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Tunisie: qui perd ne doit pas regagner…
Publié dans Leaders le 14 - 01 - 2020

Après le rejet du « gouvernement Habib Jemli », certains se sont empressés pour proclamer que c'est « l'échec » du parti Ennahdha », que les « rapports de force en seront complètement modifiés »… Ils ne connaissent pas vraiment le parti Ennahdha ni son président-fondateur Rached Ghannouchi… Cet échec était voulu : le gouvernement Jemli était – à tort ou à raison – perçu comme un « gouvernement Ennahdha ». Ce qui est rédhibitoire pour Rached Ghannouchi. Il a donc fait couler Jemli avec plus ou moins de doigté… Comme en témoigne les interventions contradictoires des députés « nahdhaouines » lors du débat sur la confiance.
Chat échaudé craint l'eau froide, comme on dit ! Ennahdha fera tout pour ne plus jamais exercer en direct le pouvoir.
Souvenez-vous !
Les premières élections législatives post-Ben Ali (octobre 2011) ont débouché sur un raz-de-marée – tout relatif - pour les candidats du parti Ennahdha : ce parti est arrivé premier, loin devant le deuxième, mais il n'a pas eu la majorité !
Ennahdha avait bénéficié d'un « halo » de « parti militant, victime de la dictature, neuf et non corrompu ». Il avait reçu le suffrage de 1 501 000 électeurs (37%), loin devant son concurrent, le CPR (parti de Moncef Marzouki), qui avait bénéficié lui aussi d'un a priori positif en tant que militant des droits de l'homme, démocrate, etc. : 353 000 voix (9%). Chiffres arrondis.
Sans majorité, les deux partis ont été obligés de faire alliance – avec un 3e larron – Ettakol – qui apportait à la liste de ce mariage improvisé son petit lot (285 000 voix, 7%).
A trois, ils disposaient d'une majorité parlementaire confortable de 53%. Ils ont fait ceux qu'ils ont voulu, le pays en a beaucoup souffert et il traine encore les métastases de cette sinistre gestion.
Les trois partis – exposés au pouvoir – ont récolté les fruits de leur désastre en 2014. Ennahdha – mieux structuré et plus malin – a sauvé les meubles, ses deux acolytes ont été relégués dans les oubliettes de l'histoire.
Aux élections législatives d'octobre 2014, Ennadha arrive loin 2e après Nidaa Tounes. Il perd 550 000 voix. Il devra sa survie au canot de sauvetage que lui a lancée – contre toute attente - feu Béji Caïd Essebsi. Rached a gouverné derrière l'écran, c'était tout bénéfice. C'est le parti de BCE qui a tout encaissé : les mauvais résultats économiques et sociaux, les procès inachevés… Il a bu le calice jusqu'à la lie, trahi par Ennahdha et par ses proches.
Ainsi ragaillardi, le parti Ennahdha a repris de ses forces.
Aux élections d'octobre 2019, Rached Ghannouchi exulte : son parti arrive à nouveau en tête, même s'il ne regagne pas tous ses électeurs de 2011. Il dispose de 52 sièges, loin devant Qalb Tounes (subdivision de Nidaa Tounes) avec 38 sièges. Il n'a toujours pas la majorité requise (109), mais il a pu devenir, en échange d'un service rendu à Qalb Tounes et à un nouveau consensus improvisé à la tunisienne, président du Parlement avec 123 voix sur 217 !
La loi lui donne même la main – en tant que 1er parti – pour désigner en premier le chef du gouvernement… Malin, comme à son habitude, Rached Ghannouchi n'a pas voulu s'exposer en direct : il a choisi un homme « indépendant » en sachant bel et bien que cet homme ne parviendra pas – quitte à lui mettre des bâtons dans les toutes les roues – à obtenir la « confiance » du parlement. Le verdict est tombé le 10 janvier dans la soirée. Exit le chef de gouvernement proposé par Ennahdha. Habib Jemli a joué pleinement le jeu, je pense.
Il ne connaissait pas l'arrière-pensée de Rached Ghannouchi : jamais plus un gouvernement ne portera, d'une façon ou d'une autre, l'étiquette « Ennahdha ».
2011-2013, ça suffit ! Jamais il ne risquerait à nouveau la « vie » d'un parti qu'il a fondé en 1981. Pour lequel il a fait de la prison, il a frôlé la mort, il a dû s'exiler…
Sa stratégie actuelle : j'occupe le siège confortable du président du parlement et les autres gouvernent, en étant plus ou moins à ma merci. Cette stratégie est-elle viable ? Tout dépendra de la pugnacité de ses adversaires.
Le 11 janvier, ses opposants crient victoire trop tôt. Lui, rit. Et s'envole – pour un voyage « privé » à Istanbul pour un tête-à-tête « privé » (sic) avec le président turc (12 janvier).
Certains d'entre eux se mettent à concocter leur propre gouvernement. Alors que d'autres lancent des « initiatives » désordonnées – option 2 - pour le destituer du poste de « président de l'ARP », qui fait de lui la 2e figure de la Nation, après le président de la République.
Option 1 : elle convient parfaitement à Rached Ghannouchi : il leur dira, allez-y gouverner, et, si besoin, je ferai en sorte que votre gouvernement anti-nahdhaoui reçoive la bénédiction de l'ARP (vote de confiance). Rien ne l'empêche – au titre du consensus – de leur donner quelques voix supplémentaires pour atteindre le quota (109 voix), avoir le vote de confiance et… gouverner à leurs risques et périls.
