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Tunisie: Jusqu'ici tout va bien merci...
Publié dans Leaders le 25 - 12 - 2020

Par Lotfi Farhane - Nous n'avons cessé de nous répéter cette phrase pour nous rassurer sur l'avenir, alors que tout indique que nous sommes en chute libre, largués des hauteurs, sur le point de nous écraser au sol comme un bel étron. Moi-même, il n'y a pas longtemps, je pensais, certainement avec bonhomie et non sans une bonne part de crédulité, qu'il y a assez de place pour tout le monde en Tunisie, qu'on pouvait dans une charte implicite de citoyenneté partager avec l'autre, paisiblement cet espace commun qu'est la rue, y cohabiter dans la bonne entente et le respect mutuel mais hélas, trop de gifles encaissées par une réalité crue, têtue qui ne cesse de me rattraper, d'effet yoyo rythmant une alternance de crises de doute et de phases euphoriques d'espoir, ont fait que, depuis quelque temps, j'ai définitivement abandonné cette position. Voyant défiler en boucle dans mon esprit, les lancinantes images d'actes terroristes commis sur notre sol et des corps déchiquetés par les éclats de bombes portant toujours la même marque, les cortèges funèbres, les successives files de présentation de condoléances où, on y voit le sempiternel manège d'hommes politiques, défilant avec un regard gêné, affichant une condescendance de pure courtoisie et sentant à plein nez, l'impuissance, le silence complice et l'extrême perfidie, puis les terrifiants et récurrents messages renvoyés des flancs de nos montagnes orgueilleuses, cette peur angoissante des lendemains incertains, qui freine toute projection dans un avenir serein telle une pesante chape de plomb qui nous couvre et nous écrase, cette atmosphère suffocante de haine et de terreur dans laquelle on baigne, cette accumulation de ressentis paralysants qu'on n'est même plus capable de verbaliser ; un long et informe agglomérat qui a fini par me convaincre et me résoudre à admettre qu'on fait fausse route, qu'on tente l'irréalisable, que faire coexister deux projets sociétaux n'ayant aucun socle commun et tenter de les réunir, semble être une tâche sisyphéenne car l'un se voulant moderniste, est tourné vers l'avenir et les lumières de l'esprit, ayant pour vecteur, l'art, la science, les humanités et le dialogue, puis l'autre reprenant des idées poussiéreuses, mortifères venues de l'ère de l'avènement de l'islam en Arabie et qu'on cherche à imposer par la force de l'épée. Deux modèles diamétralement opposés, l'un culturel et l'autre cultuel ...
Un laps de temps écoulé de dix années me semble raisonnablement suffisant pour s'interroger sur le chemin parcouru depuis la fin de l'ère novembriste et se poser la question naturelle de savoir, où en sommes-nous ? Oser se demander si les dirigeants de l'époque et à leur tête le président n'avaient peut-être pas tort sur toute la ligne dans leur politique, plus contestable dans son application que dans sa philosophie. Peut-on encore aujourd'hui conserver cette perception primitive de binarité pour affirmer qu'il y avait d'un côté les mauvais et les méchants et de l'autre, les bons et les gentils, les bourreaux et leurs victimes ? Que ceux qui ont été emprisonnés étaient tous des patriotes innocents ? Que ceux qui sont morts dans ces évènements, étaient tous des révolutionnaires et pas pour un grand nombre, des casseurs et des pilleurs ? Sont-ils tous les martyrs de la liberté ou plutôt les victimes de la bêtise et de l'ignorance ?
Un maudit printemps arabe piloté par les occidentaux qui a semé la mort partout sur son passage, causé des drames, mis sur la route de l'exil des milliers de personnes, transformé des villes en tas de décombres et démantelé des pays comme la LIbye, le Yémen ou encore la Syrie, tout comme le dépeçage de l'empire ottoman par les anglais qui a abouti à la création de l'état d'Israël ...
Les bombardements n'apportent jamais la démocratie et encore moins la liberté !
Un tableau sordide et un bilan macabre que les artisans de cette machination reconnaissent à demi mot, avoir fait un fiasco complet et se consolent en répétant que seule l'expérience démocratique tunisienne a abouti ...
Justement, parlons-en de ce fameux printemps tunisien, de fragrance jasmin ! Franchement, quand on observe l'empêtrement du pays dans des difficultés inextricables de toutes sortes et les horizons obscurs, il n'y a vraiment pas de quoi pavaner ! La conjugaison de la candeur légendaire de la gauche et la scélératesse des islamistes avec la surchauffe et témérité boutonneuse d'une frange de jeunes démocrates et d'intellectuels rompus au militantisme de terrain, a donné une mixture qui, appliquée au peuple tunisien dans sa diversité, ses divergences et ses contradictions, nous a livré le résultat qu'on connait ...
