100 jours bouclés par le gouvernement Youssef Chahed 100 jours de tourmente sociale, de menaces de grèves des enseignants, des avocats, des médecins et pharmaciens, puis cette grève générale annoncée dans la fonction publique, arrêtée par le gong... et pourtant, la carcasse de l'Etat a résisté et Chahed a pu avancer sa machine gouvernementale à travers toutes ces escarmouches non sans rappeler la « guerre des tranchées » de 14-18, un jour sur le front de l'offensive et un jour battant retraite ! Le bilan mitigé par les uns, honnête pour les autres et même audacieux, et réussi pour les plus optimistes, suffit-il à donner l'image du jeune Premier ministre comme celle d'un battant-bâtisseur capable de dépassement et de résistance dans l'épreuve. .. Je le pense sincèrement d'autant plus que BCE le « boss », à Carthage, l'a un peu libéré des grandes manœuvres qu'il mène discrètement avec son tact et sa finesse légendaires d'ancien chef de la diplomatie de Bourguiba, avec des partenaires (pour ne pas dire des adversaires) redoutables, comme M. Abassi, secrétaire général de l'UGTT et M. Rached Ghannouchi, patron de la centrale islamiste d'Ennahdha. Chahed a, quand même, réussi avec l'aide et le soutien logistique et diplomatique de BCE, à tenir ce congrès de tous les espoirs des investisseurs qui a tenu toutes ses promesses et même au-delà. 34.000 millions de dinars de projets ciblés avec 15.000 déjà signés avec des instances très crédibles comme le « Fades » koweïtien du Dr. Echeikh Abdellatif El Hamed, ou l'Emir du Qatar qui s'est déplacé en personne à Tunis, et bien sûr, tous nos amis européens traditionnels, la France, en tête, suivi de l'Italie, l'Allemagne et l'Union Européenne de Bruxelles. Une grande kermesse, ce forum du monde de la finance et des affaires, qui donne de l'espoir aux Tunisiens ravis après six ans de doute, de voir que la Tunisie est en train de retrouver sa place de leader en Afrique du Nord, pour l'attrait de l'investissement. Evidemment, il faut maintenant assurer et faire le suivi, dossier par dossier et cas par cas, en dégraissant la rétention bureaucratique et les blocages de toutes sortes, d'avant et après la révolution. Deuxième percée de Youssef Chahed, la loi de Finances accouchée à la césarienne, au milieu d'un tumulte parlementaire et médiatique digne d'une jeune démocratie en manque de défoulements populistes, mais qui a été finalement bouclée dans la bonne humeur. Il reste à éviter maintenant les dérapages et rationaliser l'exécution de toute cette « douleur » qu'on annonce de partout et ne pas tomber dans les travers de la « vindicte » économique, comme c'est le cas à l'IVD, ou d'abuser des pouvoirs qui bloquent l'initiative et la promotion. La sagesse serait de ne pas emballer la machine au goût du populisme, mais de faire en sorte que la pression fiscale ne soit pas une punition pour les méritants, mais une technique de rééquilibrage des finances publiques et de solidarité nationale et de culture citoyenne. Chahed, enfin, bénéficie de la pluie et d'une manne du ciel méritée, car la chance et le bon Dieu sont toujours du côté de ceux qui sèment la bonne graine, et presque jamais de ceux qui détruisent à tous vents. Nous sommes presque à mi-mandat présidentiel, je souhaite vivement pour ma part, une consolidation de l'entente entre le chef de l'Etat et le chef du gouvernement contrairement à ces prédateurs qui ne s'intéressent qu'à leur « bizness » et leur volonté de soumettre ce pays à leurs fantasmes rétrogrades en poussant aux conflits sociaux ou religieux. La Tunisie a besoin plus que jamais, de sérénité et d'entente « cordiale » entre tous les acteurs sociaux et politiques. Six ans de perdus pour l'économie, c'est six ans de fragilité humaine et de désespoir pour beaucoup de gens des classes moyennes et des jeunes chômeurs, qu'attendent, alors, Messieurs les « milliardaires » engagés pour la politique et pour le pouvoir... Foutez-nous la paix ! Le pays n'est pas encore au bout de ses peines et la bataille de la relance et de la croissance, mère de toutes les batailles, n'est pas encore gagnée ! K.G