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Gilles Kepel à l'ENA de Tunis : Réfléchissons aux bouleversements gigantesques de la guerre en Ukraine (Album photos)
Publié dans Leaders le 12 - 04 - 2022

« Alors, vous les jeunes, et futurs grands commis de l'Etat tunisien, comment percevez-vous cette déstabilisation profonde du système international qu'opère la guerre en Ukraine ? Une source d'inquiétude ? Des opportunités nouvelles qui s'offrent à d'autres pays de la région ? » Gilles Kepel ne pouvait mieux interpeller les étudiants du cycle supérieur de l'Ecole nationale d'Administration (ENA), à l'issue de sa conférence, ce mardi matin, sur la géostratégie dans la région et son voisinage. Envoyé spécial du président de la République française, Emanuel Macron, auprès de son homologue tunisien, Kais Saïed, l'éminent politologue a inséré dans son programme cette séquence de conférence débat, à l'invitation de l'ENA, avec le concours de l'ambassade de France.
Avant d'aller à Carthage, Gilles Kepel a voulu sonder les étudiants de l'ENA : « Onze ans après tant d'évènements en Tunisie : la mise en place d'institutions démocratiques, de montée en puissance d'un parti islamiste, puis la suspension du Parlement, et à présent dans le monde depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, quelle analyse faites-vous de la situation ? » Pour Fatma, « il va falloir chercher nécessairement une opportunité dont pourrait bénéficier la Tunisie », avance-t-elle. Relocaliser des industries européennes jusque-là implantées en Ukraine ? Entre-autres. Issam, cherche pour sa part à comprendre la position de l'Inde. D'autres intervenants interrogent leur hôte sur la Turquie, la Chine, l'islam politique… Rafik se demande si la Fitna fait partie des techniques du jihad globalisé, et demande à Kepel où en sont ses relations avec Tarek Ramadan.
Aucune question ne sera éludée, l'humour en plus, comme pour solder le cas de Tarek Ramadan : « Il figure surtout dans la rubrique judiciaire », lâchera-t-il. L'Inde et la Chine sont structurellement concurrents et ont un front actif. L'Inde essaye de limiter la montée en puissance de la Chine en Asie et voit à travers l'affaiblissement de la présence américaine, une opportunité d'expansion. La Turquie a voulu ménager la Russie, sans pour autant s'arrêter de vendre des drones à l'Ukraine...
L'Inde, la Chine, la Turquie…
Habilement, Gilles Kepel avait déjà déblayé le terrain dans le panorama géopolitique instructif qu'il avait brossé dès le début de sa conférence. Après avoir rappelé les deux grandes lignes de fracture au cours du siècle dernier, qu'avait été la conférence de Yalta en 1945 et la chute du mur de Berlin, en 1989, il avait mentionné deux retraits militaires significatifs d'Afghanistan : celui de la Russie en 1989 qui avait donné suite à l'émergence du jihadsime, puis des Etats-Unis le 15 août dernier, favorisant la confirmation de la Chine. Deux évènements, qui chacun dans son contexte, ont ouvert une nouvelle ère dans les relations internationales. Le retrait américain a donné l'impression que plus personne n'a peur des Etats-Unis, ce qui a poussé Poutine à tester les défenses et les volontés américaines, en lançant des actions de provocation, comme l'invasion de l'Ukraine. La décision russe n'aurait pas été prise si le retrait d'Afghanistan des forces américaines n'avait pas été perçu comme une faiblesse. Du coup, le système international devait connaître depuis lors une déstabilisation profonde, suscitant de multiples crises, économiques, alimentaires, énergétiques et autres.
Gilles Kepel ne se prive pas de rappeler le contexte de crise qui prévalait en 2010 dans de nombreux pays arabes, à commencer par la Tunisie. L'étincelle partie de Sidi Bouzid le 17 décembre 2010, pour s'étendre un peu partout dans la région, avait été déclenchée par une grave crise économique, soulignera-t-il. Réfléchissons-y !
De nouvelles alliances
Avant l'invasion de l'Ukraine, soulignera Kepel, le grand évènement de 2020 aura été la signature, des accords d'Abraham, ces traités de paix par Israël avec les Emirats arabes unis, le Bahreïn, le Soudan et le Maroc. Les liens sont directs et des pôles vont échapper à la volonté des Etats-Unis. Les pétromonarchies commenceront depuis à revoir leur alignement systématique sur Washington. Un exemple en est récemment fourni, par l'OPEC+ (incluant la Russie), qui explique la non condamnation de l'invasion par la Russie de l'Ukraine.
Kepel citera d'autres exemples de changements structurants des relations entre des pays de la région et la Russie. C'est ainsi qu'Israël cogère avec la Russie la situation en Syrie, surtout le contrôle de l'espace aérien, afin de limiter la capacité de l'Iran à l'utiliser.
Pour sa part, le Maroc estime que le vieux système d'alliances (Europe, France, etc.) est désormais obsolète. Il choisira ce qui est bien pour lui, prenant de la distance par rapport à la proximité traditionnelle vis-à-vis de l'Europe.
Décrypter et comprendre le nouveau monde
Kepel sait capter l'attention de son auditoire et interagir avec lui. Ce mardi matin, les futurs énarques ont beaucoup aimé l'écouter et échanger avec lui. « Il a su nous interpeller sur ce remodelage du monde qui se passe en direct sous nos yeux, confie une étudiante. En fait, la vraie conférence de Kepel, c'est celle qui commence maintenant dans nos têtes, après son départ, en y pensant et relisant nos notes. Nous avons tant besoin de décrypter ce nouveau monde qui se construit et d'y mettre pied. »
F.H.
Lire aussi: Macron – Saïed : Les messages relayés par Gilles Kepel


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