«Nous ne pouvons nous empêcher de voir le monde comme un village unifié, habité par des nations multiples et interdépendantes. Chacune d'elles préoccupée par sa propre prospérité, mais demeurant redevable vis-à-vis des autres, de l'intérêt général de l'humanité». Kheireddine Tounsi, Homme politique tunisien 1822-1890 La Méditerranée a longtemps été un carrefour d'échange. Le commerce maritime y a joué un rôle prépondérant dans le développement économique et la prospérité des pays riverains, au Sud comme au Nord. Les traités de paix ont souvent été motivés et fondés sur des pactes commerciaux, et les échanges ont largement contribué au rapprochement culturel, voire à l'émergence d'une identité méditerranéenne. En effet, le fait que la Méditerranée ait perdu sa vocation de plaque tournante du commerce international, à la faveur de la découverte de nouvelles routes maritimes, à partir du XVIe siècle, les liens entre le Sud et le Nord de la Méditerranée se sont effilochés, et les niveaux de richesses ont commencé à accuser un écart de plus en plus grand entre les deux rives. Dès lors, les conflits se sont multipliés, et la sécurité est devenue préoccupante dans le Bassin méditerranéen, en particulier au XVIIe et XVIIIe, où la course s'est répandue et est même devenue un des moyens de contrôle du trafic maritime, voire pour certains pays, un moyen de subsistance. En 1867, avec la percée du canal de Suez, on aurait pu croire à un retour en Méditerranée du centre de gravité du commerce international. Mais ceci n'a pas été le cas. Pis encore, cela a provoqué l'annexion du Sud, affaibli par sa mise à l'écart des nouveaux circuits économiques, par des pays du Nord, opulents et prospères cherchant à étendre leur règne maritime et militaire sur les régions sous-développées, mais présentant des gisements de ressources naturelles importants. La stratégie de croissance du Nord s'est focalisée pendant un temps sur l'extension territoriale.
Après une sombre période de colonisation et deux guerres mondiales, une page de l'histoire est tournée, lorsqu'en 1996, et sous l'impulsion du Nord, le processus de Barcelone est ratifié. Une lueur d'espoir dans la logique relationnelle Nord-Sud est alors apparue. Les pays les plus développés de la Méditerranée se sont accordés à investir sur la prospérité de leurs voisins, en les aidant à se hisser à leur niveau de développement. Une décennie plus tard, le retour sur investissement est maigre. La vision de ce processus est restée asymétrique. Le Nord, focalisé sur les considérations sécuritaires, y voyait à travers ce processus un équilibrage politique, social et économique visant à préserver son modèle de société. Le Sud n'y a vu qu'un dédommagement pour torts causés pendant des décennies. Le constat est sans appel. Les politiques peuvent initier des projets de société, mais ne peuvent pas être les seuls à les mettre en oeuvre.
Nous CJD Tunisie, sommes convaincus qu'il est temps de développer une vision nouvelle de la Mare Nostrum', impliquant davantage la société civile et le secteur privé. Nous voyons des opportunités réelles dans la mondialisation, mais nous sommes aussi conscients des risques associés (les changements climatiques, la pollution, les modifications génétiques, les pandémies, ) que nous devons affronter ensemble.
Nous CJD Tunisie, prônons l'intérêt collectif, la communauté de biens et la proximité culturelle pour les nations méditerranéennes. Nous appelons le Nord et le Sud à formuler ensemble une stratégie à double dividende, assurant progrès social et efficacité économique, comme réponse aux défis de développement équitable.
Notre vision Le vrai défi pour les pays du Nord comme pour les pays du Sud, dans le contexte actuel de changements rapides et d'accélération de l'Histoire, est d'assurer une croissance économique soutenue, basée sur des fondamentaux de plus en plus éphémères. Or, celle-ci n'est possible pour l'Europe que moyennant des investissements importants en dehors de ses frontières. Alors que pour les pays du Sud de la Méditerranée, leur croissance dépend pour beaucoup de leur capacité à drainer et fructifier des investissements directs étrangers. Le point de convergence est là. Les frontières deviennent des interfaces d'échanges et la notion d'indépendance laisse désormais la place à la notion d'interdépendance
Plus que jamais, le Sud et le Nord de la Méditerranée sont confluents en terme identitaire, culturel et économique. Ensemble, nous pouvons construire une zone de confluence prospère en Méditerranée, pour assurer la paix et le bien-être à nos peuples.
Trois panels d'experts et intervenants de haut niveau, seront sélectionnés et réunis en table ronde, pour traiter tour à tour de cette vision, articulée autour des axes suivants : 1) Les échanges commerciaux et culturels pour un réseau gagnant 2) Le partage du savoir pour créer plus de valeur 3) le développement équitable pour une prospérité durable