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Abdelaziz Kacem: N'est pas médecin qui veut
Publié dans Leaders le 23 - 04 - 2020

«Ce qu'il y a de plus scandaleux dans le scandale, c'est qu'on s'y habitue» (Simone de Beauvoir, dixit). Depuis bientôt dix ans, chaque jour nous apporte son lot de couleuvres à avaler et l'on ne saurait réagir à tout. Mais il en est qui vous reste en travers de la gorge. Vendredi, 17 avril dernier, dans la foulée du Covid-19 et à la faveur de la torpeur des confinés, le ministre de la Santé annonce, en catimini, la nomination inattendue de M. Mohamed Chaouch, au poste de directeur général des Soins de santé de base, en remplacement du Dr Chokri Hammouda, appelé à d'autres fonctions. L'heureux promu était jusque-là chargé du dossier du pèlerinage au ministère de la Santé, poste qui lui allait parfaitement, avec moult « thawab » ou rétributions divines à l'arrivée. Il faut dire que l'homme est plus qu'un dévot, un takfiriste zélé qui appelle à l'éradication physique des laïcs, dans les termes les plus crus. Une photo le montre baignant dans le bonheur en présence de barbus habillés à l'afghane. De plus, il se targue d'être le disciple du daéchien libyen Ali Soulabi, le théoricien du «tamkin», et du salafiste égyptien Omar Abdelkafi, ingénieur agricole de son état, mais recyclé dans le hadith et les signes précurseurs de la fin des temps.
Ne pouvant rien redresser à la tortuosité des choses, j'ai cru bon d'enrichir le CV de ce désormais grand commis de l'État, par quelques extraits tirés de sa page FB. J'en ai choisi quatre parmi les plus représentatifs d'une pensée effarante :
1. À la suite de la fameuse attaque perpétrée, en juin 2012, par des islamistes contre l'exposition du Palais d'El Abdellia, des barbus ont été arrêtés. Voici ce M. Mohamed Chaouch écrivait, le 27 août, à ce sujet:
«Vendredi, si Dieu le veut, aura lieu la ruée sacrée sur la place de la Kasbah pour purifier le pays de tous les symboles de la corruption, revendiquer la réalisation de tous les objectifs de la révolution, ainsi que l'élargissement des frères injustement et à tort emprisonnés, suite aux incidents de l'exposition d'El Abdellia. Prière de diffuser le plus largement possible. Désormais, tous les islamistes font bloc contre le retour de l'ancien régime, fût-ce sur nos cadavres (Tahrir, Nahdha, Salafia contre la charge des laïcs) Takbiiiiir.»
2. À son avis, les laïcs assimilés à des athées sont bons pour le «sahl», autrement dit, il faut impérativement les attacher à l'arrière d'une voiture en mouvement jusqu'à ce qu'ils soient écharpés à mort.
Le 14 avril 2014, il s'adresse aux naïfs qui prônent encore le respect de la loi:
«Avez-vous pigé pourquoi il faut les trainer au sol attachés derrière une voiture sur les places publiques. Telle est la solution, ô vous qui prêchez la non-violence, la justice, la justice transitionnelle, la sagesse, la phraséologie. Avez-vous pigé pourquoi trainer les chiens au sol n'est pas violence, n'est pas terrorisme, n'est pas anarchie, ce n'est que justice. Avez-vous lu enfin la leçon de l'histoire, ô vous qui prêchez la non-violence, la loi, les putes, le jasmin, l'imposture, les échoppes partisanes, la parité, la bave…»
3. À propos de Mme Bochra Belhaj Hamida et du COLIBE qu'elle préside, voici le terrible anathème qu'il leur jette en ce 1er juillet 2018:
«Dieu fasse que la machination (makr) de Bochra et de son Comité se retourne contre elle. Dieu fasse que leur langue sois coupée, que leur vue soit frappée de cécité, et leur ouïe de surdité. Qu'ils aillent, elle et son Comité, rejoindre Abou Lahab et sa femme. Fasse qu'autour de son cou une corde de fibre soit nouée».
4. Farouchement opposé au caractère civil de l'État, le 10 décembre 2019, dans un élan eschatologique, il prévient et fulmine encore:
«Quand tu te présentes devant ton Créateur, dis-lui : je voulais un État à caractère civil. Ce ne sont pas les regards qui sont aveugles, ce sont plutôt les cœurs».
M. Chaouch ayant fermé son compte, c'est à partir de captures d'écran que j'ai sélectionné ces statuts. Je les ai traduits, le plus fidèlement possible, et je ne sais si leur auteur est pleinement conscient de la gravité pénale et morale de ses propos. J'en doute tant son arabe est médiocre et fautif. Les bribes coraniques dont il a truffé ses imprécations sont déformées. Certains passages relèvent carrément du délire. Rien d'étonnant. Très souvent, les pires zélateurs de l'intégrisme ne maîtrisent ni les arcanes du dogme ni la langue dans laquelle elles sont exprimées. Leur fanatisme et leurs fantasmes sont d'autant plus criminogènes.
Je plains M. Chaouch. Il n'a trouvé personne pour le ramener à la raison. Pire, il est récompensé de ses déraisons. C'est avec tristesse que je m'abstiens d'accoler le titre de Docteur au nom de M. Chaouch. Un médecin n'appelle pas au lynchage, il est au service de la vie. Il l'a juré. Et puis, chez Hippocrate, il n'y a pas que le Serment. Il a été le premier à avoir délivré la médecine de l'emprise occulte des dieux. De même, la métaphysique avicennienne est d'un tout autre ordre. Abu Bakr al-Razi, le Rhazès des Latins (854-925), Avicenne (980-1037), Averroès (1126-1195), tous médecins philosophes, n'étaient grands praticiens que parce qu'ils s'étaient affranchis des limites imposés par l'obscurantisme aux lumières. Cette race de cliniciens et de cliniciennes humanistes existe en Tunisie. J'en connais de près, depuis ma prime jeunesse. Des affinités goethéennes m'ont lié à eux. Longue vie aux vivants. Ceux qui sont partis, les Hassouna B. Ayed, les Ali Bouzayen, les Ridha Mrad et bien d'autres, j'en garde un souvenir flamboyant. Je suis même l'auteur d'un quatrain gravé en épitaphe sur le tombeau de l'un d'eux, l'éminent homme de science et de culture, le très regretté Dr Tahar Ben Ezzeddine…
Pour ne pas conclure, je ne féliciterai pas M. Abdellatif Mekki de la promotion indue dont il a gratifié l'un de ses affidés les plus virulents. Quant aux esprits libres que le protégé du ministre voue aux enfers, dont, nommément, Madame Bochra Belhaj Hmida, je leur recommande de hausser les épaules et passer leur chemin. Cela ne les dispense pas de regarder à droite et à gauche avant de traverser la chaussée.


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