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Refonder le système éducatif : une vision, un projet d'une nouvelle Tunisie
Publié dans Leaders le 10 - 09 - 2020

Par Emna Ben Arab - A quelques jours d'une rentrée qui demeure bien incertaine, le chef de l'Etat a tenu, malgré tout, le 2 septembre, à se plier à un rituel décalé et surtout peu compatible avec une année scolaire et universitaire irrattrapable due à une pandémie sans précédent qui a rendu l'éducation, déjà bien en manque de vitalité, dans un état de prostration.
Au lendemain de l'indépendance et jusqu'aux années 1970, l'éducation publique était pour l'Etat tunisien un investissement rentable et constituait une large part de la richesse de la nation qui y consacrait 25% de son budget. Pour un pays privé de ressources naturelles suffisantes, c'est le taux de rendement d'un capital humain formé et compétent par des études de haut niveau qui devait assurer l'essor du pays. L'enseignement jouait ainsi un rôle important dans l'évolution de la société et, homme et femmes, contribuaient à la création d'un monde nouveau.
A cette époque, la Tunisie avait toutes les raisons de célébrer une ‘Journée du Savoir", une cérémonie rituelle par laquelle nous célébrons la fin de l'année scolaire et universitaire. C'est bien plus que cela. La ‘Journée du Savoir' est un moment où la nation tout entière prend conscience de ce qui constitue le véritable fondement de sa révolution permanente : l'école, c'est-à-dire la promotion de l'Homme par l'éducation, par la science, par le savoir ... Une nation qui met à l'école le quart de sa population, qui scolarise plus de 80% de ses enfants entre 6 et 12 ans, qui affecte près de 10 % de son revenu national et près de 30 % de son budget à l'Education, n'est pas une nation commune. C'est cela la Tunisie... Mais ce qui est plus remarquable encore, ajoutait-il, c'est que cet effort gigantesque de scolarisation et de promotion est un effort de la Tunisie indépendante. Tout ce chemin ou presque a été parcouru en 15 ans d'indépendance. C'est cela la révolution sociale de la Tunisie indépendante ».
Aujourd'hui, cette « Journée du Savoir », est devenue une occasion pour épiloguer sur les utopies indéfiniment ressassées: l'avenir de l'école, celui de l'université, l'indispensable amélioration de la qualité des enseignements, la suppression de toutes les disparités régionales, le rappel de l'importance d'une revalorisation du statut des enseignants, l'intégration des diplômés qui fuient un pays incapable de leur donner un emploi, la volonté inéluctable des nécessaires réformes à engager dans les programmes, etc.
Certes le besoin de réformer le système éducatif se fait sentir de plus en plus, une réforme disruptive qui coupe avec les réformettes et qui suit les mutations que traverse le monde autour de nous. Nous vivons une époque exceptionnelle, celle de la société numérique. Son impact le plus important est la transformation de la nature du travail et de la formation d'où la nécessité de repenser les systèmes d'acquisition des connaissances qui doivent répondre plus étroitement aux besoins de la nouvelle économie.
Chaque année le palmarès de Shanghaï, qui valorise la recherche et la qualité de l'enseignement, et qui sert surtout d'indicateur du niveau d'intégration intellectuel d'une société dans son siècle, est suivi et commenté dans le monde entier mais ne préoccupe guère nos décideurs et ne suscite ni réaction ni débat. C'est en matière de savoir, de communication et d'acquisition de connaissances que nous vivons en spectateurs médusés et en utilisateurs ravis, une évolution sans précédent dans l'histoire de l'humanité car rien de ce que nous sommes n'échappe plus à l'intervention des nouvelles technologies. Au tournant du XXème siècle, les dix plus puissantes firmes des Etats-Unis tiraient leur puissance des ressources naturelles : acier, sucre, tabac, gaz, pétrole, etc. Aujourd'hui les firmes les plus prospères comme les GAFAN américains (Google, Apple, Facebook Amazon et Netflix) et les BATX chinois (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi), profitent d'une économie basée sur le savoir. La richesse pour un pays s'identifie désormais de plus en plus aux capacités de recherche et d'innovation ainsi qu'à l'aptitude à s'approprier et à transformer l'information. On ne peut dès lors vivre le XXIe siècle sans penser à une remise en cause d'un ensemble de facteurs d'inertie et sans procéder à la révision nécessaire des modes d'appropriation des connaissances et des systèmes de formation.
Or le système éducatif en Tunisie est resté longtemps soumis à la même loi quasi immuable : entreprendre des études c'est s'embarquer vers une destination précise. On devient professeur, médecin, avocat, ingénieur ou fonctionnaire avec des perspectives déjà bien tracées et un sort à peu près certain. Il n'en va plus de même de nos jours. Le diplôme, jadis valeur sure, ne suffit plus à garantir un emploi ou le conserver. C'est l'économie concurrentielle mondialisée qui décide de la valeur du titre universitaire, du nombre de places, dans le pays où à l'étranger, et du salaire correspondant à chaque diplôme. Les possibilités qu'offrent les technologies modernes mettent en exergue des contrastes très marqués entre les pays avancés qui cumulent les rôles d'inventeurs, de financiers, de promoteurs des technologies d'avenir et de réseaux de communication planétaires, et les pays qui s'éternisent dans leur statut de consommateurs condamnés à s'adapter aux techniques les plus récentes et les plus coûteuses.
L'éducation est confrontée à un monde qui se métamorphose où les ressources naturelles et les industries lourdes et coûteuses n'indiquent plus les paramètres du progrès économique, mais plutôt l'éveil des intelligences, la vigilance face aux opportunités, bref, tout ce qu'un réseau de « puces » peut donner à faire et à devenir. Ces technologies avancées affectent autant les activités liées à l'éducation et la formation que les activités liées à la production et au travail. D'où la nécessité de repenser les systèmes d'apprentissage qui doivent répondre plus étroitement aux besoins de la nouvelle économie. A la différence des générations précédentes, les jeunes d'aujourd'hui ne connaîtront que demain les métiers de demain.
Afin de maintenir le cap dans cette réalité qui affecte tous les domaines de la vie, il faut engager sans tarder une démarche prospective et évaluative sur l'avenir d'un système éducatif qui ne correspond plus à rien, un système qui est devenu une usine à produire des assistés et des chômeurs, qui n'a fait que dévaloriser le métier d'enseignant et d'affermir le déclassement social des enseignants.
Réformer est avant tout une stratégie qui se base sur une vision avec le diagnostic comme point de départ et le projet comme finalité, un projet avec des objectifs ambitieux mais réalisables, un timing et un séquençage logique et de nouvelles sources de financement ; une volonté politique et un leadership capable d'engager des reformes disruptives ; une stabilité politique qui donne aux décideurs le temps d'agir et de la pédagogie qui permet d'expliquer la démarche pour rallier toute la société derrière le projet et prévenir l'opposition futile des réfractaires à tout changement.
Or une telle volonté nécessite des responsables politiques capables de mesurer les véritables enjeux. Mais lesquels ? Pour le moment nous avons des gouvernements qui fonctionnent à l'envers, complètement déconnectés de la réalité du pays. L'enseignement et la formation iront alors partager le sort du tourisme, de la santé publique et de la culture et paieront au prix fort l'inaptitude de ceux qui ne pensent plus et n'osent plus.
Emna Ben Arab, Ph.D
Professeur Universitaire


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