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Tunisie: A quand un nouvel équilibre après les troubles de la révolution ?
Publié dans Leaders le 24 - 04 - 2021

Par Riadh Zghal - On remarque que nombreux parmi nous hésitent à qualifier les événements de décembre 2010-janvier 2011 de révolution car le terme est polysémique. Révolte ou révolution ? Rejet d'un système dans sa totalité ou bien son maintien sous une nouvelle forme et avec de nouveaux acteurs ?
Si on en croit Theda Skocpol, « Les révolutions entraînent le renversement simultané d'un ordre politique et un ordre social qui se renforcent mutuellement. » Tant que ce renversement n'est pas achevé peut-être qu'il est plus réaliste de parler de révolte que de révolution. Mais peut-être aussi est-il plus objectif de parler d'un processus révolutionnaire pour désigner le mouvement politique et social qui a ébranlé l'équilibre qui prévalait avant le 17 décembre 2010 et qui continue à affecter les divers domaines de la vie dans le pays.
Dans un livre intitulé The Anatomy of Revolution, publié pour la première fois en 1938, Cane Brinton analyse le cheminement de quatre révolutions : anglaise, américaine, française et russe. Dans la préface de l'édition de 1952, il revient sur son jugement porté sur la révolution russe comme étant «une révolution permanente» et considère plutôt qu'en cette année 1952, elle est achevée. Selon l'auteur, il a fallu une trentaine d'années aux révolutions anglaise, américaine et française pour que se mette en place un équilibre social et politique après les soubresauts du processus révolutionnaire. Selon lui, au plan émotionnel, la séquence révolutionnaire est constituée de quatre étapes : l'enthousiasme et l'euphorie au début, puis l'anxiété, puis la terreur «thermidorienne» et, enfin, la convalescence. Néanmoins, la révolution russe de 1917 a connu des retours récurrents de la terreur, d'où la croyance dans une «révolution permanente».
S'agissant de cette révolution, une autre idée dans cet ouvrage mérite d'être relevée, c'est le décalage entre les idées qui ont guidé les leaders de la révolution et la réalité de la société russe qui, contrairement à celle de l'Europe occidentale, ne comportait pas une classe moyenne formée à la politique et aux droits civiques. De plus, l'auteur invite le lecteur à porter son attention à un essai publié par T. H. von Laue, de l'université de Californie, qui met l'accent sur le fait que ce qui a guidé la révolution russe, ce sont des idées qui viennent d'ailleurs. Cet ailleurs, c'est l'Occident plus avancé socialement, économiquement et politiquement. Et Brinton ajoute que la révolution russe a fait une promesse non tenue d'égalité entre tous, ce qui n'était pas le cas d'autres révolutions et particulièrement celle américaine.
Revenir à ce cadre conceptuel élaboré par Brinton pour « disséquer » des révolutions intervenues des siècles auparavant peut-il aider à saisir où va conduire le processus révolutionnaire tunisien de 2011 ? Et le processus démocratique qui l'a accompagné voilà dix ans va-t-il aboutir à un nouvel équilibre social ou, au contraire, est-il menacé de rupture et va-t-on vers le retour à un pouvoir centralisé à l'image de la restauration française et du régime soviétique ?
Certes la Tunisie est passée par le premier stade d'enthousiasme d'après le soulèvement de 2011, elle a échappé à la phase de la terreur avec ses pelotons d'exécution et ses guerres. En revanche, le peuple tunisien s'est installé depuis dans une anxiété croissante. Comme c'était le cas des révolutions étudiées par Brinton, la révolte tunisienne a été suivie par une détérioration de la situation économique comparée à celle de la période précédente. Le point commun de la révolte tunisienne de 2011 avec celle russe de 2017 réside dans l'absence d'une classe moyenne rodée à la politique et formée à l'esprit civique. Cette lacune qui a permis d'élever aux instances de gouvernement de l'Etat de personnes sans expérience, pire sans sens de l'Etat qui sacrifient l'intérêt général sur l'autel de leur guerre de positions. Les violences observées ces derniers temps au parlement, à l'avenue Khéreddine puis à l'aéroport Tunis-Carthage, dont les acteurs ne sont autres que des députés, reflètent le peu de cas qu'ils font de la crise grave que vit le pays, plongeant des pans entiers de la société dans la pauvreté endémique.
Maintenant, le pays se dirige-t-il vers la convalescence décryptée par Brinton ou, au contraire, c'est une phase plus éprouvante qui l'attend. Force est de reconnaître que, dès le début, le processus démocratique est mal parti et n'a pu aboutir à des changements profonds de l'ensemble du système politique, économique et social. Le système de gouvernement hybride institué par la nouvelle constitution n'a pas tardé à montrer ses limites et ses effets de blocage de toute réforme stratégique du système d'administration des affaires publiques en place. Le système électoral adopté n'oppose aucun garde-fou empêchant l'accès aux instances du pouvoir de personnes qui ont fait l'objet de poursuites judiciaires, ou qui ne disposent pas de toutes leurs facultés mentales, ou bien qui manquent de connaissances suffisantes leur permettant d'exercer une fonction responsable au niveau du pouvoir législatif ou exécutif.
Il n'est pas question ici de prophétiser, mais il semble que le nombre de variables nationales ainsi que géopolitiques qui marquent notre situation en ce début de 21e siècle sont multiples et génèrent des forces motrices qui se renforcent ou se neutralisent selon les cas. Tout ce qu'il y a lieu d'espérer, c'est qu'elles ne conduisent pas le pays vers un retour en arrière et l'engagement dans la terrible troisième phase qu'ont connue les révolutions des siècles précédents comme semblent l'insinuer le président islamiste du parlement et certains leaders de son parti.


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