Pendant que les officiels célébraient le 60ème anniversaire de l'Indépendance au palais de Carthage, les deux clans du mouvement de Nidaa Tounes se sont opposés dans la capitale. D'un côté, Mohsen Marzouk annonçait la naissance officielle de son nouveau parti, Mouvement projet de Tunisie (MPT), à la Coupole d'El Menzah, et de l'autre, la nouvelle direction du parti Nidaa Tounes fêtait le 20 Mars au Palais des Congrès. Nidaa Tounes et l'ultime tentative de sauvetage Réunis au Palais des Congrès, les dirigeants de Nidaa ont réussi à rassembler plus de deux mille personnes. L'ancien directeur du cabinet présidentiel, Ridha Belhadj, a inauguré la séance. Le directeur du comité politique du mouvement a implicitement taclé Mohsen Marzouk en estimant que ‘tous ceux qui ont quitté Nidaa ne sauront trouver leur place sur la scène et que ceux qui pensent avoir la possibilité de fonder un parti dans de deux ans se leurrent complètement.' Belhadj a profité de son intervention pour assurer que des discussions sont menées avec les mécontents du congrès de Sousse pour étudier la possibilité de les voir réintégrer le mouvement. On notera que plusieurs autres leaders du mouvement ont été présents au meeting – Salma Elloumi, Néji Jelloul, ou encore Nabil Karoui. De son côté, Hafedh Caïd Essebsi a quitté, prématurément et précipitamment, la rencontre protestant ainsi contre la monopolisation de la parole par Ridha Belhaj et le fait d'avoir relégué. Son intervention au dernier moment. Il est clair que Nidaa Tounes tente de ne pas laisser le passage vide au nouveau parti de Mohsen Marzouk. Bien que les dirigeants ne cessent d'affirmer que la rencontre du Palais des Congrès est venue rappeler aux militants l'attachement du mouvement aux valeurs de la République, on peut constater l'existence de cette tactique employée apar Nidaa Tounes afin de rappeler qu'il existe toujours la possibilité de réconciliation malgré l'avancée du nouveau projet politique. De son côté, Faouzi Elloumi a publié un post sur sa page officielle Facebook où il a assuré que Nidaa n'est pas en compétition avec le MPT tout en exprimant l'espoir de voir Mohsen Marzouk revenir au mouvement. Toutefois, et si Nidaa Tounes compte réellement tenter le tout pour le tout afin que tous ses dirigeants se réunissent de nouveau, il faudrait qu'il sacrifie trois noms qui ont été les principaux acteurs de la division. Le MPT : une quête d'identité Mohsen Marzouk a réussi, quant à lui, sa démonstration de force en rassemblant des milliers de personnes remplissant la Coupole d'El Menzah. A ses côtés une grande majorité des députés du bloc Al Horra, l'ancien secrétaire général du mouvement de Nidaa Tounes a tenu à mettre l'accent sur le refus catégorique de son nouveau parti de contracter la moindre alliance avec le parti d'Ennahdha. Prônant une démocratie participative, le MPT tiendra son congrès constitutif au cours de l'été de 2016. Le mois prochain, le parti mettra en place une feuille de route qui sera présentée au grand public les 9 et 10 avril. Marzouk a fait savoir que le MPT est ouvert à tous les autres partis à condition qu'il y ait une plate-forme commune. L'initiateur du MPT a lancé un appel aux personnalités et aux partis politiques ayant soutenu Béji Caïd Essebsi à former un Front républicain et démocrate. Répondant à ceux qui l'appellent à revenir à Nidaa, Marzouk a renvoyé les invitations en expliquant que l'essentiel ne réside pas en les personnes mais dans le projet et sa politique. Dans une déclaration accordée à radio Shems FM, le coordinateur général du MPT a assuré que son parti a d'ores et déjà établi des contacts avec le parti Afek Tounes sans fournir davantage de détails. L'une des questions qui demeurent, toutefois, sans réponse claire et officielle, est la relation existante entre le MPT et le bloc d'Al Horra. En effet, si une majorité des députés de ce bloc s'affichent avec Marzouk, d'autres, à l'instar de Sabrine Goubantini, continuent à travailler au sein du bloc tout en rejetant l'idée d'adhérer au nouveau parti. Mohsen Marzouk devrait, dans les prochains jours, lancer des discussions avec les députés pour les convaincre de rejoindre son projet. D'autre part, et outre le discours ‘hostile' tenu à l'égard d'Ennahdha et les démonstrations de force, il reste un long chemin devant le MPT pour s'affirmer en tant que parti totalement indépendant de Nidaa Tounes et pour trouver une identité qui ne renvoie pas automatiquement l'électeur à l'image du Nidaa et de son fondateur, Béji Caïd Essebsi. En apparence, il semble que les chemins des deux clans de Nidaa Tounes se sont complètement séparés, mais si l'on s'y penche de plus près et avec les mutuelles invitations d'adhésion que se lancent les deux rivaux, on peut penser sérieusement à une éventuelle fusion entre les deux camps. Une fusion qui ne se fera qu'après de longues discussions et d'inévitables compromis politiques...