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Décès de Tahar Melligi: Un passionné de la chanson, du cinéma et du football (Album photos)
Publié dans Leaders le 11 - 08 - 2022

Figure pittoresque du monde des arts et des spectacles, Tahar Melligi est décédé mercredi 10 août 2022, à l'âge de 85 ans. Sous un plume raffinée, Mohamed Kilani lui avait consacré un portrait haut en couleur publié dans Leaders en septembre 2017.
Par Mohamed Kilani - Il est sans doute des personnages du paysage audiovisuel qui ont marqué des générations de téléspectateurs. Non qu'ils aient accaparé l'antenne, mais au vu de l'originalité de leurs émissions ou de la spécificité de leurs productions. Tahar Melligi est parmi ces figures familières du grand public d'autant que son sens de l'humour et de la dérision l'ont rendu très proche des gens, au point que nombreux sont ceux qui lui expriment le désir de revoir ses émissions pour revivre la «belle époque». Né le 5 janvier 1937 à Tunis, Tahar Melligi, fils unique, a eu une sœur adoptive qui ne lui a pas survécu, décédant peu après son mariage sans laisser de progéniture. Il sait que sa mère, Kmar Matri, qui a été imprégnée de culture française, a choisi d'accoucher à l'hôpital Charles-Nicolle, fait très rare à l'époque pour les Tunisiens ; quant à son père Mokhtar Saïd, il était conducteur de tramway qui terminera sa carrière comme contrôleur hors classe.
Entre-temps, Tahar Melligi se construit patiemment : études à l'annexe du Collège Sadiki et passion pour la musique et le cinéma. Malgré son admiration pour le directeur du collège, M. Saheb Ettabaa, qui a succédé au Français Natali, Tahar Melligi ne peut aller au-delà de la quatrième année secondaire. Son statut de fils unique le place dans une posture plutôt inconfortable puisque le modèle n'existe pas, étant établi que l'époque est favorable à l'accomplissement de soi à travers l'école. Il se rabat alors sur le monde du spectacle pour assouvir sa passion et se frayer un chemin.
Au moment de la suspension du quotidien Assabah en 1954, il se positionne très jeune dans le journalisme au sein du journal Al Akhbar de Ezzedine Souissi, père de l'homme de théâtre Moncef Souissi. Il ne quittera plus la presse écrite pour poursuivre sans discontinuer sa production en tant que témoin et historien de la chanson et du cinéma arabes.
Il s'initie à la composition de chansons et se découvre une vocation de parolier. Il fréquente très tôt les ténors de la chanson tunisienne, tels Riahi, Triki, Saliha, Journou, etc. A vingt ans, il assiste aux funérailles de deux illustres interprètes : Saliha et Salah Khemissi : soixante ans après, Tahar Melligi se souvient toujours du départ des cortèges funèbres de Halfaouine et du flux populaire marquant les deux événements. Naturellement, son assiduité dans les cercles de la chanson aiguise son inspiration. Il offre ses productions à des voix illustres : Youssef Temimi, Raoul Journou, Hédi Mokrani et Hassiba Rochdi, pour ne citer que ceux-là.
Tahar Melligi prend de plus en plus de l'épaisseur et explore l'Egypte pour approcher ses monstres sacrés. Progressivement, il parvient à se faire connaître grâce à son entregent et sa production artistique et journalistique. Ainsi, parvient-il à nouer progressivement des relations solides avec Mohamed Abdelwaheb, Youssef Wahbi, Faten Hamama, Mahmoud Melligi, Madiha Kamel, Mahmoud Yacine, Nour Chérif, Leïla Hamada, etc.
Le journalisme le passionne donc grâce à sa vocation artistique. Après Al Akhbar, contraint à disparaître peu avant 1960, il entame un long bail à La Presse, grâce à sa bonne maîtrise de la langue française, due à l'apport précoce de sa mère, instruite, elle, chez les Soeurs à La Manouba. Les frères Attia, ses complices «sang et or», le recommandent ensuite au rédacteur en chef d'Assabah. Il peut alors produire plus régulièrement et rejoint plus tard l'équipe du Temps.
Sa première rencontre avec Mohamed Abdelwaheb, le 24 janvier 1978 chez lui au Caire, est un événement et un choc : il peut désormais se représenter avec précision les qualités et les traits de caractère de l'homme pour les atteler à son immense talent doublé d'érudition.
L'interview sera publiée dans les colonnes d'Assabah, en guise de performance rare, tant Mohamed Abdelwaheb paraissait inaccessible. Huit autres rencontres suivront puisque les deux hommes se sont découvert des affinités et des sympathies. Le grand maître de la chanson arabe reconnaîtra à Tahar Melligi le statut de véritable historien de la chanson et du cinéma égyptiens. A son tour, ce dernier lui rend l'éloge, sans la moindre intention complaisante : «Mohamed Abdelwaheb est un musicien et un chanteur hors pair. Jamais un artiste n'atteindra sa dimension.» Une quasi-sentence que beaucoup doivent entériner tant le grand Abdelwaheb a été le rénovateur de la musique orientale et a marqué à ce titre toute une époque et une multitude de générations. Ú
ÚMais les prouesses de Tahar Melligi ne s'arrêtent pas là, ayant fait d'autres connaissances au Caire : Marcello Mastroianni et Gina Lollobrigida, les stars italiennes qui ont crevé le grand écran dans les années 50 du siècle dernier.
