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Vivement les élections, premières élections libres de l'histoire de la Tunisie ?
Publié dans Leaders le 17 - 04 - 2011

Pour aborder le sujet des élections en Tunisie, il serait utile de préciser que le concept des élections comme ses corollaires; la démocratie, l'organisation politique ou les droits de l'homme n'ont pas de définitions figées, mais plutôt évolutives et c'est tant mieux ainsi parce que cela donne de larges horizons de créativité aux communautés qui sont à la recherche de modes de gouvernance représentatifs et participatifs. Mais si on devait retenir qu'une définition unique des élections, je propose qu'on fusionne les deux définitions communes suivantes :
* i) Les élections sont une procédure qui permet aux membres d'une organisation ou d'une communauté de choisir des représentants qui seront chargés pour une période déterminée des fonctions d'autorités dans cette organisation ou au sein de cette communauté;
* et ii) Les élections sont un mécanisme de concrétisation du principe de souveraineté populaire. C'est par ce mécanisme que le peuple délègue cette autorité à ses représentants élus sachant qu'en démocratie l'autorité ultime revient au peuple».
Ainsi on peut aboutir à une définition plus précise qu'on pourrait utiliser comme outil de travail et qui serait : « Les élections démocratiques sont une procédure en même temps qu'un mécanisme transparent de délégation de la souveraineté du peuple par le peuple à ses représentants dans les instances de gouvernance de la communauté. Ainsi c'est par les élections que le pouvoir politique démocratique se met en place, se confirme et légitime son autorité de prise décision et d'action.

C'est dans le cadre de cette définition que je vais tenter d'expliquer pourquoi "vivement les élections" ?
C'est le 24 juillet 2011 que les tunisiens ont pris rendez vous avec leur histoire pour organiser pour la première fois des élections qu'ils veulent libres et démocratiques. Le compte à rebours a donc commencé et il y va de l'avenir de notre pays de ne pas rater ce rendez vous, de bien utiliser ce mécanisme et de réussir la procédure électorale.

Si on s'impatiente pour cette échéance électorale ce n'est pas seulement pour son caractère prima facie historique mais c'est surtout qu'a travers ces élections on devrait pouvoir réaliser au moins trois objectifs majeurs de la révolution qui ne sont pas moins que des étapes fondamentales dans la quête de la démocratie. De plus, la réalisation de ces objectifs devrait catalyser des réactions en chaine qui seront autant de jalons dans l'apprentissage de la démocratie.

Le premier objectif de ces élections c'est qu'on va subir notre premier examen d'entrée en démocratie. Un examen important parce que c'est le premier du genre; et nous sommes plusieurs générations de Tunisiens à avoir subit une pléthore d'examens mais jamais celui la. Cela peut paraitre facile, mais si on réfléchit bien; organiser des élections vraiment libres et transparentes; puis passer aux urnes pour la première fois seul avec ses convictions [débarrassé de la pression psychologique de la dictature ou de son sérail] et faire un choix responsable et murement réfléchit, n'est pas aussi évident qu'on puisse le penser. On peut penser que c'est un examen ou le succès n'est pas si difficile et semble même déjà acquis ; cela au moins sera vérifié par l'expérience. Il reste néanmoins que la mention du succès sera déterminante. En effet comment on aura réussit les élections est peut être plus important que la réussite voir même le résultat. Avons-nous choisi le bon système de scrutin ??? Saurons-nous garantir la transparence totale??? Accepterions-nous dignement le verdict des urnes ??? Les réponses seront les meilleurs indicateurs pour évaluer notre aptitude à la démocratie, avoir une idée précise sur le type de démocratie dont on est capable et en bref savoir ou est-ce qu'on se situe dans l'étendue de l'exercice démocratique.
Ce sera autant d'acquisitions dont on bénéficiera à travers les élections. D'ailleurs quelque soient les résultats de cet examen de passage on aura franchi une étape dans l'édification de la démocratie.

Le second objectif à réaliser à travers les élections serait de bien cerner et de comprendre le vrai paysage politique de la Tunisie. En effet grâce a la révolution nous avons assisté à l'éclatement du monothéisme politique impose par le RCD et à la libération instantané de toutes les pensées politique qui étaient en état d'hibernation. Aujourd'hui donc nous n'avons qu'une idée empirique du paysage politique Tunisien même si des tentatives timides pour le définir voient le jour à travers des boites de sondages d'opinions. Ces boites ne semblent pas être en mesure, du moins pas à l'état actuel des choses, de nous donner une idée exacte de la représentativité réelle de chaque tendance. Le seul fait avéré c'est qu'on a autour d'une soixantaine de partis politiques approuvés en plus de quelques autres auxquels la licence a été refusée. Mais à part les tendances bien individualisées qui sont aussi plurielles, tels les islamistes ou les sensibilités de gauche, on peut juste deviner les autres sensibilités intermédiaires [résidus du RDC inclus] puisqu'on ignore les détails de leurs programmes et encore moins leurs leaders si toutefois ils ont des leaders. Les élections vont non seulement clarifier les choses mais surtout mesurer quantitativement la vraie représentativité des uns et des autres ; tant si peu que le système de scrutin retenu est en mesure de refléter la réalité. On devrait donc comprendre et ce sera la grande révélation ou se situe la majorité Tunisienne au jour du 24 juillet 2011.