J'insiste sur le rôle de la gauche pour être restée puérile et n'avoir toujours pas retenu les leçons de l'Histoire. Son alliance avec les intégristes dans un esprit unioniste face à un même ennemi s'est toujours soldée par sa liquidation pure et simple. L'expérience iranienne avec Khomeiny, ensuite la manière dont la gauche algérienne ou égyptienne ont été remerciées après avoir composé avec les islamistes radicaux, sont des exemples scolaires.
En outre, n'avons-nous pas entendu que la version des vainqueurs et raté une précieuse occasion de connaître le récit de ceux qui étaient au pouvoir et qui en majorité ont emporté leurs secrets dans leurs tombes ? Leurs témoignages sur les manigances, les traîtrises, le rôle de l'armée et la main de l'étranger, tous ces éléments auraient permis de faire des recoupements, d'éclairer les zones d'ombre persistantes pour finalement connaître les tenants et les aboutissants de l'affaire. Etait-ce délibéré de les avoir occultés ? J'en garde encore un esprit sceptique et dubitatif.
À chaque nouveau chef de gouvernement désigné, on se presse, moi le premier, de dire qu'il est celui de la dernière chance, puis après ... Continuer à dire qu'il faut garder espoir, que tout finira par aller pour le mieux, ne relève pas de l'optimisme mais du romanesque ou de l'enfantillage. Un tel attentisme ne mène nulle part !
Sérieusement, comment pourrait-on espérer une évolution positive quand on assiste à la "kamourisation" de tout le pays ? Des excités dans chaque gouvernorat et dans chaque localité cherchant une vanne à fermer pour faire entendre des revendications, souvent irréalisables dans l'immédiat car, en total décalage avec les moyens actuels du pays. Comment voulez-vous que le pays aille mieux avec un gouvernement dans les limbes qui n'a pas appris comment résoudre les problèmes et se contente de gérer, tant bien que mal, les crises ? Alors, tournant le dos aux vraies solutions pérennes, on appelle une fois encore, à la tenue d'un congrès de dialogue national : une suite de rencontres purement mondaines, des salamalecs et un enchaînement de mets fins et de thé à profusion, mais desquelles n'émergeront que des bonnes intentions, des idées stériles et des résolutions qui resteront de simples paroles en l'air et des velléités, pour repartir comme avant ...
Actuellement, il est notoire que l'unique voix qui sort du lot, encore faudrait-il que les médias lui donnent plus la possibilité de la faire parvenir, est celle portée par Abir Moussi et je crois que, forte de son éloquence, d'une maîtrise de ses chiffres, d'un plaidoyer fluide et d'une formidable capacité de tenir en haleine son public, elle gagnerait plus en crédibilité et par conséquence, en électorat si seulement, elle arriverait à se libérer quelque peu du carcan destourien dans lequel elle se confine et faire preuve de courage pour oser une évaluation objective et présenter une lecture critique et franche de la pénible expérience du pouvoir unique, exercé durant leurs règnes, par Bourguiba et Ben Ali et symbolisé par le parti destourien historique et sa variante RCD.
Il est de bon aloi de glorifier les réalisations et le sérieux progrès apporté mais aussi d'avoir l'honnêteté de reconnaître les erreurs et les dérives !
La démocratie ne se donne pas bénévolement, elle se mérite et donc, seuls des fols et chimériques esprits croient qu'on pourrait accomplir des avancées dans un pays où, les lois ne s'appliquent pas et les bandits de tout acabit jouissent d'une totale impunité, l'Etat lui-même se moque délibérément des jugements du tribunal administratif qui le contraignent, les rapports annuels de la cour des comptes, présentés dans un rituel quasi folklorique, deviennent une lecture distrayante et justes bons à remplir des étagères, des partis politiques exponentialisés dont beaucoup sont tenus par des crapules, une assemblée du peuple dont une majorité de membres sont animés par un esprit revenchard, quand ils ne sont pas une synthèse de faux culs, de trafiquants et autres malfrats, et au sommet de la pyramide, un Président de la République qui vit sur son nuage et imagine le pays régi par le bon vouloir de comités populaires, dans l'esprit de la mouvance "le peuple veut".
L'échec, la méchanceté et la montée de la haine ne mènent à rien et ne servent qu'à détruire l'être alors pourquoi en faire preuve si, on a une humanité ?
Il est évident de constater que le système pernicieux actuel a montré ses limites et doit s'autodétruire, si on veut préserver la fragile unité nationale dont on sent les soubresauts, se prémunir du risque de perte de contrôle sur les évènements et d'embrasement du pays dont on voit quelques prémices. La solution qui naturellement, ne peut qu'être constitutionnelle, réside dans l'Assemblée du peuple. Elle passe par, des réformes en profondeur de la constitution, un rééquilibrage des pouvoirs, une révision du code électoral, une purification des instances nationales, une redynamisation des secteurs économiques et une oxygénation du social, pour enfin arriver à un assainissement et une moralisation de la vie politique et in fine, un passage en douceur à la troisième République.
Lotfi Farhane


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