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Une juste application de la loi
Publié dans Le Temps le 09 - 11 - 2016

Au Lac 2, depuis hier matin, les images sont juste spectaculaires! Un incroyable spectacle d'amoncellement de pylônes en aluminium, de chapiteaux en tôle, de débris de verre, de pots de plantes en terre cuite, de carrelage et de marbre, s'offre aux yeux de tous. Il s'agit là du résultat de l'application des décisions de démolition de terrasses de salons de thé, illégalement construites sur le trottoir. Une autre série de démolitions, aux Berges du Lac 2 toujours mais aussi à la Cité Ennasr, devrait bientôt suivre.
Pas moins de 16 terrasses de salons de thé situés au Lac 2 squattant le trottoir ont ainsi été démolies dans la soirée du lundi au mardi. Une action conjointement menée par la Police municipale et le District de la Sûreté Nationale de Carthage. Débutant peu après 23h, une telle opération a nécessité la mobilisation de plus de quatre cent agents. Six pelleteuses ont été rutilisées à cet effet ainsi qu'une vingtaine de camions en plus des véhicules de police. L'une après l'autre, les terrasses ont été démolies ainsi que leurs équipements électriques, leurs mobiliers et leurs éléments de décor. Ce n'est qu'à l'aube que les engins ont fini leur travail et que les agents ont quitté les lieux, laissant derrière eux des débris de matériaux et des fragments de souvenirs pour ceux qui fréquentaient ces salons de thé huppés. Avertis entre temps, quelques propriétaires et gérants sont arrivés précipitamment, criant et gesticulant de toutes leurs forces. En furie, ils ont tenté de perturber et stopper le déroulement de l'opération de démolition mais c'était peine perdue devant la détermination des agents. L'une des propriétaires a ainsi essayé de s'interposer à l'engin, menaçant même de se faire du mal mais en vain. Emportés par la colère, certains ont même scandé « Vive Ben Ali ! »
Redorer le blason de l'Etat
Pour Mohamed Ouelhazi, Secrétaire Général du Syndicat des employés de la police municipale, il s'agit là d'une action qui vise à restaurer le prestige de l'Etat dans le cadre du respect et de l'application de la loi. Il ajoute : « Sans réelle volonté politique, l'exécution des décisions de justice est quasiment impossible. » Toujours à ce propos, il affirme : « Ces démolitions n'ont été décidées qu'à l'issue d'une longue procédure de tractation, de propositions de solutions à l'amiable, de séances de sensibilisation et d'avertissement. D'ailleurs, l'opération devait se dérouler vendredi soir et a été reportée afin de laisser plus de temps aux propriétaires de démonter les installations par eux-mêmes pour minimiser les pertes matérielles. Si certains d'entre eux se sont pliés à la loi, d'autres ont tenu tête et refusé d'obtempérer. Il faut savoir que la loi autorise l'exploitation des terrasses contre rémunération et qu'il est possible d'y disposer des chaises, des tables et des parasols mais toute construction ou installation, en n'importe quel matériau, y est interdite. »
Concernant la levée des gravats, les contrevenants se doivent de le faire dans un délai de quelques jours. Au delà de cette période, la municipalité s'en charge puis envoie la facture aux propriétaires des établissements.
Pour et contre
Suite à ces démolitions, la réaction des Tunisiens ne s'est pas fait attendre. Travaillant dans une société située au Lac 2, Zoubeïda a déclaré, euphorique : « Un sentiment de pays de droit ce matin. Quel grand soulagement de découvrir tous ces débris par terre qui symbolisent la juste application de la loi ! » Ce n'est pourtant pas l'avis de Mohamed, habitant dans un immeuble situé au dessus d'un des salons de thé ciblés par l'opération qui émet des réserves sur la façon de procéder des autorités. Il explique: « J'estime que c'est une agression contre les riverains. Il faut respecter les habitants qui se réveillent tôt pour aller travailler et qui veulent dormir la nuit. Il faut aussi respecter les enfants et ne pas les traumatiser par un tel spectacle. Il y a d'autres méthodes plus pacifiques pour appliquer la loi. » M. est employé de cuisine dans l'un des salons de thé dont la terrasse a été démolie. Il a accepté de témoigner sous couvert de l'anonymat. Il déclare : « Cet établissement emploie 45 salariés dont la plupart sont des pères de famille. Mon patron paie chaque année 14 mille dinars comme frais d'exploitation de la terrasse. Apprenant l'imminence de la démolition, il nous a affirmé avoir tenté, ainsi que d'autres propriétaires, de rencontrer le maire d'El Kram à maintes reprises mais sans succès. Ils voulaient vraiment trouver une solution à l'amiable. Mon patron estime sa perte matérielle à environ 3 MD. Même si c'est beaucoup d'argent, il s'en remettra sûrement car il est assez aisé mais est-ce que quelqu'un a pensé à nous, simples employés ? Bon nombre d'entre nous seront virés car l'espace de travail est désormais réduit. Ils se retrouveront au chômage, sans ressources. A quoi aura donc servi cette démolition ? »
A quand la suite ?
D'après Mohamed Ouelhazi, dix-sept autres décisions de justice devraient être prochainement exécutées au Lac 2, sauf accord à l'amiable être les deux parties. Nul doute toutefois que cette première série de démolitions fera réfléchir à deux fois les propriétaires réticents. Un véritable branle-bas de combat juridique et administratif semble désormais engagé et orchestré par une main de fer par un homme : Omar Mansour. Il y a quelques jours, il effectuait une visite d'inspection dans la zone résidentielle des Berges du Lac 2, accompagné du directeur du District de sûreté de Tunis. C'est au cours de cette visite qu'il aurait demandé d'accélérer l'application de la loi et la procédure de démolition des terrasses en infraction.
Nommé gouverneur de Tunis en septembre dernier, Omar Mansour aurait, selon plusieurs témoignages dont ceux de ses collaborateurs, instauré comme credo l'application rigoureuse de la loi, notamment en matière de préservation des trottoirs et des espaces publics illégalement occupés. L'homme semble affectionner tout particulièrement ce dossier et en a fait preuve à l'époque où il était gouverneur de l'Ariana lorsqu'il a complètement mis fin à la présence de vendeurs ambulants aux environs du marché municipal. Louables, ces actions sont généralement saluées par les citoyens et la société civile représentée notamment par le collectif « Winou Ettrotoir » qui a joué un rôle crucial dans ces décisions de démolition. Mais peut-on réellement s'en énorgueillir en sachant qu'hier encore, une citoyenne, plus précisément Zora Abid, rédactrice en chef d'un site d'informations, comparaissait devant le juge pour diffamation suite à la rédaction d'un article dans lequel elle a dénoncé l'octroi d'une autorisation d'activité à une cafétéria située au rez-de-chaussée d'un immeuble résidentiel à El Ghazela, ayant gravement nui à la qualité de vie des habitants du quartier tant par la gêne du bruit que par l'occupation illégale du trottoir. Lorsque certains d'entre eux se seraient plaints auprès du gérant, ils auraient essuyé des menaces de la part de son père, juge de métier. A la demande de l'avocat de la défense, l'affaire a été reportée au 24 janvier prochain.


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