L'association « Femmes, montrez vos muscles » organise du 02 au 04 décembre 2016 à l'espace Sadika, Gammarth, la première édition de l'événement « Fée mains », un marché de la création et de l'innovation artisanale, accompagné d'une exposition de design, avec la participation d'un bon nombre d'exposants. Présidente fondatrice de l'association, « Femmes, montrez vos muscles », Sadika Keskes, artiste de renommée internationale qui a fait du verre soufflé, sa passion, nous présente ici l'événement très sollicité du public venu nombreux de Tunis et sa banlieue nord. Le Temps : depuis 2012, date de sa création, l'association « Femmes, montrez vos muscles » a accompli comme il se doit, la mission dont elle est chargée, à savoir, venir en aide aux femmes artisanes dans certains Gouvernorats du pays. Sadika Keskes : l'association a ciblé environ 500 artisanes dans les Gouvernorats de Kasserine et Sidi Bouzid ; un méga projet de design qui consiste à former des groupes de femmes artisanes, en créant des liens avec les jeunes des Beaux arts. Ce qui est intéressant, c'est que ces femmes continuent à travailler et à produire. En 2014, nous avons réalisé l'exposition, « Paul Klee » et l'édition du livre, « Paul Klee et le tapis tunisien », deux grands événements à marquer d'une pierre blanche. L'association « Femmes, montrez vos muscles » se distingue aussi par son côté culturel et artistique, en organisant en 2015, l'exposition « Pollen » dans les jardins de la résidence de France à la Marsa. L'événement « Fée mains » participe, selon vous, à la promotion de l'image de marque de l'artisanat tunisien...compteriez-vous en faire plusieurs éditions ? L'idée en elle-même, rapproche designers et artisans par la mise en avant de l'innovation et en exposant les plus grandes compétences d'artisans, innovateurs et designers de la Tunisie. En effet, l'événement participe à la promotion de l'image de marque de notre artisanat et impulse le développement de la production artisanale à valeur ajoutée, artistique et culturelle. Le design permet d'utiliser le savoir- faire existant ; La Tunisie est un musée vivant du patrimoine immatériel et du savoir faire, un patrimoine qu'on ne peut raviver que par la création, l'innovation, la production et la continuité. Pour cette première édition de « Fée mains », on note la participation de 22 designers ainsi que la réservation de 45 stands pour les artisans créateurs, dans toutes disciplines confondues : céramique, cuir haute qualité, senteurs, luminaires, meubles, vêtements de mode, accessoires, etc... Nous comptons faire de cet événement, un rendez-vous annuel et peut être, tous les six mois pour répondre à un besoin de plus en plus croissant. Vous avez créé à l'occasion, le prix « Fée mains du design » et des workshops autour du thème : « fabrique toi-même ton cadeau » ; pourriez-vous nous en dire plus ? Nous avons deux écoles partenaires, à savoir, l'école supérieure des sciences et technologies du design et l'école de formation du design. Le jury est formé donc de professionnels et d'enseignants dans cette discipline. Quant aux critères du prix du design du meilleur produit exposé, ils reposent sur la créativité, les matériaux utilisés et la pertinence de la fonctionnalité et du fait mains. Les workshops consistent par ailleurs, en des séances de soufflage d'objets durant lesquelles, le public sera invité à vivre l'expérience, aidé en cela, par l'équipe des souffleurs du centre. Vous vous battez dans ce pays à ce que règnent paix, art et goût de l'esthétique, au moment où d'autres s'acharnent à tout détruire, y compris les œuvres d'art qui embellissent nos cités, à l'instar de la sculpture de Mouna Jemal Siala qui vient d'être saccagée par les autorités municipales de Menzel Bouzelfa...Qu'en pensez-vous ? Je dirai que c'est le résultat de l'ignorance qui fait que l'on occulte encore de nos jours, l'importance et la valeur de l'art. Selon l'Unesco, pour se fier à cette haute instance internationale, même le développement économique, il ne se fait pas sans le développement culturel et artistique ; c'est grâce à la culture qu'on instaure la cohésion sociale. Sa grande force consiste en sa double nature à la fois, économique et culturelle. Tout cela pour faire reconnaitre le potentiel de la culture comme vecteur de développement durable. Personnellement, je dénonce haut et fort, cet acte de barbarie quant à la destruction de l'œuvre de Mouna Jemal Siala, installée depuis une dizaine d'années dans cette région du Cap Bon, suite à un concours organisé par la municipalité de Menzel Bouzelfa, dans le cadre du programme de l'embellissement des villes. Je voudrai rappeler que la loi interdit de toucher à une œuvre d'art ; on peut tout simplement la déplacer... Rappelons aussi qu'il s'agit là d'un bien public et sa destruction devrait susciter chez les autorités de la région, une réaction appropriée à la spoliation des biens publics. Le ministère de la Culture qui en est choqué et horrifié, fera certainement son enquête à ce sujet.