L'économie bleue peut procurer à la Tunisie des ressources financières supplémentaires à condition de bien gérer les différentes activités liées à la pêche, au tourisme et au transport. Si l'économie verte est devenue bien connue en Tunisie à la faveur des campagnes d'information lancées à large échelle par les pouvoirs publics, l'économie bleue demeure encore peu ou prou connue du large public. Pourtant, une telle économie peut procurer à la Tunisie des richesses et stimuler les activités dans les régions côtières. Une bonne initiative lancée par l'association tunisienne de l'ingénierie côtière, portuaire et maritime (Atim) qui veut promouvoir l'économie bleue vu les potentialités dont dispose notre pays dans ce domaine. Selon M. Mehdi Ben Haj, président de l'association, «l'économie bleue en Tunisie était, dans un passé lointain, un fleuron de notre pays et sera sans aucun doute une force future pour notre avenir». L'économie bleue est considérée, d'ailleurs, comme l'une des solutions qui permettrait de surmonter la crise économique. «En effet, pour sortir de l'auberge et mieux affronter la crise économique mondiale actuelle, souligne M. Ben Haj, les Etats, dans leur majorité, sont en train de se pencher sur de nouvelles issues structurelles et économiques. Dans ce sens, la propulsion de l'économie bleue (la stimulation de la croissance bleue tout en préservant les milieux marins) est, actuellement, dans la ligne de mire de tous». Des zones vulnérables L'économie bleue peut toucher plusieurs activités comme la pêche, le tourisme et le transport. Ainsi, dans le domaine de la pêche, il s'agit de préserver nos richesses halieutiques en évitant les abus notamment dans les zones les plus vulnérables. La pêche au chalut dans un niveau d'eau bas n'est pas recommandée car elle participe à la désertification de la mer et, par conséquent, à la diminution des populations marines. Il est nécessaire, également, de respecter les périodes du repos biologique qui ont été décrétées, il y a quelques années par les autorités tout en renforçant le contrôle par satellite. Cependant, certaines zones — comme celles qui sont situées dans le nord — sont peu exploitées même si elles recèlent d'importantes richesses en poissons. Pour ce qui est du tourisme balnéaire, il axe ses activités essentiellement sur la mer. Plusieurs hôtels situés dans les zones côtières proposent à leurs clients des séjours près de la mer. Les hôteliers délimitent une partie de la plage qui est consacrée à leurs clients. Ils contribuent à son nettoyage et mettent à la disposition des touristes des vedettes ou des yachts pour faire une promenade en mer. Attention aux infractions Au cours de la haute saison, la mer est fréquentée aussi par plusieurs Tunisiens qui veulent se rafraîchir pendant quelques jours. Malheureusement, plusieurs zones ne sont plus propres à la baignade compte tenu de leur niveau de pollution assez élevé. Les algues, les rejets des stations d'épuration qui sont débordées et les ordures de toutes sortes ont été à l'origine de cette situation désagréable. Un effort doit être fait par tous les intervenants concernés pour que les plages retrouvent leur aspect esthétique attirant. La mer, c'est aussi un couloir pour les navires transportant des marchandises ou des personnes. Il faut éviter surtout de polluer la mer par certains transporteurs d'hydrocarbure par dégazage pour préserver la richesse halieutique et les plantes aquatiques nécessaires à la nourriture des poissons. En cas de pollution, les interventions de dépollution doivent se faire avec l'efficacité et la célérité requises pour circonscrire la propagation de la marée noire, par exemple. M. Ben Haj rappelle que «La Tunisie est dotée de 2 façades maritimes orientale et occidentale, et se situe au cœur de la méditerranée. Elle présente, de ce fait, les meilleurs atouts pour réussir ce pari. De plus, Carthage était, autrefois, l'empire commercial et militaire de la mer. Les ports puniques en témoignent encore... Donc, le sujet de l'économie bleue n'est pas nouveau pour nous et c'est notre passé et notre futur». Rappelons que la Commission européenne a présenté, le 8 mai, un plan d'actions pour l'innovation dans l'économie bleue. L'objectif est de stimuler la croissance bleue tout en préservant les milieux marins. Les secteurs de la pêche, du transport, du tourisme, de la biotechnologie et des énergies renouvelables en mer représenteraient 5 millions d'emplois, et pourraient atteindre 7 millions à l'horizon 2020. La priorité de ce nouveau plan est d'accroître les connaissances de ce milieu méconnu. Une carte numérique de l'ensemble des fonds marins européens sera réalisée d'ici 2020.