Le Centre culturel international de Hammamet accueille aujourd'hui les Assises de la Culture, un cycle de séminaires, ateliers et performances. Par ailleurs, l'artiste italienne Chiara Montenero expose ses oeuvres et exercices de style depuis hier jusqu'au 10 janvier 2017... Au fil des mois, Moez Mrabet, le directeur du Centre culturel international de Hammamet (CCIH) affine son projet, développe une vision et une stratégie déjà perceptibles dans la manière dont il avait mené à bon port la dernière édition du Festival international de Hammamet. Saison lyrique, expositions artistiques et assises culturelles Depuis la direction de Lassad Ben Abdallah, un homme de théâtre comme Moez Mrabet, le centre avait connu une période de relative vacuité, d'abord sous la direction de Fathi Haddaoui et surtout sous la direction de Kamel Ferjani qui est lamentablement passé à côté du sujet, transformant le centre en une belle au bois dormant dont il était le prince invisible et démobilisé. Cette malheureuse parenthèse qui restera comme l'une des pages les plus tristes de l'histoire du CCIH a été bouclée par la nomination de Moez Mrabet, un homme énergique, aux idées claires et à l'engagement artistique sans failles. Mettant en cohérence ses idées avec la tradition et la vocation du centre, Mrabet a contribué à créer une dynamique dans cette institution endormie qui s'est souvent contentée de gérer le festival d'été puis se transformer en sinécure hivernale. Sans bouleverser les traditions, Mrabet marque de son empreinte l'action actuelle du CCIH. Bien entendu, les fondamentaux demeurent à l'image de "Dar Sebastian fait son opéra" qui retrouve des couleurs et annonce une saison lyrique ou encore à l'instar des cycles d'exposition qui ménagent des ouvertures internationales de qualité. Toutefois, c'est en lançant les Assises de la Culture que Moez Mrabet innove avec la manière. Après un premier round, ces Assises reprennent aujourd'hui, dimanche 11 décembre à 10h, pour continuer un travail structurant au niveau de la recherche-action. Sous l'emblème des Jardins des Arts, cette initiative est également inclusive puisqu'elle associe l'Académie de la Méditerranée pour la Culture et les Arts avec le réseau associatif de Hammamet. De plus, cette initiative ne propose pas une démarche sèche qui consisterait à aligner les conférences et compiler actes de colloques et voeux pieux. Plutôt que cela, le CCIH intègre performances, ateliers et séminaires dans la même foulée. De la sorte, l'initiative débouche sur une méthode vivante qui permet en quelque sorte de joindre la parole à l'acte et de réfléchir de concert sur le déploiement d'une culture se faisant en même temps qu'elle se repense. Selon toute évidence, ces assises devraient se poursuivre suivant un cycle de rencontres qui s'emboitent les unes aux autres et permettront d'accumuler un savoir théorique et pratique sur fond de jardin ouvert au souffle des arts. Et lorsqu'on sait la nature bucolique des jardins de la Villa Sebastian, on ne peut que se réjouir en songeant aux déambulations des philosophes péripatéticiens ou aux lycées de la Grèce antique. Tisser le lien entre arts visuels et littérature Dans ce même élan, le CCIH consolide sa politique d'expositions avec des artistes de renommée et des expositions de groupe. Ainsi, depuis hier, l'artiste italienne Chiara Montenero expose ses oeuvres sous l'intitulé "Exercices de style 2". Evidemment, c'est à Raymond Queneau que Montenero se réfère, le Queneau du fameux "Exercices de style" qui remettait 99 fois l'ouvrage sur le métier pour souligner que le réel est mouvant, subreptice, imperceptible. Car raconter 99 fois la même histoire selon des perspectives différentes est bien plus qu'une lubie d'Oulipo ou un jeu de cadavres exquis! C'est de l'essence même de l'art qu'il s'agit, de la fragilité de tout témoignage, tout geste artistique tendu comme une abstraction au-dessus du vide. Le concept de Chiara Montenero est porteur. En fait, cette artiste tente de tisser le lien entre les arts visuels et la littérature. Sa propre praxis est celle d'une poète et essayiste, intriguée par les ambivalences et les télescopages entre mots et lumière, entre encre et couleur. Le public pourra découvrir à loisir cette exposition qui se poursuivra jusqu'au 10 janvier 2017. De plus, comme il le fallait, Moez Mrabet ne chômera pas les dimanches, donnant à tous les publics de la culture l'occasion de retrouver le havre de paix de Dar Sebastian, conjuguant rencontres au jardin des arts et débats pour relancer le travail de fond en matière d'action culturelle.