Ce bénéfice de ces élections est incommensurable parce qu'il devrait permettre le vrai coup d'envoi de la démocratie. Ce serait le meilleur point de repère de l'évolution de notre démocratie et le miroir sur lequel se reflétera le futur du travail politique des forces en place. De plus la connaissance exacte du paysage politique tunisien aura un impact géopolitique qui peut être immédiat. En effet la définition de la tendance politique majeure de notre pays révélera la perception de notre société par les différentes sphères politiques dans le monde et en conséquence définira automatiquement les affinités politiques régionales et mondiales de notre pays du moins pour le mandat prévu par des élections.
Le troisième objectif de la révolution qui sera réalisé à travers les élections c'est l'établissement d'une assemblée constituante qui va être chargée de la préparation de la troisième constitution de l'histoire du pays. Cette constitution va permettre au pays de passer, après plus de 50 ans d'indépendance, à la seconde république. Les élections seront donc le garant de la collégialité légitime de la constituante de 2011 se démarquant ainsi des constituantes de 1861 et de 1956 qui étaient proclamés unilatéralement. Les élections de la constituante 2011 se feront au scrutin proportionnel et chaque liste devra respecter la parité entre les sexes tel en a décidé la commission de la sauvegarde de la révolution [sauf avis contraire du gouvernement de TRANSITION]. La décision du mode de scrutin a été donc prise dans cadre institutionnel non élu, révolution oblige. Il faut espérer que se sera la dernière décision déterminante prise dans un tel cadre. Les élections de l'assemblée constituante seront donc le reflet du travail de cette commission qui portera la lourde responsabilité en cas de problème ou cueillera les lauriers de la victoire en cas de succès.

En ayant atteint ces objectifs qui représentent le fondement juridique du régime républicain, on peut commencer sereinement à travailler sur le projet Tunisien de société pour les 50 prochaines années. La réalisation réussi des ces objectifs électoraux entrainera une suite d'accomplissements qui constitueraient une assise forte à l'établissement d'une vraie démocratie participative.

Le premier de ces accomplissements serait que les institutions du pays vont accéder à la légitimité dont-elles ont tant besoin, ce qui renforcera l'état qui sera en mesure de gérer au mieux les problèmes de sécurité communs à toutes les périodes post révolutionnaires. Cette légitimité acquise par le biais des élections confortera la majorité en place et nous permettra d'identifier les acteurs politiques ceux qui adhérent vraiment à la démocratie. On comprendra un peu mieux ou se situent la majorité et l'opposition.

L'identification des vrais interlocuteurs permettra de focaliser sur les problèmes de développement et d'amorcer le vrai débat. Par ailleurs l'orientation politique et le calendrier politique pour les 5 ans à venir au moins seront tracés; on devrait de ce fait savoir si on va favoriser la « real politik » ou si on va savoir mettre en place une politique autonome d'unité nationale orientée vers les intérêts suprêmes de la nation. Notre positionnement par rapports aux orientations géopolitique devrait être aussi défini.

Par ailleurs les élections devraient réduire l'overdose politique qu'on est entrain de subir après tant d'années d'abstinence, cette réduction ne peut qu'être salutaire parce qu'elle peut régulariser les myriades de partis politiques et rationaliser le débat.

La période post électorale nous renseignera aussi sur les orientations économiques et devrait permettre un débat passionné ou dépassionné selon l'équilibre des forces politico-économique qui serait en place. On pourra ainsi savoir qui va être en charge de l'économie et si on va continuer à naviguer sur la vague ultra libérale. Dans ce domaine bien qu'on ait peu d'économie on dispose d'un grand nombre d'économistes si bien formés à l'école de l'économie de marché et qui se bousculent pour confirmer le miracle Tunisien. L'autre alternative est que l'économie sera prise en charge par des économistes innovateurs capables de mettre le pays sur une voie de développement éthique et durable, des gouvernants qui comprennent l'importance des enjeux technologiques et qui savent engager le pays dans une vraie économie du savoir. Ceci bien évidement correspond plus aux revendications de la révolution et aux aspirations des ceux qui ont mené la révolution.

Le paysage médiatique devrait aussi s'assainir ou du moins se bi polariser pour servir d'une manière professionnelle et responsable l'effort démocratique. L'opposition pourrait disposer de la latitude nécessaire pour mieux s'organiser et passer son message et contribuer effectivement à jouer pleinement ses chances d'alternance politique.
Les pouvoirs juridiques pourraient alors mettre en place un calendrier transparent pour expurger réellement le mal des années de dictature, juger les coupables et récupérer ce qui est récupérable du patrimoine Tunisiens volé.

L'Observatoire des élections doit non seulement organiser et surveiller les élections mais aussi analyser le processus, le mécanisme et les résultats.

Enfin Si j'ai mis un point d'interrogation dans mon titre c'est pour mettre l'accent sur le fait que les élections sont le début du long et tortueux chemin de la démocratie et non sa consécration. Nos efforts les plus grands et toute notre énergie doivent être engagés pour garantir que ces élections soient libres, transparentes, quelles que soient nos peurs et nos doutes. En effet il ya matière à douter avec ce large champ de questionnement suscité par le travail de la commission de sauvegarde de la révolution. Ce n'est qu'en sachant avec certitude et d'une façon quantitative ou se situe notre majorité qu'on pourra progresser. Si les démons de la triche nous reprennent, dieu ait pitié de nous, de notre révolution et de notre futur. A tous les politiciens Tunisiens quelque que soit leurs sensibilités, je dis notre seule chance est dans une campagne digne et votre seule arme doit être l'éthique.

Certains vous diront que les élections sont à la démocratie ce que les roues sont à l'automobile : sans roues, point de mouvement alors que je dis que la démocratie n'est pas un long fleuve tranquille mais un grand océan et les élections sont ses quarantième rugissants.

Prof. Med-Dahmani Fathallah

Mots clés : élection, constituante, démocratie, procédure, mécanisme, peuple, délégation


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