En 1986, Tahar Melligi passe la vitesse supérieure : il ne se contente plus de s'adresser à ses lecteurs, il est désormais aux prises avec les téléspectateurs à travers une émission originale et novatrice, «Les chansons des films». Il excelle dans sa présentation de chaque chanson, de sa genèse et des différentes contingences du film en question. Son style narratif rappelle à bien des égards le label Abdelaziz Laroui, la dérision étant un point commun. Pince-sans-rire, il arrive à accaparer le téléspectateur par des formules très populaires telles kima andi taoua ou bellamara, histoire de créer la familiarité avec le téléspectateur pour nouer le cordon cathodique, seul garant de la fidélisation. Le sourire malicieux sous des lunettes de commissaire de police, il ne cherche pas à impressionner, mais à instruire son public de quelques pans de la chanson arabe dans son union sacrée avec le cinéma, traduite en allégories d'une très haute tenue.
Aussi les Tunisiens peuvent-ils mieux sonder la personnalité des chanteurs et des comédiens, découvrant leurs talents cachés, mais également leurs penchants, leurs caprices, voire leurs faiblesses. Ainsi, parvient-il à rapprocher le public de ses idoles pour qu'il les vénère davantage. Il lui arrive souvent de prôner la drôlerie sans se départir des exigences de la rigueur, un sésame qui garantit la conquête des cœurs et des esprits.
La voix cassée mais combien percutante, Tahar Melligi est parvenu à faire de son émission un rendez-vous incontournable, d'autant que certains tubes promus à la postérité en ont enrichi, voire ennobli, le contenu. Pour romancer le tout, Tahar Melligi a bien entendu capitalisé sur sa mémoire, mais également sur son parcours dans la presse écrite qui a structuré et ordonné ses récits. Au bout de quelques émissions, Tahar Melligi accède à la notoriété et rejoint le cortège des figures emblématiques de la télévision, de Abdelaziz Laroui à Néjib Khattab en passant par Raouf Ben Ali, Abdelmagid Ben Jeddou, Khaled Tlatli, Ezzedine Mlaoueh, Mohamed Boughnim, etc. Le personnage surclasse rapidement la personnalité comme l'illustrent ses visites synonymes d'ambiance et d'animation dans les locaux de la télé, d'Assabah ; même ses déambulations sur la voie publique s'inscrivent dès lors dans le même registre, notamment à l'avenue Bourguiba, le passage obligé.
Parmi ses amis, Raouf Najar se souvient : «Tahar arrivait toujours de la gare du TGM flanqué de son couffin, un vide-poche avant la lettre. Il ressassait la même rengaine : j'ai passé ma vie à attendre le train qui arrivait rarement à l'heure. Et quand il m'arrive d'accuser deux ou trois minutes de retard, jamais le train ne m'a fait le plaisir de m'attendre.» Féru de football par l'influence de son quartier de Bab Lakouas qui a vu s'épanouir un grand joueur, A. Tlemçani, et un arbitre monumental, M. Belakhouas, Tahar Melligi ne peut pencher que pour l'Espérance. Il sera un mordu, voire un fanatique de ce club emblématique. De là se construit son image de connaisseur du football ; il se met alors au service de la FTF en tant que membre de la commission de discipline au milieu des années 1960. Il impressionne par sa maîtrise des dossiers, obtenant le titre de Monsieur Règlements qu'on ne décerne que parcimonieusement. Il en récoltera le Breloque d'argent.
La carrière professionnelle de Tahar Melligi est toutefois ailleurs : c'est à la Steg qu'il a trouvé un atterrissage salutaire dès 1958 pour le prémunir contre les aléas de la vie. C'était juste pour s'assurer et éviter la fragilité des organes de presse qui ont vu quelques-uns de ses serviteurs tomber dans la précarité, au même titre que beaucoup de chanteurs tunisiens, ce que Tahar Melligi a eu le déplaisir de découvrir. La retraite anticipée est à cet égard très significative tant la passion de l'homme était ailleurs et complètement à l'écart des préoccupations de cet opérateur stratégique.
A quatre-vingts ans passés, Tahar Melligi se contente aujourd'hui de suivre l'actualité sociale, politique et artistique avec curiosité, scepticisme et quelques frustrations. Il n'aspire qu'à une seule perspective : que la télévision procède à la rediffusion de ses émissions qui ne manquent ni d'intérêt ni de valeur historique, d'autant que ces derniers temps, plusieurs documentaires, sitcoms et feuilletons ont bénéficié de cette largesse.
Marié deux fois, père de trois filles et un garçon, plutôt trois dames et un gentilhomme, l'aînée ayant 45 ans, il se plaît néanmoins à se perdre dans une autre passion, très originale celle-ci : l'amour des chats. Ce qui requiert de la patience, de l'énergie et beaucoup de sollicitude. Cela finit par engendrer chez lui un souci récurrent : qui s'occupera de cette faune après son rappel par l'Eternel ? Une interrogation suscitée par une maladie qui l'a affaibli durant quelques mois à l'entame de sa neuvième décennie et qui, immanquablement, le renvoie à une autre perception de l'existence et à se projeter dans le néant. Ce n'est qu'un détail au vu de la taille du personnage qui a conquis le large public par son expertise et l'art de s'adresser à un auditoire disparate pour lui faciliter la lecture de fresques inoubliables...


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