Intitulé "Mémoires du corps", le nouvel ouvrage de Riadh Ben Rejeb vient de paraître aux éditions Césura en France. Six leçons magistrales permettent au psychanalyste tunisien de retracer des expériences cliniques et d'aller à la recherche de clés perdues et retrouvées. Avec le souci structurant de développer son propos en regard de la culture arabo-musulmane... Prolifique, précis et pleinement engagé, Riadh Ben Rejeb vient de faire une entrée remarquée dans le fonds éditorial de la maison Césura Editions, une structure spécialisée dans la publication de livres scientifiques ayant trait à la psychanalyse, la psychologie et les sciences humaines. Réputé dans le monde scientifique, cet éditeur compte des centaines d'ouvrages à son catalogue qui constitue une vitrine sur les horizons actuels de la psychanalyse. Premier Tunisien à paraitre chez cet éditeur, Ben Rejeb côtoie des sommités comme Athanassiou ou Appeau qui comptent parmi les auteurs en vue de cette maison. Le travail de fond d'un intellectuel universitaire Professeur à la Faculté des Sciences humaines et sociales de Tunis, Riadh Ben Rejeb est psychologue et psychanalyste et auteur de plusieurs ouvrages articulant la psychopathologie clinique de l'enfant et de l'adolescent aux réalités culturelles. Depuis une vingtaine d'années, cet intellectuel publie beaucoup en Tunisie et en France et certains de ses ouvrages sont des références importantes. Citons parmi les oeuvres de Riadh Ben Rejeb "Migration, psychopathologie et psycholinguistique", paru en 1995 et préfacé par Frédéric François et Serge Lebovici. Citons aussi le travail remarquable qui a consisté pour cet universitaire à tunisifier les échelles différentielles d'efficiences intellectuelles. Préfacé par Roger Perron, cet ouvrage fait autorité et adapte pour la Tunisie une méthode qui a fait ses preuves ailleurs. C'est avec une préface de Daniel Widlocher qu'est paru "Psychopathologie transculturelle de l'enfant et de l'adolescent", un ouvrage qui se penche sur les approches cliniques au Maghreb. Outre cette production personnelle, Ben Rejeb a publié les actes des nombreux colloques de l'Unité de recherche en psychopathologie clinique dont il est l'un des principaux animateurs. Depuis 2003, ces colloques s'intéressent à des questions relatives à l'éthique, l'image, l'imaginaire, la dette, le rituel ou la trace. Avec "Mémoires du corps", cet auteur aborde une problématique qui lui est chère, celle de l'oubli. Plaçant son livre à l'aune de Paul Ricoeur, Ben Rejeb se demande avec ce penseur français comment renouer avec l'oublié. Ricoeur écrivait : "L'expérience traumatique nourrit un inoubliable dont on ne peut se souvenir" et c'est justement à la recherche de cet "oublié inoubliable" que se consacre Ben Rejeb dans cet ouvrage préfacé par Didier Houzel. Ce dernier situe dans ce texte d'ouverture le projet du professeur Ben Rejeb. Soulignant combien les travaux de Ben Rejeb se situent à la confluence de l'expérience clinique et de la recherche théorique, Houzel salue la richesse des références qui fondent cet ouvrage tout en constatant les propos nuancés de Ben Rejeb qui parvient à négocier avec adresse les écueils qui font pencher la psychopathologie "tantôt du côté du tout organique, tantôt du côté du tout psychique". Paru en janvier 2016, "Mémoires du corps" est structuré en six parties de longueur inégale. Le livre s'ouvre sur une étude sur les traumatismes autour de la grossesse dans laquelle l'auteur se penche sur les événements périnataux dans la culture arabo-musulmane tout en demeurant dans sa réflexion de psychopathologue. "Le corps peut se souvenir" La seconde étude s'intitule "Corps et mémoire foetale" et se penche sur un cas de dyscalculie en proposant huit illustrations cliniques. Les quatre autres sections de l'ouvrage ont trait à l'utilisation de l'informatique dans la psychothérapie de l'enfant, aux aspects culturels de la pelade avec de passionnantes réflexions sur le fétichisme du cheveu. L'ouvrage se termine avec une étude sur l'asthme et le souffle puis des travaux sur l'enfant malade du couple. Fondée sur la célèbre formule freudienne selon laquelle "l'hystérique souffre de réminiscence", le projet de Riadh Ben Rejeb investit le champ de la mémoire et cherche à démontrer que "le corps peut se souvenir" tout en se plaçant dans notre contexte culturel. Un ouvrage pour les spécialistes certes, toutefois, la dimension culturelle du propos de l'auteur est des plus éclairantes et permet au profane de naviguer à travers ce livre qui recherche et trouve la mémoire du corps.