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Tunisie : La route n'est pas le seul danger qui guette nos ouvrières agricoles
Publié dans Leaders le 29 - 06 - 2021

Par Mohamed Larbi Bouguerra - Comme pour narguer «l'Atelier de réflexion sur les mesures de lutte contre le transport anarchique des ouvrières agricoles» du 1er juin 2021 piloté par la ministre de la Femme, Mme Imen Zahouani, le 18 juin dernier, un nouvel accident de la route, entre Bir Lahfay et Sidi Bouzid, a fait sept blessées parmi ces travailleuses. Un de plus.
Déjà, le 16 avril 2021, trente de ces ouvrières avaient été blessées entre Sejnane et Bizerte.
Les drames se succèdent et les chiffres glaçants s'égrènent : en juin 2020, un décès à Oueslatia (Kairouan) suivi de deux autres victimes à Menzel Chaker (Sfax) le 10 décembre 2020. Et puis, une énorme tragédie et ses 12 morts, fin avril 2019, à Sabalat Ouled Askar (Sidi Bouzid). On vit, à l'époque, le ministre des Transports, M. Hichèm Ben Ahmed, assurer «l'assainissement du secteur» mais il ne démissionna point face à cette boucherie. En mai 2019, l'ARP poussa l'audace jusqu'à créer une catégorie de transport des ouvrières agricoles ! De son côté, M. Youssef Chahed, alors chef de l'exécutif, avait même consacré un Conseil des Ministres, le 8 mars 2019 (Fête de la Femme !), à cette douloureuse question. Mais, têtus, ces drames démentent toute cette agitation politicienne stérile en dépit du pompeux lancement du programme «Ahmini».
«Paroles verbales» comme disent les humoristes - car les puissants ne donnent aucune suite concrète aux mots qu'ils profèrent - alors que cette grave situation appelle surtout à s'inquiéter car révélatrice de dysfonctionnements importants dans le pays.
Comment surmonter alors le fatalisme et le désespoir qui ne nous hantent que trop !?
Au cours de l'Atelier de réflexion du 1er juin 2021, un expert proposa «l'importation des voitures compatibles avec l'environnement rural». La plupart des accidents dus au transport anarchique des ouvrières agricoles n'ont pas lieu sur les chemins vicinaux, dans la campagne, mais sur les grands axes du pays. Cet expert, bizarrement, n'évoque donc pas l'amélioration et l'entretien des voies vicinales et des routes mais voit dans l'importation de véhicules « compatibles » ( ?) avec l'état de nos routes, la solution du problème.
On mesure les «progrès» accomplis quand on lit le sociologue Jean Duvignaud, qui relevait, en 1965, après quatre ans de séjour en Tunisie, «les rues des villes sont d'une grande propreté, les routes soigneusement entretenues et les Travaux Publics un exemple d'organisation… Il existe 9921 km de routes aménagées et bien entretenues, 5654 km de pistes en bon état… Mais les routes sont dangereuses : conducteurs maladroits, charrettes non éclairées, troupeaux errants, chameaux nostalgiques.» (Jean Duvignaud, «Tunisie» Edition Rencontre, Lausanne, 1965, p. 84 et 137)
C'était il y un 50 ans ! Nos rues étaient propres et nos routes bien entretenues ! Ya hasra ! Mais nos conducteurs demeurent «maladroits» avec 15 morts comme le prouve le désastreux bilan d'un tout récent week-end.
Les ouvrières agricoles et les pesticides
Outre les accidents de la route, ces femmes sont menacées par les épandages de pesticides dans les champs où elles travaillent.
Les ouvrières rentrent généralement sans précaution et sans protection (bottes, gants, masques…) dans des champs qui ont été traités. Or, il y a des périodes d'exclusion après épandage de certains fongicides, herbicides ou insecticides. Ainsi, l'insecticide Malathion, classé cancérogène probable en 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer de Lyon (CIRC-OMS), est un produit peu persistant dans le sol mais très écotoxique notamment pour les organismes aquatiques, les abeilles et les oiseaux ; son principal produit de décomposition, le malaoxon est très toxique. Ces ouvrières sont-elles averties de ces dangers invisibles et sournois ? On peut en douter.
Certains pesticides sont cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques et pourraient déclencher un cancer du sein ou des ovaires voire une maladie du sang chez ces femmes. Certaines de ces travailleuses pourraient être enceintes et courraient des risques accrus pour le fœtus en travaillant dans des champs récemment traités.
Ces produits sont utilisés à tort et à raison dans notre pays. On les appelle «dawa» chez nous alors qu'il s'agit de poisons. Des produits fabriqués dans le but de tuer ! Notre pays utilise certains produits fabriqués en France, en Suisse ou Belgique. Dans ces pays, il est pourtant interdit de les utiliser. Cancérigène en France ou en Suisse, un pesticide P devient miraculeusement inoffensif dès qu'il est exporté en Tunisie, au Maroc ou au Sénégal. De plus, dans notre pays, les trafics et le commerce illégal sont légion. Ainsi, les producteurs de piment de la région de Monastir ont subi de fortes pertes cette saison du fait de maladies cryptogamiques. Certains pensent que des produits frelatés achetés sur le marché parallèle seraient responsables de ces affections.
La question des pesticides ne quitte plus l'actualité dans les pays développés. Le président Macron en personne est descendu dans l'arène du Glyphosate pour interdire son utilisation par les particuliers et promettre son interdiction prochaine en agriculture.
«Placer la France en tête du combat contre les perturbateurs endocriniens et les pesticides» était l'une des promesses de campagne d'Emmanuel Macron. En Tunisie, rien de tel, le glyphosate est vendu sans restriction. Le chlorpyrifos fait la une des journaux aux Etats Unis et en France car il a un effet particulièrement nocif sur le cerveau des enfants.(Lire Stéphane Horel, « Chlorpyrifos : les dangers ignorés d'un pesticide toxique », Le Monde.fr, 17 juin 2020) Il est vendu sans problème chez nous. Même chose pour les néonicotinoïdes tueurs d'abeille comme l'imidachlopride et bien d'autres comme l'insecticide organophosphoré Phosmet. Sans abeilles, adieu aux fruits !
Outre les douloureux accidents de la route, nos ouvrières agricoles courent d'autres risques insidieux et invisibles : les pesticides utilisés aussi bien sur les tomates que les oliviers. Les résidus de ces pesticides finissent dans nos assiettes et dans notre eau aussi.
Il faut donc protéger les Tunisiennes et les Tunisiens contre ces poisons.
Il faut une révision de la liste des pesticides «actualisée et révisée le 18 octobre 2017» par le Ministère de l'Agriculture. Révision dans la transparence avec les agronomes, les scientifiques, les médecins et la société civile. Il faut aller vers l'agriculture biologique et vers les méthodes de lutte alternative contre les nuisibles. Il faut réduire l'usage des pesticides toxiques (Lire Delphine Chayet, «Des pistes pour une agriculture sans pesticides chimiques», Le Figaro, 25 février 2020, p. 11). C'est possible: la France veut réduire de moitié sa consommation de pesticides d'ici 2030.
Pourquoi pas nous ?
Bien sûr, il s'agit là d'une tâche ardue.
Nous avons affaire à des lobbys et des intérêts bien puissants en la matière. Qu'on en juge : l'European Food Safety Authority (EFSA) (Autorité Européenne de la Sécurité des Aliments) a autorisé douze pesticides potentiellement toxiques en 15 ans dans l'Union Européenne.
Mais, à cœur vaillant, rien d'impossible !


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