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Azza Filali : Mabrouk el Bac !
Publié dans Leaders le 26 - 06 - 2022

Ce dernier week-end a baigné dans la joie de la réussite au baccalauréat : lauréats heureux et fiers, familles en liesse, you-you traversant les cloisons, fêtes devant les maisons, visages rayonnants de bonheur. L'apothéose a été la fête qui a empli l'avenue Bourguiba, vendredi soir, rassemblant les Tunisiens, bien plus qu'une manifestation de parti politique…
Etre heureux ensemble est devenu rare dans notre pays ! Certes, il y'a les matchs de football qui réveillent un bonheur teinté de nationalisme, les prouesses de « Ons Jabeur » qui ne rassemblent que quelques milliers de passionnés du Tennis. Ce bonheur collectif est devenu si exceptionnel que lorsqu'il se produit, on réalise à quel point il nous manque. Ces jours il a brillé sur le pays. Saluons donc les performances de nos bacheliers qui ont permis à leurs familles et amis de partager une joie très pure. Joie qui ouvre devant les jeunes lauréats les portes de l'avenir.
Derrière la façade des taux de réussite, un autre « bonheur » surgit : notre bonne vieille école publique, malgré toutes ses tares dépasse de loin l'enseignement privé et les sommes souvent exorbitantes qu'il soutire aux parents ! Saluons donc l'école de Bourguiba qui tient la route, sans doute parce qu'elle a été construite sur de bonnes bases, celles de la sincérité et de la citoyenneté partagée, une école alors gratuite et obligatoire pour tous les enfants Tunisiens.
Une fois les lampions de la fête éteints, surgissent les questionnements : quelle filière choisir ? Quel métier la moyenne obtenue au bac permet-elle d'obtenir et d'inscrire sur l'imprimé d'orientation ? Où étudier ? Rester à Tunis ou quitter le pays vers une université étrangère, dont on aura, au préalable, obtenu un accord de préinscription ?
Lorsqu'on se penche sur toutes ces questions, deux points méritent réflexion. Le premier est le mode d'orientation : informatisé, déterminé par la moyenne obtenue à l'examen. C'est sans doute la moins mauvaise solution mais elle possède indéniablement une dimension arbitraire : se baser sur des notes, obtenues lors d'une seule épreuve, pour orienter la vie professionnelle dans une direction le plus souvent définitive, n'est-ce pas trop tranché et expéditif ? Un élève émotif, ou tombé malade la semaine du bac, peut effectuer une prestation inférieure à ses capacités. Il sera donc « injustement » sanctionné par des notes ne reflétant pas son niveau véritable. Certes, les « bons élèves », aux moyennes généreuses, peuvent choisir la carrière qu'ils souhaitent. Mais, il existe une majorité de bacheliers aux moyennes « intermédiaires », qui seront amenés à se rabattre sur la moins mauvaise orientation ou sur une carrière qu'ils n'apprécient pas mais qu'ils sont obligés d'adopter.
Ce mode d'orientation gagnerait à être revu. Pourquoi ne pas imaginer un ou deux troncs communs (l'un pour la filière scientifique, l'autre pour les lettres et l'économie) d'une année après le bac ? Ceci permettrait aux nouveaux étudiants de choisir leur avenir sans précipitation, selon une grille qui tiendrait compte, à la fois, des résultats obtenus lors de cette année de tronc commun ainsi que des résultats du bac. Dans cette grille d'évaluation, il serait utile d'envisager un entretien de l'étudiant avec un professeur, voire un psychologue, afin de mieux percevoir la personnalité du jeune étudiant et d'ajouter une appréciation qualitative aux données numériques conférées par les notes.
