions humanitaires, par le déficit démographique et les besoins en ressources humaines, est devenu clivant, une pomme de discorde. L'asymétrie nord-sud nous pénalise tous.
Un liant à inventer et des ponts à établir
Face aux nouveaux enjeux, la Méditerranée nous offre une précieuse chance à saisir, pour apporter les réponses appropriées à ces défis majeurs. De vrais liants sont en effet à inventer et établir entre les différents pays riverains du bassin méditerranéen. Des neurotransmetteurs sont à activer afin d'impulser les peuples méditerranéens dans la diversité de leurs origines et cultures, de leurs tranches d'âge et catégories. Culture, économie, digital, recherche scientifique, emploi, identité, valeurs, environnement, bien-être, paix, sécurité sont les maîtres-mots.
La Saison Bleue, initiée cet été par la société civile, avec l'appui de la Présidence de la République et du gouvernement ainsi que l'ambassade de France et la contribution d'entreprises mécènes, a eu le mérite de remettre la question de la mer au cœur du débat. Son couronnement par le festival international de la mer, une grande fête adossée à des ateliers thématiques qui se tiendra les 20 et 21 octobre 2018 à Bizerte, amorcera des échanges méditerranéens nécessaires.
Le dossier que publie Leaders à cette occasion propose de premiers éléments pour nourrir une réflexion globale qu'il appartient d'engager. Il reste ouvert et à enrichir au fil des prochaines livraisons du magazine à d'autres contributions, couvrant différents aspects.
Si elle ne repense pas sa vision de la mer, son littoral et son ancrage méditerranéen, la Tunisie se privera d'un ultime et puissant levier dont elle a pourtant grandement besoin. L'œuvre n'est certes pas aisée, tant les embûches sont légion et la spécificité est complexe. Les problèmes en mer ont leur solution sur terre. C'est notre devoir, c'est dans notre intérêt..


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