Il fera ce geste, même si ses adversaires ne le lui demandent pas ! Car il n'a pas intérêt à ce que le prochain chef de gouvernement perde la confiance. Si c'est le cas, la loi prévoit une dissolution automatique de l'assemblée nationale et des élections législatives nouvelles. Rached Ghannouchi perdrait alors son perchoir, tous ses députés et tous les autres députés mal élus leur mandat… Car rien ne garantit que le peuple mette la prochaine fois Ennahdha en tête. Le président de la République pourra à lui seul rafler la mise…
Ce scénario infernal n'a aucune chance de passer… Rached Ghannouchi a des cartes qui lui permettent de l'éviter. Ses opposants ont tellement hâte de se partager le pouvoir qu'ils ne voient pas le piège. Pour gouverner, ils ont besoin de l'ARP, et ils vont souffrir. Ils ne pourront qu'échouer. Pour finalement perdre aux prochaines élections (2024), laissant à nouveau la voix à Rached Ghannouchi : ils ont perdu, votez pour moi !
Option 2 : A-t-elle une chance d'aboutir ?
C'est possible. L'appel lancé par la présidente du PDL, Abir Moussi, pour réunir un groupe de députés et réclamer la destitution de Rached Ghannouchi, sans toucher donc à la présence globale de son double bloc de soutien parlementaire (72 députés). D'autres opposants ont lancé une initiative similaire. Que dit le règlement intérieur de l'ARP ? (voir document). Il faut réuni au minimum le tiers des députés (73 députés) et présenter une demande de destitution « motivée » au vote de l'ARP. Cette demande devra, pour passer, obtenir la majorité absolue (109 voix). Cette procédure peut durer 3 à 4 semaines.
A supposer qu'elle réussisse, Ghannouchi se retrouverait sur les bancs de l'ARP comme simple député, opposant. Aux autres de former leur gouvernement et de gouverner… On revient à la fin de l'option 1. Face à leurs divisions, les partis vont très mal gouverner et finir par perdre leur crédibilité et la confiance des électeurs en 2024. Ennahdha gagnera à nouveau, en se positionnant comme premier parti de la nouvelle assemblée…
Mais il y a une « option 3 », que je préconise et que j'appelle de mes vœux, comme, je le pense, la majorité silencieuse des Tunisiens.
Option 3 : Il faut créer un « parti majoritaire » fort et durable.
Si les opposants à Ennahdha ouvrent leurs yeux, s'ils regardent le passé, ils verront qu'ils n'ont pas d'autre option que l'option 3. Elle est imparable : ces opposants – démocrates éclairés– devraient éviter de dissoudre l'actuelle assemblée et ne pas donner la main au Président de la République pour créer une nouvelle force « politique ». Ils devraient vaincre leurs divisions en fusionnant le plus vite possible pour créer un parti extra fort – et pas une coalition aléatoire – afin de changer le rapport de force au sein de l'assemblée actuelle : mettre en minorité le bloc Ennahdha – El Karama (72 sièges) et reprendre la présidence du parlement. Sans passer par la case « élections anticipées ». S'ils le font, ils auront quatre années pour réussir le redressement économique et social de la Tunisie, modifier le code électoral, mettre en place les institutions constitutionnelles, faire un état des lieux et sanctionner tous les abus de la période 2011-2019, parachever les affaires judiciaires et criminelles en panne.
L'autre grand défi qu'ils auront à affronter : purger l'administration (au sein de laquelle les sympathisants et les militants d'Ennahdha ont été installés) et remettre le pays sur de bons pieds. Tout en respectant le jeu démocratique.
A ces « démocrates éclairés » - jeunes et vieux - il leur faut un « programme commun de gouvernement » autour d'un parti unifié, solide et durable.
Cette option 3 est-elle réaliste, direz-vous ? Oui, elle est faisable et le pays l'attend avec impatience. Mais elle exige du courage et du discernement, elle exige de dépassement des intérêts étroits des partis actuels que rien ne sépare vraiment quand je regarde leur programme et leurs idéaux : une simple feuille de papier à cigarette…
Celle alliance ne devrait pas être celle de l'« union nationale » (appellation trop galvaudée), mais celle de la « solidarité nationale ». Celle de la renaissance de tous les « Néo-destouriens » de 2020. Ils enterreront définitivement les dictatures (anciennes et nouvelles). Pour que cette année, le 6 juin, ils puissent célébrer le « centenaire » de la naissance du mouvement national d'indépendance (issu du mouvement « Jeunes tunisiens ». Et qu'en 2024, en même temps qu'ils se présenteront avec leur bilan devant les électeurs, ils célèbreront les 90 ans de la création du parti qui a repris en main le combat de l'indépendance sur le terrain (2 mars 1934).
C'est avec toutes les forces vives de la Nation, ressoudée autour de son socle moderniste, ouvert, tolérant, que la Tunisie pourra s'en sortir dans une démocratie respectueuse des minorités et mêmes des extrêmes, comme c'est le cas en Europe.
Tout peut commencer maintenant pour la sauvetage de la Patrie avant tout. Aujourd'hui peut commencer une nouvelle bataille contre les égos. Personne ne peut agir isolément. Les « démocrates éclairés » doivent se pardonner, enterrer la hache de guerre et joindre leur parole à leur acte en passant à la contre offensive pour s'unir. That's the question ! Tout le reste n'est qu'un « bla bla bla » destiné aux réseaux sociaux et à une opinion incrédule et de plus en plus lasse… lasse de la « classe politique » et de ses manœuvres déloyales.


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