Autre sujet épineux : étudier en Tunisie ou partir à l'étranger ? Cette question se pose pour la frange d'élèves choyés par la vie : lauréats issus de familles aisées, ayant réussi haut la main, avec des moyennes leur permettant d'opter pour la carrière qu'ils souhaitent. De plus en plus, cette frange de bacheliers a déjà choisi d'aller étudier en France, en Allemagne ou au Canada. Le dossier de préinscription, envoyé dès le mois de Mars, a obtenu un accord de principe que la réussite au baccalauréat finira d'entériner. Ces jeunes bacheliers se préparent déjà au grand départ, souvent incités par la famille, qui sacrifie son affection (et ses finances) pour assurer au fils ou à la fille un enseignement de qualité dans une université de renom. Mais, si le motif principal du départ est une quête de qualité d'enseignement, celle-ci sera vite rattrapée par la découverte d'une qualité de vie absente à Tunis : une atmosphère générale détendue et sans entraves, un choix souvent illimité de loisirs de qualité, le bonheur pour les filles de déambuler dans les rues, ou de se promener avec des tenues outrageant les bigots, sans être vilipendées voire agressées. A cette qualité de vie, s'ajoute l'ordre des journées : transports à l'heure, cours débutant à la minute près, bibliothèques nombreuses et disponibles joignant la disponibilité des ouvrages à une organisation parfaite et à une atmosphère propice à la concentration. Ici, je ne peux m'empêcher de me faire plaisir en citant Gaston Bachelard qui disait : « si, là-haut le paradis existe, il ne peut être qu'une immense bibliothèque… » Nos jeunes bacheliers ne pourront qu'être conquis par la qualité qu'ils perçoivent tant dans les études que dans la vie. Ils s'y feront sans peine et finiront par ne plus concevoir une autre manière de « fonctionner. » De retour à Tunis, pour les vacances, ils ne pourront pas s'empêcher de comparer ce qu'ils retrouvent au pays avec ce qu'ils ont laissé à l'étranger. Bien souvent, la comparaison ne tiendra pas la route et le pays d'origine deviendra peu à peu le domicile des parents et un lieu de vacances paradisiaque. Quant à la vraie vie, elle aura déjà planté racines ailleurs : les études achevées, nos anciens bacheliers se verront proposer des postes aussi intéressants que bien rémunérés ; leur choix se fera alors sans difficultés. Il est vrai que certains choisissent de rentrer au pays, mais beaucoup d'entre eux, après quelques années d'expérience professionnelle à Tunis, décident d'eux-mêmes de retourner en Europe où un poste les attend déjà.
Cette trajectoire ne concerne pas que les bacheliers actuels. Elle s'applique aussi à des diplômés, médecins, ingénieurs, professeurs d'université. La première raison qui incite cette élite à émigrer est la qualité de vie et de travail offerte par le pays d'accueil et que la Tunisie ne garantit plus. Quant au gain financier, il ne vient qu'en troisième position des motivations. Tout ceci nous place devant un constat accablant : notre pays n'offre pas à ses diplômés la qualité de vie qu'ils recherchent et méritent. Il ne leur accorde pas non plus un salaire accordé à leur grade. Alors, ils s'en vont sans états d'âme, chercher tout cela ailleurs.
Tout cela est infiniment désolant, surtout lorsqu'on pense aux efforts à fournir aux Tunisiens pour garantir cette qualité de vie sociale et financière qu'ils vont chercher ailleurs. Mais, je voudrais terminer sur une note d'espoir en vous racontant le cas d'une jeune bachelière, lauréate en juin 2022. Qu'elle me pardonne si je lève l'anonymat sur son nom et son lieu de vie, mais c'est pour mieux lui rendre hommage : elle s'appelle Hadir Nsiri et vit dans la délégation de Hassi Frid, à vingt kilomètres au sud de Kasserine. Quatorze kilomètres séparent la maison de Hadir du lycée et il lui arrivait souvent de les parcourir à pieds lorsque le bus était en panne (situation ordinaire) ou qu'aucune voiture ne s'arrêtait pour la transporter. Elle faisait donc vingt-huit kilomètres par jour pour faire l'aller-retour maison-lycée. Aujourd'hui, Hadir a obtenu son baccalauréat section 'sciences.
Expérimentales' avec une moyenne de 16, 17, et souhaite faire médecine. Je croise les doigts pour qu'elle obtienne le choix qu'elle désire et me réjouis d'avance d'avoir une jeune consœur de cette envergure. Voilà qui nous met du baume au cœur et montre qu'en Tunisie tout est possible. Si Hadir a pu faire vingt-huit kilomètres par jour, le pays doit pouvoir faire les efforts nécessaires pour retenir ses diplômés « à la maison » Regardons donc vers l'avenir avec des yeux confiants. Cet avenir est en grande partie entre nos mains. Il sera ce que nous en ferons, ce que nous sommes. L'optimisme est un challenge utopique, mais il ne nous reste que l'avenir pour rêver de notre pays comme il pourrait être !


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